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Nationalité : Canada
Biographie :

Jean-François Hamel est chercheur en biologie marine.

Avec sa femme Annie Mercier, ils sont passionnés de la vie marine et ont signé une cinquantaine d'articles scientifiques, notamment sur la faune benthique du Saint-Laurent, la reproduction et le comportement d'espèces aquatiques tropicales et boréales, ainsi que sur les effets reliés à une contamination de leur milieu.

Ils poursuivent actuellement leurs travaux à l'Ocean Sciences Centre de l'université Memorial à Terre-Neuve.

Alliant leur passion pour la photographie, pour la plongée sous-marine et pour le voyage à leurs activités scientifiques, Annie et Jean-François mènent parallèlement une carrière de reporters-photographes.

Annie et Jean-François ont fondé la Société d'exploration et de valorisation de l'environnement (SEVE) en janvier 1995. L'entreprise a pour objectifs de faire connaître et de promouvoir les différents habitats naturels du globe par l'entremise de la recherche scientifique et du reportage photographique.
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Source : editions-homme.com
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Blanqui et les révolutions de l’histoire
Dans les fragments de « Zentralpark », Benjamin formule un programme de recherche que sa mort en 1940, alors qu’il cherchait à échapper à l’avancée allemande, l’empêchera de mener à terme : « Il faut montrer comment l’idée d’éternel retour pénètre à peu près en même temps dans le monde de Blanqui, Baudelaire et Nietzsche. » Les fragments de ce projet qui nous sont parvenus montrent que la répétition moderne possède selon lui une double signification. Elle esquisse le visage pétrifié du progrès tout en témoignant du rêve de Josué, celui d’interrompre le cours du monde. C’est d’ailleurs avec cette ambivalence que Benjamin, alors réfugié à Paris, abordera le curieux poème en prose de Louis Auguste Blanqui, L’Éternité par les astres. En 1872, âgé de 67 ans, emprisonné dans des conditions terribles dans un cachot du fort du Taureau, Blanqui délaisse un temps les cartes de l’Europe, sur lesquelles il suivait depuis un demi-siècle les mouvements ouvriers, pour un va-et-vient entre la contemplation de la voûte céleste et l’étude des manuels de physique et d’astronomie. Il rédige alors une « hypothèse astronomique », selon le sous-titre de l’ouvrage, qui, par la vulgarisation des théories de Laplace et sous l’influence de la classification périodique des éléments chimiques par Mendeleïev, entreprenait de démontrer l’interminable répétition de l’univers. L’argumentation était simple. La matière se réduisant à un nombre fini de corps simples, les combinaisons possibles de ces éléments ne peuvent être que finies ; l’infinité temporelle et spatiale de l’univers oblige donc à postuler la répétition de ces combinaisons-types, répétition elle-même infinie. « L’univers se répète sans fin et piaffe sur place. L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les mêmes représentations. » Voici l’un des extraits recopiés par Benjamin dans l’amas de notes du Livre des passages.

L’univers tout entier est composé de systèmes stellaires. Pour les créer la nature n’a que cent corps simples à sa disposition. Malgré le parti prodigieux qu’elle sait tirer de ces ressources et le chiffre incalculable de combinaisons qu’elles permettent à sa volonté, le résultat est nécessairement un nombre fini, comme celui des éléments eux-mêmes, et pour remplir l’étendue, la nature doit répéter à l’infini chacune de ses combinaisons originales ou types. Tout astre, quel qu’il soit, existe donc en nombre infini dans le temps et dans l’espace, non pas seulement sous l’un de ses aspects, mais tel qu’il se trouve à chacune des secondes de sa durée, depuis la naissance jusqu’à la mort. Tous les êtres répartis à sa surface, grands ou petits, vivants ou inanimés, partagent le privilège de cette pérennité. La terre est l’un de ces astres. Tout être humain est donc éternel dans chacune des secondes de son existence. Ce que j’écris en ce moment dans un cachot du fort du Taureau, je l’ai écrit et je l’écrirai pendant l’éternité, sur une table, avec une plume, sous des habits, dans des circonstances toutes semblables. Ainsi de chacun.

Dans une lettre à Max Horkheimer, où il fait part de l’avancement de son projet d’archéologie du XIXe siècle, Benjamin attribue au texte de Blanqui « la plus terrible des accusations portées contre une société qui jette au ciel comme projection d’elle-même cette image du cosmos ». Ce commentaire porte les traces d’un marxisme somme toute orthodoxe. En effet, Benjamin tente d’abord d’expliquer la doctrine blanquiste de l’éternel retour par la détermination de l’infrastructure économique sur les discours idéologiques conformément aux thèses canoniques du matérialisme historique. « La pensée de l’éternel retour apparut lorsque la bourgeoisie n’osa plus regarder en face l’évolution du système de production qu’elle avait mis en place. » Cette première interprétation établit donc une corrélation entre les cycles astronomiques illustrés par Blanqui, comme figures condensatrices d’un discours idéologique, et l’infrastructure du capitalisme bourgeois qui engendre une crise de la tradition.

La pensée de l’éternel retour fait de l’événement historique lui-même un article de masse. Mais cette conception porte aussi à un autre point de vue – on pourrait dire à son revers – la trace des conditions économiques auxquelles elle doit sa soudaine actualité. Celle-ci se manifeste au moment où la sécurité des conditions de vie fut très réduite par la succession accélérée des crises. La pensée de l’éternel retour tint son éclat du fait qu’il ne fallait plus compter en toutes circonstances sur le retour à de petits intervalles de situations identiques, retour qui mettait l’éternité à la disposition des hommes. De façon très progressive le retour des constellations quotidiennes se fit un peu plus rare, et c’est ainsi que put naître l’obscur pressentiment qu’il faudrait désormais se contenter des constellations cosmiques.

La multiplication rapide des crises qui frappent le corps social, à la manière d’un traumatisme psychique, produirait donc le fantasme d’une éternité retrouvée. La succession de situations qui ne se trouvent plus organiquement reliées entre elles par la puissance unificatrice de la tradition provoquerait le désir nostalgique d’un devenir articulé sur le mouvement des astres. Le fondement ontologique des identités individuelles et collectives qu’assurait autrefois une tradition s’inscrirait idéologiquement dans les discours de la deuxième moitié du XIXe siècle sous une forme mythique par l’image des constellations de la voûte céleste.
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A Paris, en mai 68, Blanchot reconnaît à son tour "l'âme du monde".
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