Utopies concrètes " Autour de cercles et carrés " par Jean-Paul Ameline
Cage aux lions - 1967
Lorsque je représente des animaux toujours enfermés ou « déplacés », ce n’est pas directement la condition humaine que je peins.
L’homme n’est pas dans la cage sous la forme du singe mais le singe a été mis dans la cage par l’homme.
C’est l’ambiguïté de cette relation qui m’occupe et l’étrangeté des lieux où s’opère cette séquestration silencieuse et impunie.
Il me semble que c’est un peu le sort que la pensée fait subir à la pensée dans notre civilisation.
Nous sommes dans la situation critique où l’art, n’étant plus pensé comme esthétique, a perdu sa relation essentielle avec la vérité.
Ayant « conquis son autonomie », il a cessé d’être un langage qui parle car il n’est ouvert sur rien, il n’exprime pas une relation, son autonomie au contraire l’enferme sur lui-même.
(Gilles Aillaud - 1965)
“Les premiers, nous avons compris le danger idéologique de Duchamp...
J’ai tout de suite su ce qu’il allait advenir quand j’ai lu une enquête dans une revue qui s’appelait Arts et Spectacles. On y demandait qui était le plus important entre Duchamp et Picasso, et Duchamp a gagné.
Alors, j’ai compris que c’était fini, que c’était la porte ouverte à tout ce que je déteste : le marché officiel, le double marché, les œuvres destinées exclusivement au musée...
Tout ce que je déteste vient de là et c’est pour cela qu’il fallait l’assassiner.”
D’après les propos d’Arroyo, nov. 2007.
Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati
Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp - 1965
"Mon travail consiste à faire dire aux photographies ce que je veux qu’elles disent, en les démontant. Il y a opposition de deux images. Il s’agit de rendre visible l’idée que la réalité est contradictoire.
Dans les magazines, on regarde des publicités ou des reportages mondains et, à la page suivante, on voit des scènes de torture.
Le lecteur passe de l’un à l’autre, tout lui paraît vrai, exact et crédible."
Bernard Rancillac - Enfin silhouette affinée jusqu'à la taille - 1966
“Mon discours a toujours été vers les extrêmes pour être clairement compris. Cette brutalité du morcellement, du télescopage inattendu de corps, celui de la femme, premier sujet de la publicité, et de l’objet, souvent agressif... De là une cruauté qui sert la lisibilité et le discours que je m’étais donné. C’est-à-dire montrer une agressivité permanente et sous-jacente dans nos rapports, dans la société telle qu’elle a évolué”