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4.07/5 (sur 14 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Strasbourg , le 20 août 1913
Mort(e) à : Zurich , le 23 juin 1957
Biographie :

Jean-Paul de Dadelsen, né à Strasbourg le 20 août 1913, alors dans l'Empire allemand, mort à Zurich le 23 juin 1957, est un poète et journaliste français.

C’est tardivement, à 39 ans, lors de son dernier séjour en Suisse, que Jean-Paul de Dadelsen compose son premier grand poème, Bach en automne (1952-1953), qu'Albert Camus publie en 1955 dans La Nouvelle Revue Française. De son vivant paraît encore, en 1956, L’invocation liminaire de Jonas et d’autres poèmes dans les Cahiers des Saisons et, en 1957, La dernière nuit de la pharmacienne et d’autres poèmes dans Preuves.
Jean-Paul de Dadelsen meurt en 1957 sans avoir pu préparer l'édition de ses poèmes. Après son décès, son épouse confie la publication de son œuvre poétique à Albert Camus pour la collection Espoir qu'il dirige chez Gallimard, mais la publication ne voit pas le jour.
Un premier recueil, comportant le cycle poétique inachevé Jonas, est publié chez Gallimard en 1962.
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« […] On dira, et c'est très vrai, qu'il débordait de vie, de drôlerie, d'une sorte d'inventivité à même le quotidien dont celui-ci ne laissait pas d'être secoué. Mais il n'était pas seulement plus bouffon, plus irrespectueux que d'autres, ou plutôt il n'était pas seulement cela… J'ai bien souvent senti plus d'inquiétude et de mécontentement que de gaieté derrière cette liberté. […] J'ai parlé de mécontentement, je devrais dire lassitude, peut-être dégoût, - en tout cas une profonde impatience. […] En somme, quelqu'un de peu sérieux, d'insaisissable, quelqu'un d'intelligent et d'impossible… […] Dadelsen (1913-1957), de tout son être, participait à l'ordre profond, qui veut que la poésie soit non pas cachée, mais lointaine en tous, à chercher du côté du silence. […] Ombre, qu'ai-je à t'offrir ? Quel pain, sinon de ténèbre et de séparation ? […] c'est à lui, et à un très petit nombre d'autres, que je dois de comprendre un peu ce qu'est la poésie. Je sais en tout cas qu'elle apparaît rarement, parce qu'il est rare que le destin d'un homme, ouvert et déchiré ou mystérieusement apaisé, ne fasse qu'un avec son langage, et cela sans que cet homme se prévale d'une supériorité quelconque sur ceux que Dadelsen nomme en toute vérité ses frères. […] » (Henri Thomas) « […] Il excellait en tout et passait au-delà, avec cette « brillante désinvolture » dont a parlé le Times au lendemain de sa mort. Reçu premier sur cent à l'agrégation d'allemand […], professeur de lycée à Marseille et Oran, puis successivement officier des parachutistes dans les Forces Françaises Libres […], mémorable correspondant étranger du Combat d'Albert Camus, titulaire d'une émission française de la B.B.C. qu'il rendit rapidement fameuse, finalement animateur et conseiller d'organisations européennes et internationales […], il semblait toujours que tout cela devait le conduire ailleurs, le préparait seulement… […] » (Denis de Rougemont) « Le difficile pour Jonas : non de mourir, mais de vivre et vouloir. Et pourtant : » (Jean-Paul de Dadelsen) 0:00 - Titre 0:06 - Bach en automne, III 0:54 - Bach en automne, VII, Sur le très saint nom 3:27 - Bach en automne, Variations sur un thème de Baudelaire 4:30 - Bach en automne 6:14 - Bach en automne 7:10 - Jonas 8:47 - Générique Contenu suggéré : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8qz5KmPK6atVKpK0rkNCCHp https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8q9¤££¤27Forces Françaises Libres32¤££¤6d-Cbyg https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rlQry823Dg4KwOTjaFeZ3e https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rkc-PKWlQjDkBnhnhLhAaX https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pPO4gzs6¤££¤12JeanPaulDeDadelsen48¤££¤8 https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤49JeanPaulDeDadelsen50¤££¤ Référence bibliographique : Jean-Paul de Dadelsen, Jonas, Paris, Gallimard, 1962 Image d'illustration : https://docplayer.fr/72665452-8-es-rencontres-europeennes-de-litterature-ecrire-l-alsace-avec-jean-paul-de-dadelsen-de-mars-a-novembre-2013.html Bande sonore originale : Carlos Viola - Alexandre Site : https://thegamekitchen.bandcamp.com/track/alexandre-2 SOUTENEZ les efforts du « Veilleur des Livres » : https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=W2WVWAMNPGV4E #JeanPaulDeDadelsen #Jonas #PoésieFrançaise

