L'amour a le pouvoir de transfigurer le cours d'une vie, car il permet d'envisager autrement notre manière de nous concevoir dans le temps. Ce qui était bancal se redresse, ce qui était obscur s'éclaircit. En ce qui me concerne, le brouillard qui encombrait mon itinéraire s'était levé, l'horizon s'était dégagé. Désormais, je savais que sur la route qui nous menait vers la mort je n'étais plus seul. Et c'était là l'essentiel. Mais les vieilles hantises étaient nombreuses, et leurs racines gisaient à des profondeurs invisibles. Elles vivaient dans mon être comme un carcinome aux multiples métastases.
Peu à peu, dans le magma où j'ai posé mes sondes, je décèle "un espace-lumière"[…]. C'est un espace qui n'est parfois qu'une simple lueur et que j'aperçois dans les profondeurs du dedans. Mais, s'il lui arrive d'être recouvert par l'obscurité, jamais celle-ci ne l'absorbe, jamais ce qui est clarté ne se mélange avec la noirceur. Cet espace garde toujours son intégrité et semble incorruptible dans sa manifestation. C'est un refuge où demeurent silence et bien-être ; je compare aussi cet espace à une flamme qui réchauffe.