En réalité, le public venait pour trois ou quatre auteurs-vedettes. L'un d'eux paradait devant une file de lecteurs, qui attendaient patiemment qu'il leur dédicaçât son dernier roman sur la Russie. Ils ressemblaient à des touristes qui voulaient rapporter des souvenirs de vacances (certains se faisaient photographier à côté de lui), mais ils n'étaient pas plus des lecteurs que leur auteur favori n'était un écrivain. Dans Ogonick, un journal moscovite, Andreï Arkhangelski, qui avait lu son livre, l'accusait d'accumuler les poncifs sur la Russie. Et de citer quelques perles du genre : « Les ponts de Saint-Pétersbourg s'écartaient comme des cuisses », ou encore : « Au moins, en Russie, les filles sont belles ».