- Tu te souviens de ce que disait maman ? Qu'il n'y a pas de magie plus puissante que l'amour.
Confiance. Un joli mot que les gens brandissent sans jamais en appliquer le concept.
- J'ai peur, aussi. D'avoir mal jusqu'à la fin de mes jours, ou de ne pas pouvoir réaliser mes rêves. De ne pas avoir la vie que je voudrais. (Elle me regarde les joues baignées de larmes.) Ou de t'empêcher d'avoir celle que tu mérites, toi.
Je me demande ce que ça fait, de peindre avec une telle insouciance. De pouvoir manier le pinceau sans craindre que la magie ne s'approprie le portrait. De d'abandonner à l'extase de la création la plus pure.
— Tu te souviens de ce que disait maman ? Qu’il n’y a pas de magie plus puissante que l’amour ? je murmure tandis que mes larmes lui éclaboussent les joues.
J’attends qu’elle me réponde, qu’elle lève la tête vers moi et qu’elle me serre dans ses bras.
Mais elle n’en fait rien, évidemment.
— Ça devait être un mensonge, je chuchote. Parce que l’amour que j’éprouve pour toi… Je suis certaine qu’aucun être humain n’en a aimé un autre autant dans toute l’histoire de l’humanité. (Ma voix se brise, et je la serre un peu plus fort.) Si l’amour était magique, il nous aurait sauvées depuis longtemps.
- Je viens à peine de vous rencontrer, Miss Whitlock, rétorque-t-il avec un sourire amusé. Qu'est-ce qui vous fait croire que je voudrais vous confier mes secrets ?
- Je viens à peine de vous rencontrer, monsieur Harris, pourtant vous connaissez déjà mon secret le plus dangereux. Ce n'est que justice que vous me disiez quelque chose à votre sujet.
Il y a des choses qui méritent qu'on se batte, Myra, et vous en faites partie.
- J'ai passé des années à m'excuser d'être comme je suis, mais c'est fini, poursuit-il en me serrant contre lui. Je ne crois plus au mensonge que vous m'avez toujours répété, selon lequel je ne serais pas un homme, un vrai, parce que je ne suis pas comme vous. Les obstacles que je dois surmonter ne changent rien au respect que je mérite. Au contraire, j'ai beaucoup plus de force que vous n'en aurez jamais parce que j'ai dû me battre pour tout, et chacune de mes petites victoires m'a enseigné la compassion et la bonté. J'ai appris à voir le monde tel qu'il est, pas tel que j'aimerais qu'il soit. Alors poussez-vous, monsieur. Je ne vais plus brider ma grandeur pour que vous vous sentiez supérieur.
Parce que j'aurais beau épuiser tous mes pinceaux et toutes mes couleurs, je n'arriverais jamais à capturer ce moment - un moment que, par le passé, j'aurais peut être trouvé imparfait, alors qu'il est d'une perfection qui échappe à toute description.
Ça faisait des siècles que j'avais l'impression d'être un mort-vivant, mais vous avez débarqué comme une explosion de vie. Brusquement je me rappelle ce que ça fait de respirer, de rire, d'éprouver de l'espoir chaque matin au réveil.