Ce film implique un déploiement logistique d'une telle ampleur de la part de l'Army et de la Navy, en un véritable apogée, il aboutit à la création ad hoc d'un complexe 'militaro-cinématographiqueM assurant la promotion et la légitimation de la présence américaine en Europe, dix ans après la création de l'OTAN. Cette entité rend possible la série des super-productions militaires des années 1960 et 1970 que sont La Bataille des Ardennes (1965), Quand les aigles attaquent (1969), Tora, Tora, Tora (1970) sur la bataille de Pearl Harbour, Patton (1970) ou La Bataille de Midway (1976). Chacune de ces productions, qui nécessite de gigantesques moyens militaires est irréalisable sans l'aide logistique de la Navy et de l'Army.
Dans les heures qui suivent l'annonce, est faite que les grands producteurs hollywoodiens s'intéressent à l'idée de transformer en film ce qui, dans les faits, est une escarmouche assez classique. Cette anecdote (ne faudrait-il pas parler d''épisode' ?) s'intègre à l'univers d'images qu'est devenue la guerre américaine, images qui ne rendent pas compte de sa réalité, la guerre complètent en la rendant 'acceptable' , en rendant euphémique sa terrible efficacité technologique et stratégique, capable d'anéantir toute défense en quelques jours.
La notion de menace ne peut pas être strictement conceptuelle. Pour être efficace et prégnante, il est nécessaire qu'elle ait une dimension affective, qu'elle déclenche d'authentique sentiments collectifs, d'inquiétude, voire de peur, d'horreur à l'idée que celui qui en est l'objet puisse souffrir, subit le bouleversement de sa vie nationale, l'anéantissement des êtres qui lui sont chers et le sien même par des forces destructives, sous-tendues par une idéologie politique ou une volonté malveillantes.
Ce que l'on pourrait de qualifier de 'passion du pire' est manifeste dans la production de scénarios de film de sécurité nationale qui invoquent le risque de catastrophe majeure afin d'héroïser des agents secrets , des commandos et des policiers d'élites, alors que, dans les faits, ils ne sont pas forcément des personnages très fréquentables.
Cette articulation remonte à 1942, Après que Franklin Roosevelt aconvoqué à la Maison-Blanche les plus grands réalisateurs de l'époque dont John Ford et Frank Capra, pour lui passer commande de dizaines de films dans la perspective de la mobilisation psychologique du pays, le ministère de la Guerre installe un bureau de liaison à Hollywood.