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Citations de Jean Michelin (79)


Ils avaient succombé à l’attirance réciproque des délurées pour les taiseux. Un classique.
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Mais elle sait déjà, elle.
Elle sait les nuits qui l’attendent, à tourner en rond, à fumer trop, à se dire qu’il faut pas boire et à boire quand même. Elle voudrait leur dire aussi la solitude de l’autre, celui qui reste, la veille, la peur, ces mois interminables à sourire à la caméra, tout va bien mon chéri t’en fais pas, alors que la voiture est en panne, que la machine à laver fuit, que le gosse est malade et qu’elle est seule.
Seule face à ses décisions, seule face aux angoisses, surtout celles de ta mère, la torture que c’est de devoir la consoler, elle, en plus de tout le reste. Seule à s’interdire de confier ses soucis pour ne pas t’inquiéter, tu risques ta vie après tout, pas elle, seule face à l’attente, face à toutes ces choses qu’elle a envie de faire avec toi et qu’elle ne fait pas, seule à se dire que vous devriez partir en voyage quand tu rentreras, si tu rentres et que tu te sens capable, un jour, de faire autre chose que manger, baiser, dormir. Seule, seule à en crever.
Elle voudrait leur dire tout ça, mais l’a-t-elle fait ? Ou bien les mots sont-ils restés coincés en travers de sa gorge ?
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Son fils était le point fixe de sa vie. Mathis ressemblait à sa mère, «heureusement», disait Lulu. Il avait quatre ans et de grands yeux gris bordés de longs cils qui lui donnaient un regard de fillette. Ça énervait son père, elle trouvait ça irrésistible. Il était bavard et joyeux, tout, avec lui, était encore possible. Le reste, finalement, importait peu. Ils avaient inventé leur vie de famille sur le tas, au fur et à mesure. Elle avait appris à compter les jours avec son fils lorsque Papa était loin. Papa revenait toujours. En l’attendant, on faisait des coloriages, on collait des gommettes sur le calendrier, on l'appelait au téléphone. p. 70
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Il ferma les yeux, tentant encore une fois de forcer le sommeil venir à lui. De lautre côté de la pièce, le lieutenant ne dormait pas non plus, traversé par des questions étrangement similaires aux siennes. Sans le savoir ils partageaient l'angoisse de ne pas se savoir à la hauteur, l'obsession du manque de légitimité, l'inquiétude quon garde pour soi tant elle releve le caractère intime de la peur et de la confiance. Il leur fallut à chacun un long moment avant de s'endormir enfin. Ni Romain ni le lieutenant n'entendirent Stéphane se glisser hors de la maison et partir pour sa course noc- turne, chassé par ses propres démons, différents des leurs. Les démons de celui qui se savait à la hauteur, et qui savait que cela navait pas suffi, que cela ne suffisait jamais. Qu'il n'y avait que Iinévitableà accepter, et que c'était le plus difficile à faire. la nuit finit par emporter ce qu'il restait de leurs doutes. La qu on garde pour soi tant elle révèle le caractère intime de la peur
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C'est les retours qui sont durs, vous savez, plus que les départs. Chaque fois, mon mari est rentré un peu plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. Surtout les dernières années le souffle suspendu, en quête du mot quand... ». Elle s'interrompit, juste. « Quand tout est devenu plus tragique. On sait que c'est pas facile pour vous, mais personne ne nous demande comment c'est pour nous. Nous, on a pas de médaille à la fin, on se débrouille, mais c'est dur aussi. Surtout avec des enfants.
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On est sur le poste depuis quelques jours. II y a plein de trucs à faire mais la relève s'est bien passée. L'adjudant était content.
J'aime toujours autant la forêt . Elle m'entoure, elle se drape autour de moi, on pourrait étouffer à force de ne pas voir le ciel. J'aime les bruits et les odeurs lourdes lorsque la pluie s'abat sur nous. Pendant notre trajet en pirogue vers le poste, on a pris un orage tropical, court et chaud, et j'étais heureux comme un gosse sous les trombes d'eau. Le sergent m'a jeté un dróle de SOUreas regard, je crois qu'il m'a pris pour un fou.
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Romain n'était pas au niveau de son prédécesseur et il le savait, mais il avait l'expérience du combat et cela suffisait. La greffe prit peu à peu, malgré cette impression tenace d'être un imposteur qui le taraudait à chaque départ en patrouille.
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Quand Lulu n'était pas venu bosser le vendredi matin, il avait vite compris que quelque chose clochait. Il s'était fait violence pour ne pas appeler Stéphane dans la seconde et avait embrouillé le nouveau lieutenant sans trop de difficultés pour gagner du temps.
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Le reste de la section attendait devant le bâtiment de la compagnie. Les gars fumaient en échangeant des vidéos sur leur téléphone et riaient à gorge déployée. Dans ce genre de moment, Stéphane retrouvait leurs attitudes adolescentes, leurs manières prétentieuses, un peu de leur insolence aussi.
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Temps de rentrer à la maison et de reprendre une vie normale. Redevenir un mari et un père. Dormir.
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— Je veux pas faire croire que je suis insensible et toutes ces conneries. Mais j’ai pas le droit de me laisser aller, les mecs, ils vont avoir besoin de moi. Il faut que je tienne la route pour eux, et pour la section. »

