"Baxter était sur le point de hurler. – Pas un crime au cours de la semaine ? – Pas un, Patron. – Pauvre humanité ; pas un accident spectaculaire ? – Voilà les statistiques de la circulation : le week-end le moins mortel depuis trois ans… – Damnés automobilistes ! La politique, naturellement, ça ne vous intéresse pas ! – Ce n’est pas mon rayon. En plus, la grève des dockers vient de toucher à sa fin… – Satanés dockers… Et naturellement parce que l’humanité s’encroûte, vous avez imaginé que les presses du Guardian allaient cesser de tourner…"
Je parvins à les dérider un peu en dessinant un jeu de cartes primitif sur toutes les cartes de visites qu'ils avaient dans leurs portefeuilles. Pendant une heure, nous parvînmes à écarter la terrible vision. Mais ces distractions n'étaient jamais de courte durée. Le soir apportait sa terreur atavique : l'homme du vingtième siècle a peur quand vient la nuit, tout comme tremblait celui qui vivait dans des cavernes.
Je jetai un coup d'oeil à la presse concurrente. Bien sûr on parlait des soucoupes volantes et de la bombe H. On parlait de la guerre d'Extrème-Orient et du véto des Soviets. Mais le Guardian s'était fait une spécialité des nouvelles locales.
Je vous fait seulement remarquer que la science évolue et que ce qui aurait fait hurler de frayeur votre grand-père fait rigoler aujourd'hui un gamin de trois ans...