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Citation de Charybde2


Giorgio Agamben, dans Le temps qui reste, tirait une leçon comparable de sa lecture de l’Epître aux Romains. Il distinguait le temps du messianisme, comme temps de la fin, de la fin des temps et voyait dans le premier un temps ramassé, contracté, qui récapitule l’histoire et anticipe le royaume, un kaïros et non un chronos : non pas « la fin chronologique du monde mais le présent comme exigence d’achèvement, comme ce qui se donne à titre de fin ». Le messianisme convoquerait donc le passé et appellerait la fin, ce serait un temps qualitativement différent : à la fois une opportunité et une exigence, une promesse et une réquisition. Dans les termes de Latour, notre « enracinement terrestre » nous requiert et l’opportunité de le cultiver constitue la seule promesse que nous puissions nous faire. L’apocalyptisme critique se situe bien là : convoquer un au-delà qui révèle la destructivité de notre histoire et symétriquement inscrire dans le temps la promesse d’un autre monde. L’anthropocène nous intime d’habiter la Terre ; il se dit en termes eschatologiques car eux seuls donnent sens en même temps à la menace et à la promesse. C’est en cela que les fictions de la fin du monde que j’étudie ici s’opposent terme à terme à l’apocalyptisme nihiliste qui consiste à tenter de faire perdurer notre monde tel qu’il va et à écarter tout discours et toute pratique visant à faire exister une promesse. En d’autres termes, un autre monde est possible, mais à la condition d’une critique radicale du nôtre.
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