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Critiques de Jean Hautepierre (6)
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Poèmes d'Edgar Allan Poe

Il m’a fallu quelques temps pour pouvoir écrire cette critique ,cela m’a permis de ressasser cet auteur tant réagir à chaud ne donne q’un ébranlement des sens.Il faut doucement remonter des profondeurs de l’âme du poète ,se désintoxiquer et ne plus voir ce monde et cette humaine nature comme le voyait Poe.Sa vie heurtée,son alcoolisme précoce,la mort de sa femme à l’âge de 24 ans contribua puissamment à ce romantisme désespérément morbide.Fuyant toute forme d’attachements et ,si attachements il y eut, c’est vers le passé qu’ils se cristallisaient ,mais ce passé n’était qu’une avant-scène au malheur vécu.Il y a des reflets gothiques dans ses poèmes dont l’hermétisme contribue à leurs noirceurs .Lenore et autres poèmes laissent un goût d’abîme et d’oubli vers un futur trépas d’autant plus désiré poétiquement qu’il mettra fin aux tourments terrestres et le rapprochera de sa femme trop tôt disparue ,évènement qui le fit sombrer dans un désespoir de plus en plus alcoolique .L’on rejoint ainsi ce désir de religion et de deuxième vie....Un de ses plus beaux poèmes est un hymne à sa mère.Non pas sa mère terrestre,mais sa mère divine,la Sainte Vierge ;Il coupe ainsi délibérément le plus fort lien terrestre qu’un homme puisse avoir.

Pourtant sa mort ne fut pas comme le disait Baudelaire un suicide préparé de longue date, elle fut brutale et sujette à de multiples hypothèses qui contribua au mythe du poète maudit.

C’est la deuxième fois que je lis une traduction de Jean Hautepierre,la première fut celle de Smith,celle ci est tout aussi remarquable,c’est un effacement total du traducteur au profit de l’œuvre même.Et pourtant,c’est aussi une forme d’imposture car c’est une réécriture et une reinterpretation au plus près du sens,de la musique,du rythme et de la forme des poèmes.

Poe reste un poète difficile ,il faut souvent s’interroger,le méditer,ne prélever que son ivraie et se séparer de son profond nihilisme.Peut-etre voulait-il que ses lecteurs partagent une partie des fers de sa damnation terrestre tout en dissimulant les clefs pour s’en evader....
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Le nom de Poe est associé aux contes fantastiques volontiers macabres, qui ont influencé nombre d'auteurs connus, comme Baudelaire son premier traducteur français, Lovecraft, et beaucoup de romanciers de moindre notoriété, qui s'inspirèrent du goût de la poésie du morbide de l'auteur du Corbeau.



Ce que l'on sait moins, c'est que Poe ne se destinait pas à l'écriture de contes "gothiques".

La première passion de ce pionnier de la littérature "mystérieuse", fut la poésie classique d'inspiration antique, goût qui se reflète dans ses oeuvres les plus connues.



Avant d'être un des auteurs les plus importants de la littérature américaine Edgar Allan Poe, fut un homme qui connut de nombreux drames, à commencer par la perte de ses parents.



A noter que M. Allan recueilli Poe, mais ne l'adopta pas, le nom d'Allan est donc d'une certaine manière indument associé à celui de Poe...



Poe développa dans ses écrits les thèmes de la mort, du malheur. Réalités qui le poursuivirent dans son existence, et lui valurent pour la postérité l'image du poète maudit.



Homme de lettres au sens le plus strict du terme, il construisit une oeuvre variée, mais toujours empreinte d'un exigence littéraire.



Le livre de Jean Hautepierre, complété par une belle iconographie, révèle des aspects méconnus de la vie et de l'oeuvre d'Edgar Poe, homme qui considérait que : "La littérature est la plus noble des professions."
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La vie d’Edgar Poe est toute entière marquée par le sceau du malheur. Né à Boston en 1809 de parents comédiens, très tôt orphelin, le futur écrivain est recueilli par le riche négociant John Allan, avec qui il ne s’entendra jamais. Ayant passé une partie de son enfance en Angleterre, Poe se montre excellent élève, mais doit interrompre ses études à Westpoint pour des motifs financiers. Engagé plusieurs années durant dans l’armée, l’homme connaît ses premiers succès littéraires, écrit énormément pour la presse, tout en demeurant pauvre. En 1847, le décès de Virginia, son épouse bien aimée, le plonge dans la dépression. Alcoolique, de plus en plus instable, il meurt à Baltimore deux ans plus tard, probablement suite à une crise de delirium tremens.