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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Et pourtant Seigneur
je suis Vous, je suis une goutte infime de la même mer que les saints
et les anges, je suis un fil de la même tunique sans couture

(p. 72)
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[PSAUME]
La baleine, dit Jonas, c’est la guerre et son black-out.
La baleine, c’est la ville et ses puits profonds et ses casernes
La baleine, c’est la campagne et son enlisement dans la terre et l’épicerie
et la main morte et le cul mal lavé et l’argent.
La baleine, c’est la société, et ses tabous, et sa vanité, et son ignorance.
La baleine, c’est (dans bien des cas, mes frères, mes sœurs) le mariage.
La baleine, c’est l’amour de soi. Et d’autres choses encore que je vous dirai
Plus tard quand vous serez un peu moins obtus (à partir de la page x).
La baleine, c’est la vie incarnée.
La baleine, c’est la création, en fin de compte superflue, mais indispensable pour cette
expérience gratuite et d’ailleurs quasiment inintelligible.
La baleine est toujours plus loin, plus vaste ; croyez-moi, on n’échappe guère, on échappe
difficilement à la baleine.
La baleine est nécessaire...
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Les arbres dorment comme un corps inerte,
Un papillon se hâte vers sa perte.
Seul, sans recours, il faut fermer les yeux
Et tout au fond du noir creuser vers Dieu.

(p. 73)
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         BACH EN AUTOMNE

                  V


À travers la futaie de l’orgue le souffle qui chantera la gloire du Seigneur
Est à larges semelles boueuses pompé par le fossoyeur sacristain.
Dans son effort boiteux sur le soufflet, le bonhomme, tête levée,
Bras à la barre, les jambes écartées figure une difforme
         Étoile pentagonale

À mi-chemin entre l’origine et la perfection des temps,
Cinq est le chiffre de l’homme, irrésolu parmi les choses certaines.
Désordre essentiel dans la balance. Arbre mobile,
Animal hésitant, ange aveuglé. Adam dresse dans la lumière
         Le cri de son infirmité.

Le pâtre, le pêcheur, et l’arbre même sont minuscules sur la plaine.
Grand arbre horizontal, j’ai souvent regardé le fleuve. Ô platitude divine !
Tandis que sur un même obstacle l’eau successive répète une forme perpétuelle
L’Elbe depuis la mer jusqu’à ses mille sources demeure
         Partout présente d’un seul tenant.

J’ai vu l’oiseau judicieux pêcher de son bec courbe et jaune,
Le soleil d’entre les nuages allumer les bulles de la carpe. Ce sont
Détails heureux. Mais gonflé de pluie ou rumeur dans la brume
La voix qu’impose le fleuve surgit de la constance
         D’une eau sans visage et sans nom.

Maintenant que ma vie est étale dans la plaine assombrie
Et que la nuit avec indifférence vient lisser mes eaux taciturnes,
Accorde-moi Seigneur, à l’heure où de tes profondeurs
Affleure l’ordre sonnant des astres , de refléter encore
         Leurs intervalles immuables.

p.29-30
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Jean-Paul de Dadelsen
Arrête-toi. Au lieu de haleter de seconde en seconde
Comme un torrent de roc en roc dévalant sans vertu,
Respire
Plus lentement et sans bouger, les pieds croisés, les mains jointes,
Regarde, comme si c'était le monde tout entier,
Un objet, menu et domestique, par exemple
Cette tasse.

Néglige sa courbure, ce bord ondulé, ces dessins bleus.
Ne considère que l'intérieur, cette cavité blanche, cette surface
Lisse.
L'eau n'est lisse ainsi que les soirs de grand calme
Après une journée qui rassemble et retient son bonheur
Au centre du silence où s'arrête son
Souffle.

Peux-tu nommer une jour, une heure, sans reflets d'hier,
Sans impatience de demain, où ton âme fut ainsi
Lisse ?

N'écoute pas ton coeur, ne compte pas ton pouls, ne songe pas
Au temps qui vers la mort te traverse, mais seulement
En arrêtant ton souffle regarde cette pure et seule qualité
De lisse. ...

