Le despotisme colonial est bien documenté. Ses conséquences sur la construction de la bureaucratie coloniale le sont moins. Et pourtant, elles sont évidentes. L’ampleur du fossé entre bureaucrates et usagers « indigènes », comme les dispositions du code de l’indigénat et les habitudes coloniales dominantes (racisme et paternalisme en proportions variables) ont introduit une très grande marge d’arbitraire et même de violence dans la rationalité procédurale de la bureaucratie classique métropolitaine officiellement importée « clé en main » dans les colonies .
Les conséquences à long terme sont importantes, dans la mesure où, au-delà du mépris souvent affiché de beaucoup de fonctionnaires européens pour leurs administrés, ce sont des générations d’auxiliaires et de « commis » africains qui ont appris auprès des colonisateurs à édifier une barrière entre eux-mêmes et les populations locales, à construire leur supériorité par l’affirmation de l’infériorité des autres, à « mal traiter » leurs « administrés », à user de l’arbitraire...
Avec l’indépendance, non seulement ces petits fonctionnaires africains accèderont aux responsabilités dans la continuité avec la machine administrative coloniale antérieure (prenant simplement la place des anciens maîtres européens du pays), mais en outre ils permettront, voire parfois favoriseront, la reproduction chez leurs subordonnés de cette « culture administrative » assez particulière héritée de la colonisation (au-delà bien sûr de diverses exceptions).
Les pauvres ont recours couramment à l’automédication par les plantes médicinales par manque de disponibilité financière. Ils soignent, avec les remèdes végétaux, le paludisme, les maux de tête, la constipation, la diarrhée, le ballonnement intestinal, la jaunisse, les hémorroïdes, le diabète, l’ulcère, les douleurs articulaires, les courbatures, les troubles des menstrues, l’hypertension, la toux, les maladies des enfants etc…A côté des troubles courants, sont traités aussi les maladies chroniques graves comme l’hypertension artérielle et le diabète dont le traitement continu est difficile pour des malades sans revenu régulier.
Les plantes sont d’accès facile. Les malades ou leurs parents les cueillent eux-mêmes dans les quartiers périphériques de Bamako, Conakry ou Niamey. Pour certains traitements courants ils les ont plantés dans leur concession.
La salle d’accouchement est le service où la corruption semble flagrante ; en tout cas, c’est ce service qui est couramment « dénoncé ». Ici, on décrit le « vol » des sages-femmes lors de l’accouchement ; elles volent des produits des femmes qui viennent accoucher : savon, poudre, parfum, restes de médicaments prescrits à la parturiente, etc.