Jean-Jacques Annaud

La grande différence entre le cinéma et la littérature est que la littérature s'adresse d'abord à l'intelligence, et que l'intelligence, la mémoire des mots vous permet de reconstituer un univers. Et cet univers que vous reconstituez va éventuellement dégager des émotions.
Le cinéma travaille complètement à l'envers. Il vous plonge dans une émotion qui, peut-être, au bout du compte, vous permettra de réfléchir.

Interview à propos de son film Le Nom De La Rose.

Chaque film me transforme.
« L'Ours » peut-être plus que tout autre.
Depuis cette expérience, après plusieurs années passées dans la proximité de dresseurs, de vétérinaires, de spécialistes de l'éthologie, et bien sûr dans l'intimité de ces animaux majestueux auxquels j'ai dû m'identifier, je ne peux plus considérer « la bête humaine » de la même manière.
L'effet le plus inattendu de ce tournage a été de m'ouvrir à un continent, l'Asie. J'allais y tourner trois de mes films suivants, « L'Amant », « Sept ans au Tibet » et « Deux Frères ».
On sait là-bas que « celui qui ne comprend pas le cœur des bêtes ne peut rien comprendre à l'âme des hommes ».

Il y a trois grands groupes de conflits sur lesquels reposent la plupart des films : l'homme contre l'homme, l'homme contre lui-même, et l'homme contre la nature.

Deux frères de Jean-Jacques Annaud
« Dans le sillage des deux tigres, les hommes accourent, portant arbalètes et bâtons, mais la femelle est maligne, elle sait s'orienter et guider son fils, même si l'entreprise devient difficile ces temps-ci. En effet, désormais, les humains sont de plus en plus nombreux. Ils pénètres chaque recoin de forêt pour les poursuivre et les tuer, ou pour couper les arbres et capturer le gibier, laissant ainsi les tigres affamés et contraints à s'attaquer au bétail. Ce n'est pas la première bataille qu'elle livre contre les hommes. Elle a depuis longtemps enregistré leurs coutumes. Il faut anticiper leurs actions et ruser de la même manière qu'avec une proie, attendre le moment opportun pour se camoufler dans les herbes et les buissons, prendre la fuite ou, pire, leur sauter à la gorge. »