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Citations de Jean-Paul Picaper (22)


Malgré ses origines aristocratiques, Stauffenberg était ce qu’on appellerait aujourd’hui un populiste chrétien. Les officiers âgés voulaient la restauration de la monarchie ; les jeunes comme lui étaient pour le retour des libertés. […] Tous ceux qui l’ont approché ont été frappés par son caractère jovial, son goût de la plaisanterie, sa cordialité et son naturel : « Stauffenberg n’était pas du tout "service d’abord" », m’a dit le fils d’un conjuré. « Stauff », comme l’appelaient ses camarades, a tenté son coup d’audace en sportif, en casse-cou presque, mais avec une minutie et une énergie très allemandes, à la manière du malheureux Georg Elser, son compatriote souabe.
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Croyez-vous à la Providence dans l’Histoire ?

- Si l’on croit que les événements sont écrits à l’avance, on limite ses initiatives. Le plus rassurant serait de savoir que le destin dépend de trois choses [Heinrich von Kleist pose un doigt sur son front, sur son cœur et sur sa main droite]. Nous prêtons au Bon Dieu des traits trop humains. Il ne peut pas s’occuper en détail des affaires de milliards d’être humains. Je ne crois pas non plus que ce soit dans son intérêt, parce qu’ainsi il restreindrait la marge de décision des hommes. Il nous donne certaines chances et la possibilité d’y avoir recours. Il y a ce magnifique texte de Stefan Zweig, « Sternstunden der Menschheit ». Dans l’avant-propos, il a écrit des choses magnifiques sur le maréchal Grouchy. Quand le destin laisse traîner une seconde devant lui le bord de son manteau, l’homme a la chance de pouvoir s’en saisir.

Ewald-Heinrich von Kleist-Schmenzin
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Le dénominateur commun de la foi chrétienne était aussi très important chez les conjurés. Les femmes du Cercle de Kreisau, comme Freya von Moltke, Annedore Leber, Rosemarie Reichwein ou Marion comtesse Yorck, étaient aussi relativement bien informées. Ma grand-mère également, la femme de Henning von Tresckow. Elle était la conseillère politique de son mari et était en même temps la meilleure amie de Margarete von Oven, qui travaillait comme secrétaire du corps d’armée du centre et était impliquée dans cette affaire.
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Ainsi, peu à peu, à partir de 1938, mais surtout à partir de 1942, des individus qui avaient d’abord été séduits par le national-socialisme s’en détournèrent. Et, comme le montre l’exemple de Sophie Scholl, la religion devint un motif de plus en plus décisif dans la résistance au national-socialisme.
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Le 28 juillet 1944, Karl Haushofer fut arrêté et déporté à Dachau. Albrecht Haushofer, qui avait trempé dans les plans d'attentat, se réfugia dans une cabane dans les Alpes, puis avec sa mère dans une ferme proche de Partenkirchen, où trois agents de la Gestapo vinrent l'arrêter le 7 décembre 1944. Il a dit dans ses poèmes toute sa tristesse et ses regrets que lui et son père n'aient pas compris immédiatement la nocivité du régime nazi et n'aient lutté d'emblée, plus énergiquement contre Hitler:

J'ai averti — pas assez fort ni clairement !
Et aujourd'hui, je sais que j'étais coupable.

De son père, il a écrit :

Il n'a pas vu le souffle du mal.
Il a laissé s'envoler le démon du monde.
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Ces familles de l’immédiat après-guerre ont eu un problème : elles sont restées confinées dans l’isolement et la solitude qui avaient été les leurs sous le national-socialisme. Car, dans les années qui ont suivi 1945, les enfants des conjurés ont été traités « d’enfants de traitre ». Il est significatif que les veuves et les orphelins - à la différence des veuves et des orphelins de criminels nazis – n’aient perçu de retraites qu’à partir du milieu des années 1950.
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Au moment de poser sa tête sur le billot, Hans Scholl cria de toutes ses forces, de façon à être entendu dans toute la prison : « Vive la liberté ! » Avant d’être décapité, le professeur Huber évoqua la philosophie de la résistance allemande contre Napoléon : « Tu dois te conduire comme si de toi et de ton acte seul dépendait le destin de ton peuple. » Il écrivit, en des termes prémonitoires qui seront ceux de Stauffenberg et de ses amis : « L’Histoire justifiera mon action et ma volonté. […] J’ai agi comme me le dictait une voix intérieure. »
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Hitler fuyait la réalité. À la différence de Goebbels, il ne se rendait jamais dans les villes ou les quartiers bombardés. Jamais il ne vint sur le théâtre d’une bataille, à la différence de Frédéric le Grand et de Napoléon, et il ne fit que peu de visites sur les différents fronts. Il ne visita jamais un camp de concentration, à la différence de Himmler. Il préférait se pencher sur les cartes avec ses généraux et maréchaux, comme sur les projets architecturaux d’Albert Speer, comme jadis sur ses esquisses crayonnées dans sa turne de garçon, à Vienne.
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C’est sur cet humus fétide que Hitler planta son drapeau à croix gammée. Comme l’a dit un célèbre adversaire du « Führer de tous les allemands » qui échappa de peu aux sicaires de la police nazie, Otto de Habsbourg, « les démons s’installent sur les autels abandonnés ». On peut aussi citer le poète allemand Novalis : « Où il n’y a pas de Dieux, les démons règnent. »
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« Peut-être le temps viendra-t-il, écrivait dans sa prison Peter York von Wartenburg à sa mère, dans la nuit précédent son exécution, où l'on se fera une meilleure idée de notre attitude, où nous ne serons pas considérés comme des gredins, mais comme des patriotes et des sauveteurs. » Il fallait que l'attentat ait lieu et que ce « geste décisif », selon le mot de Henning von Tresckow, sauve l'Allemagne du naufrage moral. Il l'a dit : « La valeur morale d'un homme commence là où celui-ci est prêt à sacrifier sa vie pour ses convictions. »
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Le 20 juillet est la partie la plus visible de la Résistance qui s'est formée en Allemagne sous la dictature. Une Résistance aux multiples facettes, aux nombreux visages, animée par des motifs très divers, qui fut plus fréquente et répandue dans le pays qu'on ne l'a longtemps admis.
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J’ai toujours admiré Stauffenberg pour ce mélange qui le caractérisait, grand idéaliste et calculateur froid et précis en même temps. Au cours de ma vie, je n’ai pas rencontré beaucoup de gens dotés de ces deux qualités aussi bien équilibrées.