Introduit en France par Baudelaire et Mallarmé, Poe fait l’objet de nombreuses biographies, parfois brillantes. Pourtant, comme on peut le lire en quatrième de couverture : Edgar Allan Poe est un personnage à la fois connu et méconnu. Loin des mythes, des interprétations parfois fantaisistes, Jean Hautepierre s’en tient à la vérité, aux faits, et démonte certaines légendes et idées reçues, entretenues a posteriori. Publié par les éditions Pardès dans l’excellente collection « Qui suis-je ? », ce petit livre décrit de façon sobre et objective le bref parcours du Maître. Il ne s’agit pas, pour autant d’un simple récit de vie. L’auteur, qui a lui-même traduit des poèmes de Poe, a peut être d’abord voulu étudier la portée d’une œuvre immense et variée, saluée par les plus grands, ainsi qu’en témoignent les hommages reproduits à la fin du volume : "(…) l’œuvre d’Edgar Poe a donné une impulsion essentielle en de nombreux domaines de la vie de l’esprit, apportant une orientation nouvelle au récit et à la science-fiction, exerçant une influence considérable sur la poésie française, créant le roman policier, élaborant une théorie de la création et de la critique littéraires". Développant un point de vue original et néanmoins rigoureux sur les divers ouvrages de Poe, loin de certaines lectures psychocritiques, Jean Hautepierre montre également en quoi les "Histoires extraordinaires" ou "Le Corbeau" demeurent actuels, continuent d’inspirer différents créateurs, dans différentes disciplines, tel les musiciens du groupe « The Cure », le compositeur Philipp Glass ou encore Alex Proyas, réalisateur du film "The Crow"… Bref, "Edgar Poe est semblable aux anciens Grecs : plus on le connaît, plus on mesure l’ampleur de son génie". Également dramaturge et poète, Jean Hautepierre signe là une étude à la fois concise, efficace et pénétrante.



(Article d'Etienne Ruhaud paru dans la revue "Diérèse" en 2012)
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° Qui suis-je ? Edgar Poe, Jean Hautepierre, Pardès 2012. Une excellente synthèse signée par l’un des meilleurs connaisseurs actuels de Poe (Jean Hautepierre a notamment retraduit ses poèmes Publibook, 2008 et signé plusieurs études sur Poe et l’ésotérisme). Outre une biographie détaillée, l’ouvrage attaque l’analyse de l’œuvre par grands thèmes (la mort, la catastrophe, le double, l’Orient, l’ésotérisme, la métaphysique…), mais cherche surtout à donner un sens global au travail de l’écrivain. Sera décortiquée la conception nouvelle de la poésie introduite par l’auteur du Corbeau, accordant une prééminence à la forme par rapport au fond, mais aussi recherchant la Beauté au-delà du monde terrestre. On appréciera aussi l’analyse de la révolution qu’apporte le poète dans le dans le traitement du fantastique, procédant pour lui d’une tension potentiellement explosive entre l’imagination et la raison. On est proche de la démarche de Charles Fort ou de celle du réalisme fantastique. On flirte également avec le cheminement suivi par les grands génies des mathématiques (Cantor, Riemann, Lobatchevsky) et les pères de de la relativité et du quantisme. On ne peut s’empêcher de penser encore à Lovecraft dont le poète de Baltimore fut une source d’inspiration importante.

