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4.57/5 (sur 107 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Lille , le 21 octobre 1967
Mort(e) à : Lille , le 20 février 2021
Biographie :

Jean-Yves Moyart (aussi connu sous le pseudonyme de Maître Mô) était avocat pénaliste et blogueur.

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Extrait du livre audio « le Livre de Maître Mô » de Jean-Yves Moyart lu par Hugues Martel. Parution numérique le 14 décembre 2022. https://www.audiolib.fr/livre/le-livre-de-maitre-mo-9791035411091/


Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je l’avais rangé dans mon puits sans fond personnel, cette terrible catégorie des « réprouvés de Dieu », des gentils qui n’ont jamais de bol et ne nuisent jamais à personne, trop occupés qu’ils sont à tenter de compenser le mal que la vie, si chienne parfois, s’acharne à leur faire subir quoi qu’ils fassent pour s’en protéger – et qui n’y arrivent jamais, comme s’il « était écrit » qu’ils sont nés pour se débattre dans de la vase trop molle pour en sortir. Ceux dont personne ne se souvient, qu’on voit à peine, et qui ne demandent que ça, qu’on ne se soucie pas d’eux.
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J’imagine que se raconter sans jamais se mettre en avant, et décrire sa déchéance à un parfait étranger sans une once d’égard ou de commisération pour soi-même, relève aussi de cette maladie terrible, qui fait qu’à l’encontre de tous les instincts vitaux, on ne s’aime, soudain, vraiment plus, en rien…
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Certaines personnes ont tellement souffert qu'elles n'ont aucune, strictement aucune méchanceté en elles. Ce sont des proies faciles, mais elles inspirent aussi un drôle de respect.
Une fois de plus, j'ai reçu en pleine face, la dignité des gens frappés d'injustice.
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Il faut à tout prix, quand on est avocat et qu’on « fait du pénal », trouver le moyen de conserver en soi, quoi qu’il arrive, quelques repères phares, une sorte de réservoir à illusions, la ressource permettant de penser, à chaque affaire, à chaque révélation, que non, ce n’est pas la vraie vie, seulement une histoire parmi tant d’autres, normales et heureuses, elles ; qu’on a fait le choix, en exerçant ce métier, de collectionner ce que l’humanité peut offrir de plus navrant et de plus dur, des tombereaux de douleurs variées – mais que ça reste des accidents, au sens étymologique du terme, événement imprévu, imprévisible, malheur…
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On est cons jusqu’à ce que la vie nous le mette sous le nez, parfois…
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Enfin, le moment fatidique arriva. Ayant remercié le procureur, le président annonça avec un sourire, selon un usage affreusement stressant mais totalement perdu aujourd’hui, ce qui est bien dommage : « Le tribunal va maintenant entendre la défense, et se réjouit d’entendre pour la première fois Maître Mô. Maître, vous avez la parole. »
Les avocats connaissent l’état dans lequel on est à ce moment précis, et qui perdure toujours peu ou prou, notamment devant une cour d’assises : un long tunnel blanc et la bouche sèche…
Cette « annonce », de même que les dénégations farouches et contre nature de Farid, avait éveillé la curiosité de la salle, dès lors silencieuse et attentive.
Je dis « Merci, monsieur le président… » d’une voix que je voulais assurée, et me levai de mon banc comme monté sur ressorts, avec une rapidité proportionnelle à ma trouille.
L’un de mes grands pieds se prit alors dans l’une des suspentes de ma robe, et ma précipitation fit le reste. Mon mouvement vers l’avant fut immédiatement contrecarré avec force par le poids de ma jambe tirant ma robe vers l’arrière. J’eus le temps de me redresser de tout mon long avant que cette énergie invisible m’envoie littéralement valser vers la salle, au-dessus du banc, tandis que mes bras moulinaient désespérément vers le plafond, lâchant au passage mon dossier dont les feuilles explosèrent littéralement en tous sens, une partie au tribunal, une partie je ne sais où, une feuille sur les genoux de Farid toujours assis là, et qui n’en croyait pas ses yeux.
Je me retrouvai allongé sur le dos, les jambes au-dessus du banc, les bras en croix, un genou douloureux, et l’orgueil à jamais réduit à néant, tandis que tout le monde sans exception – public, greffiers, escortes, magistrats – riait à gorge déployée, un de ces fous rires de salle inextinguibles et absolument horribles à vivre… quand on en est l’objet.
La robe déchirée, mon dossier éparpillé, un genou en vrac, je me relevai péniblement pendant qu’autour on finissait par se calmer – Farid n’avait pas ri, il lisait la feuille de notes qui lui était tombée dessus. Je lui en serai reconnaissant à vie.
Le président reprit le premier son sérieux, me demanda gentiment si ça allait, et me rendit une parole que j’avais moi-même fait tomber par terre avec ce petit mot : « J’espère que ce n’est pas la défense de monsieur qui s’écroule… »
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Essayez de décrire à la cour ce qui aurait dû se passer, normalement, si tout avait été normal, depuis la rencontre de Gérald. Comment ça aurait pu, comment ça aurait dû se passer, après ? » Les jurés ont, je crois, ressenti comme moi son incapacité totale à répondre à cette question. Je n’ai obtenu qu’un mutisme et le spectacle d’un front plissé ; après d’autres questions entrecoupées de silences, il a fini par murmurer : « On n’aurait pas dû lui faire du mal »
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Le droit pénal revient fréquemment, en définitive, à faire ce qui est interdit lorsqu’on est historien : juger et réécrire l’histoire a posteriori
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Il existe un degré d’obstination ou de dénégation qui me convainc toujours, un stade où il est tellement peu intéressant de mentir que l’idée même d’un mensonge devient absurde. À ce stade-là, on n’a plus de raison de croire que ce n’est pas vrai ; on peut bien sûr se faire avoir, ça m’arrive régulièrement
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Aujourd’hui, même si elle a appris à vivre avec, elle traîne cette gangrène terrible, celle que toutes les victimes connaissent, leur pire ennemie, je crois : la culpabilité. Elle essaie d’en guérir, soutenue par une psychothérapie.
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