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Citations et extraits (10) Ajouter une citation

L’Autorité suprême justement avait voulu que cette mission fût un symbole ; et vu le caractère international du projet ainsi que l’aspect universel des découvertes qu’il se proposait de faire, choisit comme centre stratégique un lieu qui incarnerait bien cette universalité par la richesse de son histoire, l’influence qu’il avait eue sur la civilisation et la marque indélébile qu’il avait imprimée à l’Histoire de l’Humanité. C’est pourquoi après de multiples conférences qui réunirent un grand nombre de décideurs, le choix se porta sur Rome, ville éternelle, centre du monde d’où chaque année depuis des siècles, on lançait aux hommes un message de paix, dit Urbi, « dans la Ville », et Orbi, « hors de la Ville », à la Terre tout entière.
L’Autorité suprême avait peut-être oublié que si Rome symbolisait bien l’universalité pour la science et le monde occidental en général, elle ne la symbolisait pas nécessairement pour ceux qui utilisaient un alphabet autre que le latin comme par exemple le cyrillique, le grec, l’arabe, l’hébreu ou le sanscrit, et d’autres encore : les monogrammes chinois et leurs variantes d’Extrême-Orient ; pour ceux qui ne parlaient pas une langue issue du latin, ni pour ceux qui vivaient sur un territoire où jamais un légionnaire romain n’avait posé le pied…
Mais il fallait bien choisir, et c’est tout à l’honneur des représentants des Etats-Unis d’Amérique que d’avoir accepté que l’ordinateur central ne fût pas mis chez eux comme cela avait été envisagé au départ, mais dans les locaux de l’université « la Sapienza », dans une pièce en sous-sol spécialement creusée à cet usage et dont les travaux furent retardés, comme on pouvait s’y attendre, par la découverte de nombreux vestiges archéologiques datant de l’Époque Impériale qui donnèrent aux historiens spécialistes de l’Empire romain matière à travailler de longues années pour les replacer dans le contexte de ce temps reculé.
Si, comme dans tous les projets d’envergure les retards et les dépassements de budget sont à redouter, une crainte permanente supplémentaire habite tous ceux qui installent un ordinateur en réseau, (et celui-ci l’était puisqu’il était connecté à Internet pour le recensement des questionnaires), c’est le piratage des données, voire la destruction pure et simple des programmes par des hackers de plus en plus habiles et auxquels aujourd’hui plus aucun système de cryptage ne résiste longtemps.
Alors, l’un des promoteurs de la mission eut une idée simple et géniale, (du moins, le pensait-il), pour protéger ses programmes : les écrire en latin, qu’aucun hacker ne connaissait certainement puisqu’il n’est plus enseigné qu’à une poignée d’experts, souvent eux même peu enclins à connaître les arcanes de l’informatique.
Programmer en latin, avec le respect rigoureux de ses difficiles déclinaisons, et ses accords de temps inaccessibles pour qui ne parle que la langue du Web, cet Américain de garçon de café mâchonnant stupidement un chewing-gum baveux, tant les accros du réseau et des « Personal-Computeurs » l’avaient appauvri, voilà quelle était la botte secrète des informaticiens employés par l’Autorité Suprême pour déjouer les mauvais tours des pirates les plus nuisibles ; et d’installer l’ordinateur central à Rome, en plein cœur de la ville où naquit autrefois cette langue au devenir à ce point fabuleux ajoutait encore au plaisir que les membres éminents des instances de sélection attendaient de savourer en voyant les hackers se casser les dents sur ce qu’ils désignaient malicieusement entre eux comme étant leur code secret.
L’équipe de programmation et d’analyse des données sélectionnées était donc composée d’informaticiens issus des trois pays partie prenante dans la mission, et de latinistes chevronnés tels qu’on n’en trouve plus qu’en Italie de nos jours, ce qui permit à cette glorieuse nation qui par deux fois dans son histoire a dominé le monde, militairement à la période romaine puis intellectuellement à la Renaissance, de prendre part à cette grande aventure moderne, et accessoirement de participer à son financement.
