Le local est le lieu des solutions, du pragmatisme, du réel et des réalisations. C’est l’espace de la créativité, des solutions partielles, relatives, petites, peut-être imparfaites mais possibles. À l’opposé des grandes propositions au niveau global, irréalisables. Les petits pas concrets plutôt que les grands gestes évanescents. C’est dans le local que s’élabore la politique du réel, en présentiel, qui n’a rien à voir avec la politique à distance, la politique virtuelle dont on restera l’éternel spectateur frustré dans son idéal démocratique.
À notre époque d’individualisme triomphant, apparaît ainsi une nouvelle forme de pauvreté: la misère n’est plus de manquer de biens mais de liens. Faudra-t-il demain créer en France un ministère de la Solitude comme le Japon l’a fait en 2021 afin de limiter le nombre de suicides en forte hausse après la crise du Covid-19 ?
Nous avons tous besoin d’être reliés mais, hélas, trop de nos concitoyens vivent une grande solitude qu’ils n’ont pas choisie.
Edouard Herriot, au congrès de l’AMF en 1945 : « Dans un pays comme la France, il y a beaucoup de divisions géographiques ou administratives qui peuvent être discutées : la province, la région… Mais il y a deux réalités vivantes auxquelles personne ne peut toucher sans mutiler ou peut-être même sans tuer ce pays : en haut, l’Etat, en bas, la commune. »
Le local est bien notre point de jonction avec le réel. Il possède une simplicité qui n’est ni banale, ni ordinaire. Quand tout s’individualise, se fractionne, le local est la seule chose que nous avons encore en partage
Dans le climat de défiance généralisée envers toutes les institutions, le local apparaît plus que jamais à la base de l’action publique et peut constituer le lieu de refondation de la politique. Il en est le socle.
Abbé Sieyès : « Le pouvoir vient d’en haut mais la confiance vient d’en bas. » ( p. 22)