La psychologue le regardait toujours, elle ne souriait pas mais l’expression de son visage était douce.

«… Et pour le sergent, on aura le temps d’être tristes et de faire le deuil quand la mission sera finie. Mais j’ai pas besoin de pilules, ou de repos, ou de rentrer en France. J’ai pas fait de cauchemars cette nuit. Je vais pas pisser au lit. J’ai passé les quarante balais, capitaine. Je gère.
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La peur avait commencé son travail de sape sitôt qu’elle eut raccroché. Et elle avait passé une nuit horrible, se levant folle d’inquiétude le lendemain matin. Depuis, au fil des heures d’absence qui s’égrenaient, sa colère enflait, d’abord diffuse, montant comme une marée jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus l’ignorer.
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Les femmes parfaites, ces salopes, et leurs familles parfaites. Le jeudi soir, juste avant qu’il se volatilise, Lulu avait laissé entendre que la prochaine mission serait sa dernière. Elle n’avait pas relevé, il lui restait deux ans de contrat, largement le temps de changer d’avis et de prolonger. Elle s’était contentée de lever les yeux vers lui et de lui sourire.
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Il n’était pas violent, il ne l’avait jamais été, ni avec elle, ni avec le petit. Elle n’avait pas perçu les signes qu’on lui avait dit de guetter dans le petit livret des familles du régiment discrètement glissé un mois avant qu’il rentre de sa première OPEX.
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Finie, la longue dégringolade de l’espoir du prince charmant à celui de l’homme sérieux, de celui de l’homme sérieux à celui du type acceptable, de celui du type acceptable à n’importe quelle paire de bras pourvu qu’elle y puisât un peu de réconfort. À cette époque, sa grande bouche s’accrochait au moindre baiser. Aurélie n’avait jamais rien espéré d’autre. Le travail ne l’intéressait pas. Elle n’avait pas vraiment de passions. Elle ne rêvait pas de changer le monde.
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J’ai rien à prouver, moi, je sers mon pays. Mais les gens qui pensent ça, quand je le sais et quand je peux, j’évite de trop m’en approcher. Pas parce que j’ai peur de ce qu’on me dira, non, rien à battre, mais parce que j’ai peur de faire une connerie, un jour que je serais de mauvais poil. »
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Elle est gentille pourtant, une jolie petite zouz qui doit avoir comme moi, dans les trente-cinq ans. Enfin, voilà, je connais la chanson. J’ai l’habitude, hein, on me dit ça depuis que je suis tout petit. Même à l’armée. 
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Sans le savoir, ils partageaient l’angoisse de ne pas se savoir à la hauteur, l’obsession du manque de légitimité, l’inquiétude qu’on garde pour soi tant elle révèle le caractère intime de la peur et de la confiance. Il leur fallut à chacun un long moment avant de s’endormir enfin. Ni Romain ni le lieutenant n’entendirent Stéphane se glisser hors de la maison et partir pour sa course nocturne, chassé par ses propres démons, différents des leurs.
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Chaque retour dans sa famille, chaque descente sur le fil numérique de la vie de ses amis, chaque nuit d’insomnie à ressasser l’échec prématuré de son existence le ramenaient à l’espoir déçu qu’il pensait être.
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De peur de se laisser séduire par une nana du coin qu’il n’oserait jamais présenter à son père, il avait aussi arrêté de sortir. Il passait désormais le plus clair de son temps les yeux rivés sur l’écran de son téléphone, à s’absorber dans les trajectoires des copains et surtout des copines de lycée.
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