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Citation de celcla


Il me semble que c'est à cette époque, sida oblige, que l'amour pur et dur redevint un sujet de préoccupation à la mode. Suivant la logique de l'évolution et les lois du conditionnement, je paraissais donc condamné, à terme, à expérimenter une nouvelle fois ce sentiment. Mais en la matière, je ne nourissais plus aucune illusion. Je tenais l'amour pour une sorte de croyance, une forme de religion à visage humain. Au lieu de croire en Dieu, on avait foi en l'autre, mais l'autre, justement, n'existait pas davantage que Dieu. L'autre n'était que le reflet trompeur de soi-même, le miroir chargé d'apaiser la terreur d'une insondable solitude. Nous avons tous la faiblesse de croire que chaque histoire d'amour est unique, exceptionnelle. Rien n'est plus faux. Tous nos élans de cœur sont identiques, reproductibles, prévisibles. Passé le foudroiement initial, viennent les longues journées de l'habitude qui précèdent le couloir infini de l'ennui. Tout cela est embossé dans le creux de nos coeurs. Le rythme et l'intensité de ces séquences dépendent uniquement de notre taux d'hormones, de l'humeur de nos molécules et de la rapidité de nos synapses. Notre éducation -notre dressage devrais-je dire - se charge du reste, c'est à dire de nous faire croire qu'un esprit obnubilé, un ventricule plapitant et une queue bien raide sont les marques bienheureuses de je ne sais quelle grâce divine ou surnaturelle accordée au cas par cas aux mortels que nous sommes. L'amour est l'un de des sentiments sophistiqués que nous avons appris à développer. Il fait partie des divertissements opiacés qui nous aident à patienter en attendant la mort.
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