Ewald-Heinrich von Kleist-Schmenzin
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L’attentat doit avoir lieu, coûte que coûte. S’il ne réussissait pas, il faut quand même agir à Berlin. Car il n’y va plus d’un objectif pratique, mais il faut que le mouvement allemand de résistance ait osé au péril de sa vie porter un coup décisif. À côté, peu importe le reste
Henning von Tresckow (il mentionne "coûte que coûte" en français)
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Qui a dénombré les morts ? Hitler ou Goebbels ? Aucun des deux, certes. Tous les jours, il en tombe des milliers en Russie. C’est le temps de la moisson et le faucheur taille à grands gestes dans la graine mûre. Le deuil s’installe dans les chaumières du pays, et personne n’est là pour sécher les larmes des mères. Mais Hitler ment à celles dont il a volé le bien le plus cher pour l’expédier dans une mort absurde. Chaque mot qui sort de la bouche de Hitler est un mensonge. Parle-t-il de la paix, il veut dire la guerre, et si la scélératesse lui fait prononcer le nom du Tout-Puissant, il pense à la puissance du Mal, de l’Ange déchu, de Satan. Sa bouche est la gorge puante de l’enfer, et son pouvoir est au fond maudit. Il faut certes combattre contre l’État terroriste des nationaux-socialistes avec des moyens rationnels, mais celui qui doute aujourd’hui encore de l’existence des forces démoniaques est loin d’avoir compris l’arrière-plan métaphysique de cette guerre. Derrière les choses concrètes, derrière ce qui tombe sous le sens, derrière toutes les réflexions logiques, il y a l’irrationnel, c’est-à-dire la lutte contre le démon, contre le message de l’Antéchrist. »
Tract de la Rose blanche
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Hitler avait toujours méprisé les généraux. Parmi eux, beaucoup venaient de la noblesse, qu’il savait plutôt imperméable à ses idées. En 1938, interrogé sur la liquidation des généraux soviétiques par Staline, il répondit :
« Je n’aurais aucun scrupule à balayer dix mille officiers s’ils s’opposaient à ma volonté. Que sont dix mille hommes dans une nation de 80 millions d’habitants ? je n’ai pas besoin d’hommes intelligents. Je veux des hommes capables de brutalité. »
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Le plus émouvant des mouvements de résistance fut sans doute celui de la Rose blanche (Die weisse Rose), à Munich, qui, de juin 1942 à février 1943, appela à la résistance contre la guerre et les nazis su six tracts successifs tirés à des milliers d’exemplaires sur une machine à ronéotyper. Cinq étudiants étaient membres du groupe, Hans et Sophie Scholl, Willi Graf, Christian Probst et Alexander Schmorell, ainsi que leur professeur de philosophie, Kurt Huber.
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Il fallut du temps aux militaires allemands qui approchèrent Hitler pour saisir qu’ils avaient affaire à un « autre » que celui auquel ils avaient prêté serment d’obéissance. Quand Stauffenberg et Tresckow dirent que le serment prêté à Hitler par les soldats était caduc parce que lui-même l’avait rompu mille fois, ils faisaient également allusion au renversement des valeurs auquel procédait le nazisme : ce qui était bien hier était mal aujourd’hui, ce qui était mal hier était bien aujourd’hui.
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Que reste-t-il du legs des conjurés, de leur message avant leur mort en martyrs ? Quand on lit leurs dernières lettres avant l'exécution, surtout les dernières, on sent qu'ils cherchent à se donner du courage et qu'ils espèrent un jugement clément de Dieu, de leurs proches et de la postérité. Ce courage est ce que l'on appellerait dans notre vocabulaire politique d'aujourd'hui « le courage civique ». C'est ce qui restera après eux. Selon moi, le principal enseignement de la Résistance est que le moyen de lutter contre un État de non-droit est de ne pas ne laisser arriver au pouvoir.
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Contrairement à une idée reçue, l'adhésion au III Reich fut loin d'être unanime. Les nazis ne purent accéder au pouvoir avec un semblant de légalité qu'en circonvenant les forces conservatrices et le vieux président Hindenburg, puis en interdisant les autres partis et en envoyant leurs cadres en camp de concentration.
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D'aucuns, qui avaient déjà compris le rôle central de catalyseur du national-socialisme que jouait Hitler, savaient que son élimination aurait décapité le mouvement. Pour la même raison, Hitler, de son côté, se croyait invulnérable.
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