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Critiques de Jean-Paul de Dadelsen (4)
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Jonas - Les Ponts de Budapest et autres poèmes

Une poésie particulière, très personnelle, qui laisse des marques, parfois douloureuses.



Lorsque on s'empare de ce recueil de la prestigieuse collection de poésie de Gallimard, on est surpris par « l'impression en mode paysage » de la presque totalité des poèmes. « La note concernant l'établissement de la présente édition » (2005) en parle en ces termes : « La volonté exprimée par l'auteur de voir sa prosodie scrupuleusement respectée, même dans le format particulier d'une collection de poche a entraîné la disposition inhabituelle de cette édition », à une exception près, les « poèmes écrits en anglais » (pp. 222-237).



Je suis très surprise également de voir qu'il n'y a ce jour encore aucune critique sur ce recueil. Je vais essayer de remplir ce vide, en exprimant au mieux mon admiration.



Pour moi, Jean-Paul de Dadelsen est le lien poétique avec ma région d'adoption, l'Alsace, ainsi que la figure d'un être « multiculturel ». Comme l'écrit Denis de Rougemont en 1962 (cf. p. 11) : « Jean-Paul de Dadelsen était alsacien, né à Strasbourg, et son père descendait d'une famille de Hambourg, quelque peu mêlée de sang slave et possédant la bourgeoisie de Bâle. Il avait épousé une Anglaise. Il rêvait d'être un jour suisse ou chilien peut-être. Avant tout cela, Français de bon langage, d'impeccable ordonnance intellectuelle ». Il importe d'ajouter à ce portrait deux informations d'importances. Il fut également journaliste et traducteur (germaniste qui sait fort bien rendre hommage à Friedrich von Schlegel et à Johann Wolfgang von Goethe) et surtout, pour la compréhension de son oeuvre poétique, la cause de son décès dévoilée par la même note évoquée ci-dessus : « un cancer au cerveau ».



Des poèmes très touchants, qui vous prennent aux tripes, comme on dit, parfois d'inspiration biblique (Jonas, Bach en automne, La femme de Loth), parfois simplement évoquant des villes (Budapest, Valparaiso, Berlin, etc.), parfois « l'Alsace et les paysages de son enfance, le Ried puis le Sundgau, [qui] façonnent sa sensibilité poétique et marquent son oeuvre (Bach en automne, Goethe en Alsace, Cinq étapes d'un poème) ».



Je suis en train de « prolonger » cette lecture par le recueil d'Albert Strickler, Lettres à Jean-Paul de Dadelsen (Pâques 1957- Pâques 2017).



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La beauté de vivre : Poèmes et lettres à l'oncle ..

Avec peu d'œuvres éditées, on pourrait penser qu'il s'agit d'un poète obscur aux côtés de noms renommés tels ses amis Eugène Guillevic et Nathan Katz, auteurs d'une œuvre plus dense. Deux raisons à ce silence : la mort, jeune, à 44 ans et une sorte d'esquive provoquée par trois obstacles liés à une formation religieuse (narcissime culpabilisant), l'empreinte d'un milieu familial (influence maternelle) et les racines profondes d'une sensibilité germanique, trois freins que démêle parfaitement Gérard Pfister dans la préface.



Jean-Paul de Dadelsen meurt en 1957 d'une tumeur au cerveau avec une seule publication de son vivant (Bach en automne, N.R.F.). De cet homme hors du commun, on ne trouve[1] que Jonas, recueil de poésie chez Gallimard, et La sagesse de l'en-bas (Evelyne Franck, 2013), le premier essai qui lui soit consacré. Le livre qui nous occupe, édité lors du centenaire de sa naissance, propose une série de lettres et de poèmes écrits par Dadelsen à cet oncle Éric, dont il appréciait l'ouverture d'esprit et la sensibilité artistique, au point de devenir le confident privilégié du jeune homme. Ces documents ont été généreusement fournis par le petit-fils de leur destinataire, Christian Lutz qui livre par ailleurs en appendice un aperçu biographique de cet oncle. Tous les écrits datent de 1929 à 1936, la période des études supérieures de Dadelsen, lycée et licence avec une brillante agrégation en allemand. Les tout premiers poèmes en alexandrins sont artificiels et décevants, l'auteur s'en rend compte et livre à travers ses lettres une auto-critique pénétrante, l'amorce d'un cheminement intérieur, l'évolution de ses ambitions littéraires. Ce dernier adjectif l'irrite: "Je m'efforce d'être en contact aussi étroit que possible avec la vie. De travailler avec mes mains, de connaître les autres gens, et non pas les gens de cerveau, mais les gens vraiment humains. (…)...ils sont plus proches de la vie que les intellectuels et les faux artistes." La littérature, pour le jeune poète, n'est pas le conformisme "lamartino-parnasien" et comme l'indique Gérard Pfister, il sait trop de quoi il retourne: la rhétorique poétique n'est qu'une incapacité à saisir le réel.



