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Citation de KahlanAmnell


Seigneur, je viens à vous. Car enfin aujourd'hui,
Si vous m'abandonnez, quel sera mon appui ?
Sans Parents, sans Amis, désolée, et craintive,
Reine longtemps de nom, et en effet Captive,
Et Veuve maintenant sans avoir eu d'Epoux,
Seigneur, de mes malheurs ce sont là les plus doux.
Je tremble à vous nommer l'Ennemi qui m'opprime.
J'espère toutefois qu'un Coeur si magnanime
Ne sacrifiera point les pleurs des Malheureux
Aux intérêts du sang qui vous unit tous deux.
Vous devez à ces mots reconnaître Pharnace.
C'est lui, Seigneur, c'est lui dont la coupable audace
Veut la force à la main m'attacher à son sort
Par un hymen pour moi plus cruel que la mort.
Sous quel Astre ennemi faut-il que je sois née?
Au joug d'un autre hymen sans amour destinée,
A peine je suis libre, et goûte quelque paix,
Qu'il faut que je me livre à tout ce que je hais.
Peut-être je devrais plus humble en ma misère
Me souvenir du moins que je parle à son Frère.
Mais soit raison, destin, soit que ma haine en lui
Confonde les Romains dont il cherche l'appui,
Jamais Hymen formé sous le plus noir auspice
De l'Hymen que je crains n'égala le supplice.
Et si Monime en pleurs ne peut vous émouvoir,
Si je n'ai plus pour moi que mon seul désespoir;
Au pied du même Autel, où je suis attendue,
Seigneur, vous me verrez à moi-même rendue
Percer ce triste coeur qu'on veut tyranniser,
Et dont jamais encore je n'ai pu disposer.

(I, 2)
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