A table, près de Jeanne-Marie, Marcel mangeait en fermant les yeux pour rejoindre Jean-Baptiste sur des océans fabuleux, là où glissaient les jonques des pirates, dans des villes païennes pleines de chants, de fumée et de cris, et dans des forêts parfumées peuplées d'animaux sauvages et d'indigènes redoutables qui regarderaient son frère avec respect et terreur comme s'il était l'Archange invincible, le destructeur des fléaux, à nouveau dévoué au salut des hommes, et, au catéchisme, il écoutait sans rien dire les mensonges de l'évangéliste car il savait ce qu'était une apocalypse et il savait qu'à la fin du monde le ciel ne s'ouvrait pas, qu'il n'y avait ni cavaliers ni trompettes ni nombre de la bête, aucun monstre, mais seulement le silence, si bien qu'on pouvait croire qu'il ne s'était rien passé.