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Critiques de Jean Wirth (3)
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L'image à la fin du Moyen Age

Fin d'un triptyque sur l'image au Moyen Âge : après un livre sur l'image à l'époque romane et l'image en période gothique, voici le couronnement d'une réflexion sur ce vaste sujet. Alors que l'art pictural connaît une véritable révolution avec Giotto - dont l'oeuvre, qui sans faire oublier Cimabue semble dépasser ce dernier et le reléguer au second plan, tant elle semble être réaliste avec son sens de la perspective, ses jeux d'ombre et de lumière et la vie qui anime ses personnages -, il importe de définir ce que l'on entend ici par image. Jean Wirth se livre à cet exercice avec maestria.



Car il y a un double phénomène : l'un est matériel, l'autre est spirituel, et c'est dans le mélange des deux que l'on peut arriver à donner à l'objet et à l'image un pouvoir que la matière seule est impuissante à fournir. Si pour certains, l'image n'est qu'un support pour la prière, un moyen de bien ou de mieux faire oraison, pour d'autres elle est la chose réelle et l'être qu'elle représente. Ne risque-t-on pas alors de confondre l'image et le saint sujet : ce Christ qui s'affine en se dévirilisant ou ce Christ qui souffre humainement en croix, ou cette Vierge enveloppante, accueillante et "ouvrante" qui peut enfermer toute créature et toute création, au point que l'on peut croire qu'elle peut enfermer et protéger le Créateur non sous les traits d'un père mais sous ceux du Fils ? Ces saints auxquels on attribue des pouvoirs de thaumaturges ou d'intercession à l'égal de Marie ? On n'est pas loin du culte des images, et la tentation iconoclaste pour ceux qui dénoncent cette tendance existe bel et bien qui fait que l'on peut vouloir, par réaction, s'en prendre à ces images, car tout le monde ne tombe pas dans l'admiration béate et la vénération déplacée, et les gestes de violence et de destruction des objets et des images n'a qu'un seul but : montrer aux fidèles que c'est dans la prière, individuelle et communautaire, dans la vie sacramentelle et dans l'exercice de la charité que le croyant peut se ressourcer et rechercher la voie du salut. On n'est déjà plus très loin de la Réforme protestante.

L'image, après avoir été presque "déifiée" ou "sanctifiée", se voit ramenée à sa dimension d'objet et, prise pour elle-même, elle peut alors acquérir une valeur purement esthétique aux yeux de ceux qui la regardent. Et c'est alors que l'art peut échapper progressivement au domaine religieux. L'oeuvre de Giotto apparaît comme une "porte de la vérité" aussi bien pour celui qui croit, comme on le faisait au Moyen Âge ou comme on peut continuer de le faire maintenant, que pour celui qui la considère froidement dans le monde en voie de déchristianisation qui est le nôtre. Parallèlement, on s'éloigne des stéréotypes d'autrefois. le réalisme qui fait reconnaître chacun comme unique en sa singularité prend le pas sur les modèles reproduits sans trop de particularités. On embrassait et couvrait de baisers un symbole que l'on prenait pour l'être. Dorénavant, on ne contemplera plus qu'avec le sens du beau ou au contraire avec un certain réalisme ce que l'on considérera comme le rendu du réel jusqu'à l'apparition de la photographie à la fin du XIXe siècle. C'est sans doute avec ce saut qualitatif et cette émancipation que se fait le passage entre le Moyen Âge finissant et la Renaissance et tout ce qui la suivra.



François Sarindar
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Villard de Honnecourt, architecte du XIIIe ..

C'était devenu un objet d'interrogation, voire une possibilité de dévaloriser ce travail et son auteur, de leur contester toute originalité et preque toute importance avant que Jean Wirth ne tranche, et, je le crois, définitivement la question : acte courageux en un temps où l'on discute sans fin, sans oser affirmer qu'une hypothèse puisse réellement se transformer en certitude incontestable. de quoi s'agit-il ? D'un carnet de 32 ou de 33 folios qui ont trouvé leur place à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Ms Fr 19093. Un certain Édouard Schneegans a pu distinguer dans ce carnet couvert de dessins concernant l'architecture et la sculpture religieuses du XIIIème siècle trois écritures différentes et complémentaires, sans qu'aucun n'ait élucidé s'il s'agissait de l'oeuvre d' "amateurs" ou de "spécialistes" et s'ils présentaient véritablement un intérêt quelconque pour la mise en rapport avec les constructions en cours de réalisation ou en voie de finalisation, contemporaines de ce manuscrit et, enfin, sans qu'aucun n'ait correctement reconnu entre les trois "auteurs" la main du principal d'entre eux, le très célèbre mais aussi trop longtemps "démonétisé" - en tout cas depuis 1970 environ - Villard de Honnecourt. On pensait jusqu'à ce que Jean Wirth n'intervienne qu'il s'agissait du "Meister 1" selon la terminologie de Schneegans. Mais Jean Wirth a opté, et avec raison, pour le "Meister 2", qui montrait une grande maîtrise et un professionnalisme certain. Il importait de rendre à l'auteur principal de ce carnet, la valeur de fait irremplaçable qui est la sienne. jean Wirth le fait en six chapitres dans ce livre justement intitulé : Villard de Honnecourt, architecte du XIIIe siècle. Au terme de son travail, Jean Wirth met en évidence que, si l'on ne connaît rien ou presque de l'homme à part ce travail écrit, il est possible de mieux entrer en son univers et de parler de lui en le suivant partout où il est passé - et l'on en sait assez là-dessus - et par les chantiers architecturaux qu'il a pu voir ou auxquels il a pu être associé.



François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (1338-1358), publié en 2019.
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L'image à la fin du Moyen Age

La trilogie wirthienne ne présente un intérêt que sur les points où Jean Wirth est compétent: le Carolingien et le Roman. Encore se trouve-t-il là aussi bien souvent dépassé, et même fermement contredit (par la SFA, notoirement).
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