Sous lui le soleil
Il est dans l'hiver
du vieil homme
un éternel été
beau comme un enfant
grapillant la vie
parmi les vignes bleues
L'air imaginé
souffle encore
les fleurs de son enfance
Et le soleil sous lui
se couche
bel endormi
À Matisse et Cloé
Extrait 2
Je te salue ma descendance
bien-aimée
mon haut refuge
et ma douce certitude
Que la beauté vous habite
et vous soit lieu de vie
et de grand partage
que vos yeux jamais ne se lassent
d'une fleur des champs
d'une brume sur la montagne
du vaste silence de la mer
La fleur la montagne la mer
participent de la même vie
de la même beauté
Il peut y avoir
dans une fleur
un rêve de montagne
une soif d'océan
et dans la montagne et la mer
la modestie d'une fleur
Je te salue ma descendance
bien-aimée
qui fait du soir de ma vie
un matin merveilleux
Les oiseaux migrateurs
Ils vont chercher le soleil
vers des ciels à vivre bleus
les hivers oubliés là-bas
Et jamais le ciel ne les repousse
Et leurs cris sont des cris de joie
Ce sont des oiseaux
Derrière les barbelés dressés
comme de transparentes potences
ils se pressent en troupeaux défaits
traqués par les loups impitoyables
Et les cris des enfants
font trembler les barbelés
de la honte
Ce sont des hommes
Et le ciel ne leur appartient pas
Et le temps s'amenuisait
frémissant encore de vie
aux dernières clairières de la nuit
Alpha (extrait)
Si peu de temps
à la brûlure des déserts
où l'ombre
a perdu son âme
Si peu de temps
pour coucher sur soi
le ciel vert des forêts (...)
Si peu de temps
pour entrer encore une fois
dans le vertige des océans
fécondant le corail
à l'amoncellement
des algues vives
et des siècles silencieux
Si peu de temps
alors que le corps
s'évanouit (...)
Cela
Si cela tenait dans les poignets d’aube
et courait sur le temps du matin
si cela mourait comme un dieu de braise
porté par les pluies et les yeux des femmes
dirais-tu encore
regardant par-dessus mon épaule
que toute la mort du monde et du soir
tient dans l’aile coupée d’une hirondelle ?
Et si cela prenait un jour la place
de tes yeux
de tes mains
si cela paraît alors ta gorge
d’une lointaine histoire d’ambre
à ne plus voir ta gorge
qu’à travers l’ambre des mers de vieillesse
achevant aux dernières courbes du soir
la volte-face du soleil
dirais-tu encore mon nom
à l’oreille du coquillage ?
Nous faits de merde et de sang
façonnés à la chaîne
dans les obscurs ateliers de la destinée
soumis aux forges incandescentes de la vie
mais revenant sur l'ouvrage insensé de la chair
afin de lui offrir la liberté de sa révolte
Je te salue ma descendance
bien-aimée
Matisse
petit philosophe en herbe
découvrant la vie à foison
Cloé
courant à petits pas
après la parole
les yeux gourmands de tendresse
(...)
Que la beauté vous habite
et vous soit lieu de vie
et de grand partage
que vos yeux jamais ne se lassent
d'une fleur des champs
d'une brume sur la montagne
du vaste silence de la mer
(...)
Je te salue ma descendance
bien-aimée
qui fait du soir de ma vie
un matin merveilleux
Au sommet de la toupie de la Terre, quand tu seras prête à chausser les rivières, je te donne rendez-vous ma fille (...)
Je te donne rendez-vous, ma fille, au sommet d'une colline apprivoisée quand le lanceur effréné de toupies nous aura fait danser de joie.
(Au-delà de l'éclair)
Venir à la nuit
mourir
comme une bête
tranquille
au point d'eau
va boire
son étoile