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Citations de Jean-Marc Mandosio (19)


Il y a chez lui, comme chez la plupart de ses contemporains à prétention philosophique, une prolifération conceptuelle qui est surtout, à bien y regarder, une inflation verbale.
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Il est nécessaire d’apporter ici une importante précision. Le fait que je me moque des assertions fantaisistes qui parsèment tes écrits [ceux d'Anselm Jappe] ou bien ceux de Kurtz ne signifie nullement que je veuille me livrer, comme tu l’affirmes, à un « assaut généralisé contre la « théorie » ». Ce n’est pas contre la théorie en général que j’ai des griefs, mais contre la mauvaise théorie (de même que, dans mon démontage du livre d’Alfred Crosby, je ne visais évidemment pas à dénigrer l’histoire en général, mais seulement la mauvaise histoire). Qu’est qu’une mauvaise théorie ? C’est, comme je l’écrivais dans ma lettre, « une théorie explicative globale qui n’explique pas grand chose » et qui n’ouvre que sur « une porte de sortie imaginaire, une solution impossible ». Comme la mauvaise histoire, la mauvaise théorie ne tient pas compte des faits et suit obstinément sa propre logique, indifférente à tous les phénomènes qui ne la confirment pas.
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Contre le desséchement de la pensée par la répétition paresseuse de sempiternels lieux communs ou par une frénésie conceptualisatrice faisant souvent fi de toute rigueur, l'exercice scrupuleux de l'esprit critique mérite, me semble-t-il, d'être instamment réhabilité.
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Il a été question à diverses reprises de « musique industrielle » dans les pages qui précèdent, mais cette expression est équivoque et nécessite quelques explications. Une musique , en effet, peut être industrielle soit par son mode de production, soit par sa destination, soit par sa thématique, ces trois dimensions n’étant pas exclusives l’une de l’autre.
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L’effondrement du temps est étroitement lié à celui de l’espace. La neutralisation des distances par la réduction de la durée des voyages et par la communication quasi instantanée via Internet engendre une impression tout à fait fallacieuse d’ubiquité. Ce n’est pas, évidemment, la distance réelle qui est supprimée, mais la représentation que nous en avons : l’expérience subjective de la distance subit, comme celle de la durée, une sorte de contraction. Autrement dit, c’est en n’étant plus nulle part qu’on peut avoir le sentiment d’être partout à la fois.
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Ce n'est pas un hasard si l'émergence du disco, avec sa pulsation obstinée, est contemporaine de celle du cinéma pornographique, qui représente l'acte sexuel comme un pilonnage ininterrompu. Ils étaient faits l'un pour l'autre.
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Dans cette perspective, il n'est pas absurde de se demander si, dans sa digression consacrée au jazz, Anders a véritablement voulu parler de la musique et de la danse de son temps, ou s'il n'a pas plutôt anticipé la description d'une musique et d'une danse qui n'existaient peut-être alors qu'à l'état latent ou larvaire (ou n'existaient pas du tout), mais dont l'avénement était prévisible en tant que conséquence logique du développement de la société industrielle. Une ère industrielle devait tôt ou tard engendrer une culture industrielle et donc, nécessairement, une musique industrielle. Or cette musique, qui existe bel et bien aujourd'hui - sous de multiples formes et non sans une certaine ambiguïté quant à sa définition -, n'est pas issue du jazz.
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L’erreur la plus funeste que nous puissions faire serait d’attendre tranquillement que le système industriel s’écroule de lui-même. Tous les pronostics de ce genre qui se sont succédé depuis un siècle et demi ont été démentis par l’étonnante capacité de récupération de ce système, qui s’est montré à même de surmonter tant de crises et de contradictions qu’il n’est pas très raisonnable de parier sur son effondrement à court ou à moyen terme – et le fait qu’il soit encore debout, dominant les ruines d’une planète désormais presque entièrement ravagée, ne présage véritablement rien de bon.
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La relativité du temps et de l’espace dont nous parlent les astrophysiciens n’a de sens – tout comme les propriétés paradoxales mises en lumière par la physique des particules – qu’à une échelle de phénomènes qui n’est pas la nôtre. Dans notre expérience vécue, la remarque de Kant reste entièrement pertinente : « Si nous sortons de la condition subjective sans laquelle nous ne saurions recevoir d’intuitions extérieures, c’est-à-dire être affectés par les objets, la représentation de l’espace ne signifie plus rien. » De même, nous avons beau savoir que la Terre tourne sur elle-même et autour du soleil, il n’en reste pas moins que, pour nous, comme le dit Husserl, « la Terre ne se meut pas ». Enfin, il n’est pas vrai que « nous avons un corps potentiel, virtuel, capable de toutes les métamorphoses », ni qu’il « varie à l’infini » (Michel Serres, L’Expansion, 20 juillet 2000).
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La confusion entre le virtuel et le réel, la désorientation totale qui caractérise les schizophrènes de l’âge postindustriel, entraîne l’appauvrissement et la stérilisation de l’imagination. Celle-ci cesse d’être créatrice – sauf, en principe, chez les « créatifs » dont c’est précisément la spécialité – et se limite à la consommation et au ressassement d’images préfabriquées.
