Si je vous demande "existez-vous ?", vous répondrez spontanément "oui !". Remontez à la source de ce sens d'exister. Ce sens pointe vers la vie elle-même. Vous vous savez être la vie. Ce savoir n'est pas d'ordre intellectuel, mais est un savoir par identité, par similarité. Vous vous savez être, avant même de penser à ce que vous êtes, avant de 'vous penser'.
De la même manière, lorsque nous parlons de la vision, nous pouvons dire que la vision se sait, non pas d'une manière conceptuelle, mais en tant qu'expérience d'être. Et la vision et vous êtes un.
Dans une telle perspective, savoir signifie être.
La chose essentielle qui aide n'est pas ce que vous savez, mais la qualité de présence et de silence qui irradie de votre être. De ce point de vue, la manière dont vous expérimentez la vérité a un impact invisible sur les gens auxquels vous faites face. Cela ne signifie pas que vous ne ferez pas usage de médicaments, mais que vous serez conscient que ces substances sont une manière de réduire les symptômes.
La reconnaissance de la totalité de ce que tu n’es pas, sans doute et sans condition, t’amène à l’extrême rebord de ce que tu es. Il n’y a plus alors place pour la moindre volition, ni pour un moi qui veut. L’absorption dans l’unité se fait ensuite d’elle-même, en temps voulu, lorsqu’il n’existe plus aucune saisie, ni retenue, tout comme la chaise qui bascule en arrière, lorsque la main, qui la maintient, lâche toute prise.
Si on a compris que la scène du monde, telle que nous l’interprétons, est le reflet très exact de ce qui est contenu dans notre psyché, peut-on dire que cette découverte est un moyen de « voir » clairement le contenu de notre part d’ombre ?
Oui, on peut le dire ainsi, dans la mesure où le dehors n’est pas différent du dedans.
[I]l ne s'agit pas d'assassiner le moi mais de le libérer. Cet organe psychique, indispensable au début de l'évolution de l'être, situé dans une perspective évolutive à mi-chemin du nirvāna, n'est pathogène que si l'on s'y identifie et s'y fixe, au lieu de le dépasser.
Mais il faut s'individualiser avant de se dissoudre. Seul un moi fort peut accepter sans crainte de laisser place au non-moi du bouddhisme (anātman), qui le transcende.