Je ne serais pas tant inexorable à vos yeux si vous ne doutiez point de ma sincérité. M'appeler ainsi n'est-ce pas me prêter le goût de la division et le détestable sentiment de la haine? Dieu m'en garde, de peur qu'ayant prêché aux autres, je ne sois réprouvé moi-même, et qu'en voulant chasser la paille de votre oeil, je n'entretienne la poutre dans le mien. Ce que vous croyez n'est pas.
Sainte Monique a pris rang parmi les plus illustres mères. La mémoire humaine garde son nom avec vénération et gratitude. Il est permis de penser que sans les larmes et la tendresse religieuse de Monique l'Église catholique n'aurait pas eu le grand Augustin. Elle fut sa mère dans la foi après l'avoir été dans la vie naturelle ; les pleurs de Monique et ses hautes vertus enfantèrent Augustin à la vie chrétienne. Parmi les grands hommes, ceux qui ont fait le plus de bien au monde avaient le cœur façonné à l'image du cœur de leur mère.
Le nom de saint Augustin qui, pendant assez longtemps, avait été comme absent des lettres françaises, a reparu au milieu de nous : ce retour vers l'étude d'un beau génie est d'un heureux présage. Lorsque nous écrivions l'Histoire de saint Augustin, ses ouvrages proprement dits passaient successivement sous nos yeux, mais ses lettres ne nous quittaient pas ; nous y trouvions tout ce qui instruit, tout ce qui élève, tout ce qui plaît, et dès lors nous formâmes le dessein de les faire passer dans notre langue, si Dieu nous accordait du temps et du loisir.