Voici l'entrée, non pas de la sagesse, ni du silence,
Ni du parfait pouvoir sur toi-même et ton ombre,
Mais d'une première
Cavité assez lisse pour contenir une poignée de paix.
Maintenant tu peux dormir, les pieds joints pour ne pas couper
Le courant, les mains jointes, maintenant tu peux
T'élever

Lentement, calmement un peu plus haut que ton corps étendu
Et dénoué, comme si tu n'habitais plus que ta tête
Ou tes narines
Ou les environs immédiats de l'oeil pinéal ;
Maintenant au-dessus de ton corps, pacifié, au-dessus
De ta boîte à sornettes, dans le fluide lisse de ton âme déployée, tu peux
Veiller.

Jonas - 1962
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Crépuscule


Salomon sait la malice, la ruse, l’intrigue
la longue ambition dissimulée, la grande
concupiscence du pouvoir qui brûle les chétifs,
ceux qui jamais ne furent, jamais ne seront, rois.

Salomon a vu se ranger les armées, trépignantes
de sottise sacrifiée sous les torchons sacrés.
Salomon a connu, assis sur leurs sacs de laine,
les juges frileusement jouant à décider d’autrui.

Salomon n’est pas désarmé devant le soir
qui ouvrant le sérail laisse derrière la tenture entrebâillée
une longue lueur verte mourir sur les collines confuses
d’où un jour très lointain doit venir le salut.

L’heure n’est pas aux prêtres délirants, aux mages
prophètes sautants et glapissants de haine dédiée.
L’heure est tout entière, et pour des siècles encore, à la seule
attente d’une venue qui tardera longtemps sur les collines.

Il est des siècles où le temps stagne. Pourtant
belles les moissons, pleines les brebis, à flots
les génisses au soir, les femmes à foison
à grands frais amenées entravées de soie.

Il est des nuits à se créer le vide dans l’âme
Qui plane haut au-dessus du corps contenté
Vide de toute brûlure. Il est des nuits où la chouette
Crie sans désir et sans regret dans l’arbre mort.
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DÉPASSÉ. PROVISOIREMENT


Sombre. Mais l’espace plus vaste.
Moins de gens. Le sentier dans l’obscurité
mène-t-il vers une solitude plus vraie ?
Peut-être est-ce à cet âge, en ce lieu, ici
que se partagent les routes.

Sombres heures, journées, semaines. Ainsi
dans la plaine de ton enfance, les eaux très lisses,
très silencieuses. Et noires. Le cœur
s’est lassé de courir. À pas plus lents.
à pas presque égaux, ce cœur
nous entraîne sans bruit vers l’ampleur de la nuit.

Il ne désire plus. Ne gambade plus. Ne se cabre plus.
Mais à voix basse, dans la brise obscure, il chante encore.
Lente chanson linéaire, horizontale,
sans grincements, sans grimaces, sans cris.

Il est temps de dormir. Faut-il présentement
attendre le retour d’une aube plus mûre
pour un travail plus régulier ?
Ou faut-il déjà, faut-il vraiment, faut-il
descendre vers les rives de la grande eau souterraine ?

p.146-147
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Sur le nom de Bach (*)


Extrait 3

Le renard pris au piège à dents aiguës se coupe une patte pour
                                                  retrouver
Sa libre faim parmi les arbres noirs. La chenille se hâte vers le
                                                      soir
Où elle ira se brûler à la lampe. Le cerf brâme après la fraîcheur
                                                  des eaux.
    Rien n’est tout à fait muet.
Même la pierre est active. Rien ne se refuse, sauf,
Quand elle se complaît à elle-même dans les ténèbres de sa
                                                captivité,
           L’âme.


* Dans la notation allemande, B = si bémol ; A = la ; C = do ; H = si naturel. Ainsi traduit, le nom de
Bach constitue un thème en si bémol mineur, qu’il a utilisé comme troisième thème dans la grande fugue inachevée de l’Art de la fugue.
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Tourne vers ton souverain condamné
Ton masque de poupée qui sourit. Ô seule forte et seule sage,
Ô seule école de la mort !
(Un chant de Salomon)
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Quel jardinier bizarre est le maître qui
fait attendre à celui qui plante un arbre qu’il soit mort
avant de laisser mûrir le fruit.

(p. 139)
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