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Quand vous avez découvert le questionnaire sur le site Internet de votre université, vous étiez en quête de nouveauté Jean, car les longues nuits de veille passées à regarder les étoiles et attendre patiemment que les phénomènes astronomiques prévus par le calcul se produisent, l’étude approfondie des tableaux hérissés de chiffres qui sont la matière brute de vos observations, la lecture attentive des articles de vos confrères traitant des sujets qui vous intéressent, mais qui sont néanmoins vos concurrents ; la préparation de vos cours pour les élèves de troisième cycle à l’énergie de plus en plus difficile à canaliser, leurs angoisses face à un avenir qu’ils jugent incertain que vous devez calmer ; les demandes de crédits pour faire tourner votre observatoire sans cesse repoussées par vos bailleurs de fonds ; vos relations parfois tendues avec certains de vos collègues qui ne comprennent pas votre façon de fonctionner et prennent un malin plaisir à vous pourrir la vie ; les difficultés que vous rencontrez avec les femmes de votre âge auxquelles vous plaisez, mais qui ne vous plaisent plus forcément, et avec les femmes plus jeunes qui vous plaisent, mais pour lesquelles, mon pauvre Jean, vous êtes un peu trop vieux ; les différents avec les hommes de votre entourage qui vous jalousent un peu à cause des succès qu’ils vous attribuent à tort ou à raison ; avec vos voisins, bruyants, avec leurs gosses, chapardeurs et avec leurs animaux domestiques qui chient sur votre pelouse et pissent sur les quelques fleurs que vous cultivez péniblement à vos rares heures perdues ; ces petits soucis de la vie quotidienne auxquels vous ne savez plus trop comment échapper ; tout ça mis bout à bout, vous a usé. Et, bien qu’ayant à peine plus que la quarantaine, vous vous sentez parfois vieux, et fatigué. Vous êtes aujourd’hui démotivé, et avez perdu toute ambition et toute volonté de découverte.
Pourtant, vous êtes en pleine forme physique et d’une endurance qui vous permettrait de battre à plate couture de bien plus jeunes que vous dans toutes les disciplines sportives si vous les affrontiez.
Mais la routine s’est installée dans votre vie.
Vous avez besoin de changement, vous avez besoin de faire autre chose, ou de continuer à faire ce que vous faîtes à présent, mais autrement, et ailleurs.
Partir.
Partir loin et longtemps.
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Elle effectua son travail avec sérieux et compétence, avec talent même tant il est vrai qu’atteindre la précision recherchée dans votre discipline confine autant à l’art qu’au savoir. Cette tâche qu’elle accomplissait pour vous, à votre place au fond, vous donna du temps libre et l’occasion de ne plus vous consacrer exclusivement à votre travail. Vous avez retrouvé le goût de la lecture, de la peinture, de la musique ; retrouvé le temps de penser un peu à vous… et de penser beaucoup à elle ! C’est ainsi que vous avez découvert combien elle était cultivée, combien vos goûts étaient communs et combien, quand ils ne l’étaient pas, ils étaient complémentaires.
Vous étiez mordu, c’est le moins qu’on puisse dire.
Vos relations se firent de plus en plus étroites, surtout qu’elle restait souvent tard, seule avec vous, quand tout le monde était parti. Un soir, vous lui avez proposé de la raccompagner : elle accepta. Et vous l’avez ramenée, d’abord chez elle… et puis chez vous. La suite est facile à deviner : elle était jeune, belle, brillante, vous en étiez tombé éperdument amoureux et avez jeté aux orties toutes vos bonnes résolutions consistant à ne jamais vous compromettre avec une de vos stagiaires. Vous avez passé outre au ridicule de cette situation et méprisé le « qu’en dira-t-on ? » qui va avec. Et vous l’avez couchée dans votre lit.
