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Citation de Cielvariable


Malao bondissait d'arbre en arbre, sous le clair de lune. L'angoisse lui donnait une énergie qui le poussait de plus en plus loin dans la forêt. Il devait mettre toute la distance possible entre le monastère de Tsangchen et lui. Ying était bel et bien revenu - et il était plus dangereux que jamais.
Malao sauta de la fourche noueuse d'un chêne centenaire et vola dans le ciel nocturne.
Il atterrit sur la branche d'un jeune érable et s'arrêta. Il avait de la chance d'être en vie, sans parler du fait qu'il s'en était tiré indemne. Tout comme ses frères Fu, Seh, Hok et Long. Mais le monastère de Tsangchen était en ruine et ses moines-guerriers - les grands frères et les professeurs de Malao - étaient tous morts.
Malao se mit à trembler. Les coups de tonnerre qu'il avait entendus venaient d'une nouvelle arme dévastatrice appelée un qiang. D'un seul doigt, un soldat sans le moindre entraînement pouvait désormais tuer un maître de kung-fu. Ying avait un qiang et, grâce à ça, le pouvoir d'un dragon. Mais ça ne lui avait pas suffi. En plus, il s'était scarifié le visage et avait coloré les entailles avec du pigment vert. Il s'était fendu la langue pour la rendre fourchue, et limé les dents et les ongles en pointes aiguisées. À présent, Ying avait aussi l'allure d'un dragon. Un dragon de seize ans mû par une folie vengeresse.
Malao frémit et empoigna une grosse liane. Il sauta de l'érable élancé et se balança vers un orme volumineux, les pieds tendus devant lui.
«Dispersez-vous aux quatre vents et découvrez les secrets de Ying, ainsi que les vôtres, leur avait dit le grand maître. Dévoilez le passé, car c'est votre avenir.»
Malao lâcha la liane et gagna d'un saut périlleux avant l'une des hautes branches de l'orme. «Pourquoi le grand maître n'a-t-il caché que nous cinq ? se demanda-t-il. Qu'est-ce qu'on a de si spécial ?»
Le grand maître n'avait donné qu'un seul indice : il avait dit que Malao et ses quatre frères étaient liés les uns aux autres, ainsi qu'à Ying. Ils étaient tous orphelins, même Ying, et Malao avait deviné que ça jouait un rôle dans l'affaire. Mais ça n'expliquait pas grand-chose. Ils ne pouvaient pas avoir eu les mêmes parents, c'était impossible. Ils étaient tous trop dif­férents.
Malao regarda ses petites mains brunes. Maître de kung-fu, il pratiquait le style du singe - rien à voir avec Fu, «tigre» colossal et terriblement agressif, ni avec Seh, «serpent» filiforme et renfermé, qui avaient douze ans tous les deux. Quant à Hok, «grue» rationnelle et claire de peau, qui avait douze ans aussi, et à Long, «dragon» sage et musclé, qui avait treize ans, il leur ressemblait encore moins.
Malao soupira. Ils lui manquaient déjà.
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