Très vite, le lecteur se rend compte que ces lettres bien faites sont le fait d'un être très clairvoyant (on ne dira pas intelligent car Dadelsen voyait un manque d'authenticité chez les gens qui le sont trop) et doté d'une immense intériorité, quelquefois mystérieuse et toujours ouverte. Il se livre avec pudeur et grande honnêteté, sans grandiloquence ni superlatifs. Et peu d'individus se reconnaîtront pareils à ces âges là, car Dadelsen est prodigieusement mature au point, à vingt ans, d'écrire de véritables leçons de vie dans une prose noble, conseils qui seraient davantage attendus d'un homme mûr:



"Mais il ne suffit pas d'accepter, il faut aimer cette vie, fugitive et vaine."



"Le plus difficile pour Jonas: non de mourir, mais de vivre et vouloir."



Voilà l'atout de ces documents envoyés à l'oncle: l'on s'y retrouve beaucoup, d'autant plus que l'on a l'âme artistique et tournée vers la poésie.





Au-delà de la perte de la sérénité intérieure de l'enfance, Dadelsen fut un homme enthousiaste et impétueux qui appréciait la vie. La beauté de vivre est un titre qui lui sied : Ne crois point ceux qui salissent la vie selon ce qu'ils disent leur expérience de vivre. Homme actif qui rappelle Malraux ou Gary (il fut professeur, officier de parachutistes, titulaire d'émissions françaises à la BBC, conseiller d'organisations européennes), son parcours l'a conduit à se lier avec Albert Camus. Il devint correspondant à Londres de Combat.



Cette esprit positif abrite du mysticisme, car il avoue à maintes reprises ne pas être totalement l'auteur de ses poèmes : "Je n'oserais prétendre qu'il soit de moi, chacun qui aurait écouté une voix universelle aurait pu l'écrire. (...) ...soyez humbles devant la voix qui parle en vous et vous donne la force de créer et la joie et l'assouvissement...car la voix vous a choisis et vous n'êtes plus libre dès maintenant." Progressivement, la maturité s'installe qui le conduira à se sentir destiné à la création : "...parce que je ne peux plus faire autrement. Aussi court que possible ; pas de littérature, rien qui ne soit senti. Si on n'a rien à dire, on se tait."



Énergique et ironique, curieux et insaisissable, cet alsacien aux lettres parfois trop lisses et polies est une belle découverte, surprise de l'été. Le recueil, reçu grâce à l'opération Masse Critique de Babelio, vaut les meilleurs compliments pour la qualité de sa présentation, car soigné et très complet: biographie, bibliographies, sources, tables. Mes remerciements aux Éditions Arfuyen.



[1] Je retrouve également le Goethe en Alsace chez Le temps qu'il fait, illustré plus haut.




Lien : http://www.christianwery.be/..
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La beauté de vivre : Poèmes et lettres à l'oncle ..

Pour comencer un grand merci a Babelio pour m'avoir sélectionnée ;-)

Quand j'ai reçu le livre j'étais aux anges!

Enfin un livre ou je pouvais faire une critique sans l'avoir acheté donc choisis à la base.

C'est donc avec entrain que je me suis mise à sa lecture.......

Jean Paul de Dadelsen, est un adolescent quand il commence à confier ses premiers essais d'écriture à son oncle Eric.

C'est pour échapper à l'emprise exclusive de ses parents, car il se sent seul chez eux , qu'il écrit.

De Dadelsen aime écrire, mais il se questionne beaucoup sur "comment devient-on poete".

Pour arriver à la conclusion que l'on est poete ou on ne l'est pas!

Il sent pourtant qu'il a la vocation, mais restera toujours dans le doute.

Il écrira un seul livre intitulé Jonas, ou il va démontrer son talent, avec une écriture radicalement neuve, éclatante de vie, parfaitement inimitable.

Pffffff comme c'est dommage, le livre commence par une biographie de l'auteur, qui ceci dit n'était pas indiquée dans le résumer.

Bon ce n'est pas grave je vais continuer et enfin avriver aux poemes que j'attendais.

NON porquoi tout ses témoignages....Je veux les poemes, snif!!

Après tout mon choix s'était porté sur ce livre pour les poemes.

Ah enfin!

Oh non mais ou est la joie de vivre, ils sont triste et trés profonds, super pour ceux qui aiment, mais rien à voir avec le titre " La beauté de vivre".

Au final je suis trés décue ;-( Désolée......

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La beauté de vivre : Poèmes et lettres à l'oncle ..

J'ai gagné ce livre sur Masse Critique et j'ai d'abord été un peu déconcertée car ce n'est pas du tout le genre de livre que j'ai l'habitude de lire.

Finalement, j'ai été intéressé par les témoignages des proches de Jean-Paul Dadelsen qui m'ont permis de découvrir cet homme dont je n'avais jamais entendu parler.

La seconde partie du livre présente les lettres et poèmes qu'il a envoyé à son oncle Eric, seule personne de sa famille ouverte à l'art. On y découvre une poésie peu conventionnelle et un état d'esprit assez anti-conformiste.

La maturité et la réflexion de Jean-Paul Dadelsen ont été une belle découverte.

Cependant, ses poèmes (qui sont la partie la plus importante du livre), s'ils m'ont semblé assez juste de vérité ne m'ont pas émue.

Moi qui suis peu férue de poésie, je n'ai donc, malgré tout, pas été conquise par ses vers.
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