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« La sélection » a pour elle les qualités d’un bon roman dont on attend le dénouement impatiemment sans pourtant impliquer le moindre crime, enquête ou mystère à résoudre.
Ce tour de force tient en partie aux qualités de conteur de Jean-Luc Lys, dont la belle plume reconstitue et trace des tranches de vie au scalpel, avec l’art et la manière des instants choisis et du mot qui leur sied le mieux.
La succession des profils de chacun des personnages sont autant de chapitres exquis, et l’on prend un plaisir jouissif et pourtant presque voyeuriste à décrypter leur passé et leurs secrets les plus intimes par le prisme du « vous », laisser-passer linguistique très habile.
C’est un récit fluide, bien proportionné, teinté à la fois de nostalgie, de cynisme amer et d’humour corrosif, ainsi que d’une grande tendresse à l’égard des hommes et de leurs défauts.
La confession de Vivian, très belle pirouette de fin, répond intelligemment à notre plaisir coupable d’avoir lu si avidement ces récits du quotidien. L’on est en droit d’espérer que ce point ne sera pas final…
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Parmi les fiches fournies par l’ordinateur central de Rome figurait la vôtre Asma, et vous avez eu un soir la surprise de recevoir un mail qui vous annonçait que vous étiez convoquée à un entretien, suite au questionnaire que vous aviez rempli quelques mois auparavant. Ce questionnaire d’ailleurs, vous l’aviez presque oublié tant il vous semblait peu probable qu’on vous sélectionnât, d’abord en raison de votre jeune âge, ensuite, à cause de vos origines, car malheureusement, en France, être originaire du Maghreb reste un handicap dans la recherche d’un emploi ou l’obtention d’un poste, et vous avez souvent pu constater dans votre vie quotidienne combien les lois, les décrets, les règlements et les bonnes intentions étaient impuissants à bousculer les idées préconçues.
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Quand vous ne rentrez pas le soir, ils vont manger au restaurant italien où l'on trouve toutes sortes de spécialités délicieuses : des gnocchis, des lasagnes, des pâtes de toutes formes agrémentées de sauces aux saveurs de la Méditerranée. Il la fait boire un peu d'un vin rouge tiré de raisins qu'on cultive encore à la méthode ancienne en Sicile, sur les pentes de l'Etna ; du rosé de Naples qui pousse sur les flancs du Vésuve ou du Chianti de Toscane servi dans une fiasque à long col.
Il la fait rire John, il la fait rire.
Ce petit manège dure depuis près de dix ans...
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Barbara vous êtes un cas exemplaire. Vous êtes une femme, vous êtes Noire, vous êtes un produit de cette discrimination positive que l'Amérique montre en exemple au monde entier comme étant la réussite de son système éducatif qui, dans une société aussi inégalitaire qu'est la sienne, ambitionne d'assurer la meilleure scolarité possible même aux plus démunis.
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Un roman original, déroutant, qui se dévoile petit à petit au fil des pages. Les personnages se révèlent avec leurs forces et leurs faiblesses, chacun différemment et tous prêts à affronter cette mystérieuse mission. La narration utilisée est intrigante avec ce « vous » impérieux et ce narrateur qui sait tout mais ne dit rien pour préserver le suspens.
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Mais maintenant que vos étreintes sont passées, il se retrouve dans la peau du vieux mec qui vient de se faire une jeunette, et qui plus est, une de ses jeunes collaboratrices avec laquelle il n'imaginait pas un seul instant vivre une histoire d'amour. Trop de choses vous séparent, à commencer par le nombre des années...
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Demain, nous partirons.

John, Alexender, Barbara, Andrew, Jean, Sandra, Asma, Luc, Matthews, Susan et Mary sont heureux, impatients et fiers.

Je serai la seule à ne pas l'être.

Il y a une chose que je sais, et qu'ils ne savent pas : ...
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