Comme Lovecraft qui avait développé au cours de son œuvre une véritable « métaphysique du Néant », Poe s’attaquera au « Cosmicisme » dans Eureka (1848) au sujet duquel il écrira : je dois mourir. Je n’ai plus le désir de vivre depuis que j’ai fait Eurêka. Mais la métaphysique de Poe est fondamentalement différente celle du Prince Noir de Providence en ce sens qu’elle reste déiste et s’inscrit dans le courant des théologies quantiques qui feront irruption un siècle plus tard. Jean Hautepierre écrit : l’Univers est (chez Poe) comme né de la diffusion à travers l’espace d’une particule primordiale créée par Dieu. La gravitation, qui constitue la réaction à dette force de diffusion, triomphera finalement de des globes gigantesques de matière agglomérée se précipiteront les uns sur les autres jusqu’à la reconstitution de la Matière Primordiale…. Chacun de ces mouvements d’expansion et de rétraction correspond aux battements du Cœur Divin qui est le nôtre. L’homme est une parcelle de l’Intelligence Cosmique.

Petit clin d’œil aux « liber-maléficonautes », le biographe n’oubliera pas de rappeler que Poe était également un amateur de livvres imaginaires, tel le Mad Trist évoqué dans La Chute de la Maison Usher.

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Voilà un essai passionnant qui revient sur l’écrivain et ses écrits. L’auteur cherche ici à expliquer la genèse de ses écrits en la mettant en parallèle avec son existence, pétrie de malheurs. Poe était son œuvre et celle-ci se veut le miroir de sa vie. Peu de lecteurs savent à quel point il a dû lutter tous les jours contre diverses addictions et veiller à ne pas sombrer. Mort prématurément, il a été tardivement révélé comme un génie de la littérature. Ce livre nous livre Poe sans fards, avec un réel souci de compréhension et un éclairage biographique autant que sémantique. L'écriture reste néanmoins un peu scolaire, façon thèse d'université. Il y manque le côté didactique et récréatif pour rendre ces pages vraiment lumineuses.
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Le meurtre de la Tour de Cristal

Traducteur d’A. Smith, essayiste et biographe de Poe, dramaturge et animateur d’un festival de théâtre en vers, Jean Hautepierre nous offre ici un bien singulier roman, à la croisée du polar et de la science-fiction. Dans la continuité de sa pièce "Le Siège", l’auteur décrit Trézène, unique vestige d’une sorte d’Empire byzantin finissant mythique, à mi-chemin entre la cité futuriste et quelque ville de l’époque mérovingienne. Dans une oppressante ambiance de fin du monde, un meurtre est commis. Étrange inspecteur aux allures monastiques, assez semblable au père Guillaume de Baskerville du "Nom de la Rose", Théobald de Thunn obtient l’autorisation d’enquêter, non sans difficulté. Le dénouement sera pour le moins surprenant.



Par-delà une intrigue assez réduite, somme toute, Jean Hautepierre semble avoir voulu avant tout évoquer un bien singulier décor : l’énigmatique Trézène représente un lieu symbolique, échappé d’un songe cruel, d’une sorte de passé imaginaire, plutôt sombre, à l’image d’autres contrées littéraires, tel l’Ecbatane décrite par Pierre Guyotat. Adorant des divinités inconnues, des dieux lointains et singuliers, pareils aux créatures démoniaques imaginées par Lovecraft, les habitants vivent dans un monde apocalyptique, dominé par d’étranges prédictions. De troublantes mélopées, se font parfois entendre, à l’instar de « Complainte » liminaire : "Oyez, oyez la triste histoire/Du moine Théobald de Thunn !/Vous garderez à la mémoire/Le récit de son infortune !" Parsemé, çà et là, de vers réguliers, Le meurtre de la tour de cristal s’apparente donc essentiellement à un récit poétique. Précieux, parfois délibérément hermétique, symboliste, le style est à la fois riche et original, très descriptif, caractérisé par un vocabulaire délibérément rare, faisant la part belle aux néologismes : "Car voici le cortège impérial, précédé par la cohorte des veilleurs qui sur les remparts nuit et jour se relèvent sans fin, se saluant de leurs hymnes lugubres, et les très hauts dignitaires : l’éparque, le mystikos, les grands drongaires de la veille et de la flotte (…"). Aux antipodes du récit réaliste, à mi-chemin entre tradition et science-fiction, Jean Hautepierre, qui ressuscite les souvenirs païens, trace ici une route originale, tout en explorant de nouveaux sentiers.



(Article d'Etienne Ruhaud paru dans la revue "Diérèse" en 2016)
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