Marc-Aurèle se retrouve avec lui-même, se reprend en main après ces journées passées à assumer une fonction, un rôle, la fonction d'empereur, le rôle de mari, de frère ou de père, toutes responsabilités par rapport auxquelles il se sentira constamment du recul. Marc Aurèle essaie de se débarrasser de ces défroques qui tiennent si fortement à la peau pour retrouver, le vrai, l'authentique qui est en lui. Il se soumet à ce traitement terrible qui, avant d'être une méditation, est une sorte de purification par laquelle il cherche à décaper tout ce qui est adventice. L'écriture est un outil, presque une arme dans cette démarche. C'est par elle qu'il se nettoie, qu'il se concentre, qu'il rentre en lui-même. On s'est interrogé à juste titre sur l'origine de cette technique qui s'apparente à l'examen de conscience sans en être un, car elle a plutôt pour but de faire apparaître cette conscience que de l'examiner. Ce qui est certain, c'est que c'est une arme meurtrière et qui n'épargne pas celui qui la manie.
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