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Ceux qui annoncent, pour s’en réjouir ou pour s’en effrayer, un effondrement à venir de la civilisation se trompent : il a commencé depuis longtemps, et il n’est pas excessif de dire que nous nous trouvons aujourd’hui après l’effondrement.
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« Musique hideuse pour un monde hideux » ou, selon l’expression de Ralf Hütter, « médecine psychologique pour ceux qui ne supportent pas assez bien la réalité », la musique industrielle est en parfaite adéquation avec la société qu’elle prétend refléter, et contribue, de ce fait, à la rendre acceptable.
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Il fallait être bien ignorant pour croire que les ordinateurs, les cartes bancaires et autres téléphones portatifs étaient les nouvelles armes (ou le chevaux de Troie) d'un capitalisme revitalisé ; en fait, la prolifération des puces électroniques annonce dès aujourd'hui la fin inexorable de la mondialisation capitaliste.
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J'entends par esprit critique l'attitude consistant à ne porter des jugements que sur ce que l'on s'est d'abord efforcé de comprendre ; à recourir autant que faire se peut à des sources d'information de première main plutôt qu'à des synthèses toutes faites ; à ne rien tenir pour définitivement acquis et à refuser par principe tout argument d'autorité ; à se méfier de l'admiration stérilisante comme des aspirations puériles à l'originalité ; à toujours se demander si ce dont on parle existe réellement, pourquoi certains discours paraissent séduisants alors qu'ils ne résistent pas à un examen approfondi, et comment faire en sorte qu'une pensée soit à la fois logiquement cohérente et empiriquement vérifiable, rigoureusement argumentée et ouverte à la discussion, même lorsque celle-ci prend une tournure polémique.
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La digression andersienne sur le jazz n'a pas grand chose à nous apprendre au sujet du jazz, l'affaire est entendue. Devons-nous en conclure qu'il s'est entièrement fourvoyé quant à l'évolution prévisible de la musique en général - ne parlons pas du jazz - dans le cadre de la société industrielle ? (p. 250)
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Dans ce contexte, l'art de lire, non pas seulement pour se distraire ou pour être au courant du dernier buzz en vogue mais pour exercer, précisément, son esprit critique, revêt une importance capitale. Et cet art de lire est indissociable d'un art d'écrire, en tant que mise à l'épreuve concrète des argumentations d'autrui comme de ses propres idées, passées au crible d'un examen attentif.
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Force est de constater que ces toutes ces exigences, assurément banales dans leur formulation - l'esprit critique n'est pas une invention récente -, vont à contre-courant de la tendance générale au journalisme intellectuel, où l'on oublie le lendemain ce que l'on disait la veille dans le tourbillon du fast-thinking, avec la valorisation concomitante de certaines figures plus sévères évoquait les rigueurs d'un autre temps, intimidantes statues du commandeur que l'on exhume de temps à autre, souvent à l'occasion de quelque publication posthume, comme « celui (ou celle) qui avait eu raison avant tout le monde » , excellent motif pour ne plus y prêter la moindre attention une fois la minute de commémoration écoulée.
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Tout le message de Heidegger est contenu dans ces mots : résignez-vous à votre destin. L’« impérialisme planétaire de l’homme organisé techniquement » se construit tout seul, et nous n’y pouvons rien. On ne s’étonnera donc pas de voir Heidegger déclarer : « Il faut avant tout récuser le malentendu d’après lequel je serais contre la technique. […] il ne saurait absolument pas être question d’une résistance à la technique ou de sa condamnation. » (Entretien…, op. cit.) L’adhésion de Heidegger au nazisme s’explique ainsi – si l’on met de côté l’opportunisme qui a dû jouer un certain rôle – par son mépris de l’individu, qui ne saurait être que passif, et par le fait que Hitler prétendait accomplir le destin du peuple allemand, en jouant simultanément sur deux tableaux : un anti-modernisme fondé sur l’idée du retour aux valeurs archaïques d’avant la civilisation – sous prétexte que cette dernière corromprait l’essence même de la « race » germanique –, et une exacerbation de la course au progrès technologique, prétendument mise au service de la race en question. Ainsi se trouvent affirmés, comme chez Heidegger, la nécessité de la recherche de l’« Être » fondamental de l’homme et le caractère fatidique du développement de la technologie, totalitaire par essence.
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Il ne serait donc pas excessif de définir, en termes andersiens, les rassemblements techno comme «  des cérémonies d'abdication et de mise au pas, des pantomimes de la défaite la plus absolue ». Cette conclusion s'impose avec d'autant plus d'évidence qu'une discothèque a beaucoup de points communs avec une usine ; si ce n'est que dans une usine on est payé pour travailler ; alors que dans une discothèque on paie pour avoir le privilège de se faire laminer - avec l'humiliation, en prime, de la sélection à l'entrée par le physionomiste de service. (p. 263)
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