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Citation de fann


Mais quelquefois, les soirs d'été, quand le travail ne pressait pas (l'industrie de la chaussure est saisonnière et les mois d'août et de septembre sont des mois vides), je faisais à ma mère et ma tante Madeleine des lectures des derniers beaux livres que j'avais rencontrés. On faisait place nette sur la table de la cuisine, on frottait avec soin la toile cirée et j'ouvrais mon livre comme une bible. Une fois, je me souviens, je lus des fragments d'un petit livre de Charles-Louis Philippe qui venait de paraître : La Mère et l'Enfant. C'étaient les passages sur le pain. Il me fallut les relire plusieurs soirs. "On était, me dit ma tante Madeleine, comme à la messe." Elles pleuraient toutes deux, et moi, les mots me restaient dans la gorge. Elles ne comprenaient pas qu'avec ce qu'elles vivaient tous les jours on pût faire quelque chose de si beau. Elles voyaient leur vie comme elles ne l'avaient jamais vue. Leur surprise me réconfortait, me rassurait. Peut-être les livres et les hommes de livres n'étaient-ils pas, après tout, si inutiles.
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