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Critiques de Jean Le Camus (2)
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Le Père et la nouvelle paternité

L'avènement du « nouveau père », depuis le troisième quart du XXe siècle, qui est encore partiel et non généralisé, a été confronté à deux questions qui rompent avec un paradigme patriarcal pluriséculaire concernant le rôle du père : 1. l'opportunité ou non de l'engagement paternel précoce pour le développement psychique de l'enfant (avant ses 7 ans, voire dès la conception) ; et 2. la différence ou bien l'interchangeabilité des rôles paternel et maternel. Ces problématiques, nées du travail féminin non-domestique de la maîtrise de la fécondité, avant même que par l'avancement des réflexions scientifiques, ont été mises à l'ordre du jour par des évolutions sociétales : les revendications féministes d'égalité dans le partage des soins parentaux dès Mai 68 ; la proportion significative et croissante des séparations des couples, comportant pour de nombreux pères une demande de garde alternée ; enfin, la situation de parentalité ou sa possibilité technique grâce à l'assistance médicalisée dans le contexte des nouvelles configurations familiales : monoparentalité, homoparentalité, pluriparentalité.

Les auteurs de cet essai sont un universitaire spécialiste du développement du petit enfant et une psychanalyste exerçant comme psychologue clinicienne : par leur dialogue, qui constitue le premier travail interdisciplinaire sur la paternité, ils donnent les résultats les plus actuels (2022) d'une réflexion dans des disciplines qui ont longtemps semblé être à la traîne des métamorphoses de la société, campées respectivement sur l'insuffisance de l'expérimentation ou le manque de recul par rapport aux expériences de vie pour l'une, et sur une lecture conservatrice du corpus freudien et post-freudien pour l'autre.

La première partie de l'ouvrage est consacrée au modèle classique (1950-1975) selon lequel la psychiatrie de l'enfant séparait complémentairement l'amour maternel à l'autorité paternelle, et continuait de fixer l'âge d'intervention du père aux 7 ans de l'enfant (surtout du fils...), année fatidique attestée depuis le Moyen-Âge en Occident (et dans plusieurs autres cultures, à ma connaissaince) ; la psychanalyse, quant à elle, était classiquement fondée sur la théorie de la triade œdipienne dans laquelle était dévolue au père la fonction de séparation. Plus tard, les « théories de l'attachement » laissèrent quelque peu dans l'ombre la figure paternelle, qui ne fut ensuite valorisée qu'avec Lacan, mais dans un discours de déclin du « nom-du-père » et de la « fonction symbolique » de celui-ci.

La seconde partie, « L'entrée en scène des pères précoces, directs et chaleureux : un électrochoc », après le constat du retard des sciences humaines vis-à-vis du féminisme, des phénomènes sociaux et culturels et même du droit, fait état des recherches comportementalistes sur les interactions parents-enfants dès le plus jeune âge et démontre l'importance de l'implication précoce du père dans la socialisation et notamment la construction de l'identité sexuée de l'enfant : ces recherches remontent à la moitié des années 1980. La psychanalyse, pour sa part, s'interroge sur l'ambivalence des sentiments parentaux et sur les difficultés des parents à s'inscrire dans la parentalité, en relation avec leur propre enfance. La différenciation du père et de la mère est affirmée avec insistance, malgré la variété des configurations familiales, en raison des observations effectuées sur les pères ayant des relations différentes avec leurs fils et leurs filles (sans doute pourrait-on généraliser sur la différenciation des relations des deux parents avec les enfants du même sexe vs de sexe opposé) ; néanmoins la dyade père-autorité/mère-amour est progressivement abandonnée.

La troisième partie développe l'acceptation progressive du principe de mettre « Les besoins de l'enfant au cœur de la parentalité », à la place des anciens rôles parentaux. Ces besoins (cf. cit. 5), se caractérisent de façon évidente par leur nature non-genrée, leur prise en charge défectueuse constituant une carence affective et non un problème de genre. De même, la notion de « caregiver » s'impose, qui, elle aussi, est intrinsèquement neutre. Le discours sur l'autorité parentale, son partage et sa fonction, se reflète aussi, en France, dans la loi du 4 mars 2002. En parallèle, l'idée commence à avancer que, quelle que soit la configuration familiale, l'enfant (garçon ou fille) disposera à proximité de « figures masculines ou féminines qui assureront honorablement la "fonction paternelle" ou la "fonction maternelle" » (p. 138). Cette partie se termine par une très brève présentation des nouvelles formes de parentalité.

Suivent un chap. 8 intitulé : « Si le père m'était conté », contenant un cas clinique présenté sous forme de conte ; la Conclusion ; l'Épilogue qui invite à la lecture du compte rendu commandé par le président de la République, intitulé : _Les 1000 Premiers Jours_ ; enfin une Annexe théorique au chap. 8.

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Un père pour grandir

En tant que femme et mère, le début de cet ouvrage m'a laissée dubitative : je pensais lire un essai sur la paternité et j'avais l'impression de lire un pamphlet contre la maternité toute-puissante. Heureusement, ce sentiment n'a pas duré. Jean Le Camus n'oppose pas les parents mais essaie de montrer à quel point ils sont complémentaires. Chacun à sa manière apporte à l'enfant pour son développement aussi bien moteur qu'émotionnel. Il encourage les pères à oser prendre la place qui leur revient dès la naissance.

L'ouvrage est intéressant. Il y a de nombreuses références. Je regrette cependant que Jean Le Camus n'aille pas plus loin. Il montre bien quelques différences entre les pères « modernes » et ceux des années 50-60 mais je trouve qu'il ne pousse pas sa réflexion assez loin. Il s'attarde trop sur la famille « classique » et parle, du coup, très peu des familles où les pères sont absents du quotidien. Je trouve qu'il y a là une vraie recherche à mener. Comment ces pères, non présents, peuvent garder leur place et leur rôle auprès de leurs enfants ? Comment les beaux-pères peuvent s'impliquer mais sans prendre la place du père biologique ? Jean Le Camus ne fait qu'évoquer très rapidement ces cas de figure. Je trouve qu'il aurait dû soit ne pas en parler du tout, soit aller plus loin dans sa réflexion.
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