Forgery of Roses
J'ai à l'origine choisi ce livre parce que j'avais entendu dire que le livre contenait une enquête, et qu'une grande partie de l'histoire était consacrée à l'investigation et la résolution de cette même enquête autour de la mort du fils du gouverneur. le livre était en plus assez beau, et j'avais envie de continuer ma lecture de livres de Young Adult en sachant que Chasseurs de flamme m'avait bien motivé à continuer !
Qu'en est-il, alors ?
J'ai mis à ce livre la note de 3.5. C'est une lecture sympathique, le livre se lit très vite (il fait 470 pages) et la plume de l'autrice, bien qu'intéressante notamment dans son développement du milieu artistique, n'a rien de particulier qui n'entrave ou ne complimente la lecture. En somme,
A forgery of Roses est l'un de ces livres que l'on peut qualifier de sympathique sans être non plus mémorable : agréable sur le court terme, mais facilement oubliable. Parlons des points principaux du livre.
- L'ambiance, l'univers, les décors : Plongé dans un Londres à l'aspect post révolution industrielle au début du XIXème siècle, l'autrice met ici en valeur un monde où tous vénéreraient un dieu appelé l'Artiste, qui aurait créé le monde sur une toile afin de faire plaisir à sa Chère Dame. L'univers serait apparu de cette manière. Je trouve l'idée intéressante sur le papier, mais elle témoigne de deux faiblesses majeures : premièrement, il est difficile de prendre au sérieux un dieu "artiste" en établissant un Londres presque identique à celui de notre monde! Cette critique va de pair avec la magie, qui n'a pas grande consistance : dans ce monde, la magie s'incarne sous la forme de peinture et n'est réservé qu'à une poignée de personnes (des lignées héréditaires j'imagine, car ce n'est pas expliqué dans le livre) qui peuvent modifier l'apparence physique de leur sujet en les peignant à leur convenance. Ils sont chassés et tués car le gouverneur les déteste. Je trouve que c'est assez faible comme raisonnement, et il est difficile d'envisager une société où les Prodiges (c'est comme ça qu'ils sont appelés) seraient en faiblesse face aux humains normaux.
Plus encore, on ressent aussi de la part de l'autrice que le monde construit est superficiel : si l'on se met à réfléchir un peu trop, on constate bien vite que le monde ne tient pas debout. Les personnages font mention de l'utilisation du plastique, mais roulent toujours en chariot tiré par des chevaux. On ne comprend pas bien l'utilisation du dieu, l'Artiste : comment est-ce qu'il était perçu avant ? Quels changements est-ce que cela a apporté aux civilisations antiques, qui avaient leur propre religion ?
Le problème majeur venant donc de la superposition d'un monde sensible au notre : ici, il n'est pas question d'une contrée lointaine, mais bien de Londres. Donc en supposant que notre monde soit le même que celui dépeint dans le livre, eh bien l'ajout de cette "religion" ajoute une vague d'incohérences concernant toutes les civilisations qui n'ont jamais existés. Il y a trop peu d'informations sur le fonctionnement de la magie et sur cette religion pour qu'elle en devienne crédible.
- Les personnages : Pour la plupart, ces personnages sont assez sympathiques. J'ai vu des critiques déclarer leur haine pour la soeur du personnage principal, qui serait bien trop agaçante et présente dans le livre. Personnellement, c'est l'un des points où je ne suis pas en phase avec les critiques : sa soeur est malade et montre un intérêt prononcé pour la biologie, ce qui nous donne des passages vraiment touchants entre Myra (la protagoniste) et Lucy (sa soeur). La relation entre ses deux soeurs, bien que superficielle, est justement un élément touchant qui rajoute de la motivation à Myra au cours de l'histoire !
En parlant de Myra, je l'ai trouvé parfois touchante, notamment lorsqu'elle aborde les thèmes du deuil, de la culpabilité et des responsabilités (thèmes souvent regroupé sous le parapluie de son histoire familiale), parfois ennuyeuse. Il est parfois difficile de comprendre son cheminement de pensées parce que l'autrice passe vite d'une idée à l'autre concernant ce personnage, on le voit notamment dans sa considération des personnages d'August et Vincent.
August, protagoniste masculin de l'histoire et love interest évident de Myra, montre également des points polarisants qui sont parfois un peu gênants. J'ai pourtant beaucoup apprécié cette coupure dans mes lectures Young Adult d'un protagoniste timide et réservé qui, à la place de changer pour convenir aux références de la société actuelle, préfère rester honnête envers ses idées et ne se force pas à devenir quelqu'un d'autre. Simple préférence personnelle, mais le rapport de l'enfant privilégié ayant du mal à convenir aux attentes de ses parents riches est un thème déjà vu et revu et ne m'a pas spécialement touché.
Mais le véritable intérêt d'August, c'est son rapport à l'anxiété qui survient parfois dans le livre, dans des scènes marquantes qui, j'ai trouvé, fonctionnent plutôt bien. Etant donné que je ne suis pas concernée par ce sujet, je ne pourrais pourtant pas donner mon avis dans sa globalité. Ce que j'en dirais, pourtant, c'est qu'il est dommage que le thème ne survienne qu'à des moments bien précis du livre, en tant que moment clé pour se rapprocher de Myra. J'aurais aimé en voir plus : son rapport à son quotidien, notamment. J'ajouterais aussi que certains ont indiqué que la manière de gérer l'anxiété était assez "clichée et stéréotypée". Je suis bien d'accord et en même temps, force est de constater que les situations dépeintes dans le livre, n'importe qui les a déjà vécu à des degrés plus ou moins élevés. Aider quelqu'un à reprendre son calme en lui demandant de se concentrer sur sa respiration, je trouve au contraire que c'est un bon exemple. Ce qui est dommage, c'est de le faire à répétition.
Parlons maintenant de l'antagoniste du livre, que je me permets de placer sous spoiler car il divulgâche l'entiereté du livre et les dénouements finaux :
Vincent, ou Wilburt, frère d'August, a un problème majeur : il arrive beaucoup trop tard dans le livre. Je crois que les protagonistes le croisent vers la page 250-300 du livre? Plus de la moitié du livre ne sert pas, et le personnage a des motivations vraiment basiques et superficielles. Lui qui montre au départ une façade calme, collectée, je m'attendais à un personnage froid et calculateur. Mais non, il perd vite sa contenance. La crédibilité du personnage est aussi dérisoire : il devient faussaire à 14 ans grâce à ses dons, et est l'un des hommes d'affaires les plus reconnus de Londres à 18 ans, connu même du gouverneur ? J'ai l'impression que l'autrice était partagée entre faire de ce livre une romance gentillette se développant autour d'une enquête visant à la résolution du meurtre factice de Will, et une volonté marquée de faire une histoire plus fantastiques aux dénouements imprévisible. En tout cas, son arc narratif n'est pas bon, et c'est vraiment dommage.
- L'histoire et l'intrigue : le livre est nettement coupé en deux parties. J'ai trouvé que la première, lorsque Myra va au Rose Manor, est bien construite et permet d'entamer un début d'enquête en se fiant aux indices laissés dans la maison. La construction de sa relation avec August, bien que maladroite puisque les deux personnages n'ont aucun point commun, est quand même assez agréable et j'ai apprécié la maturité des deux protagonistes qui savent reconnaître leurs erreurs lorsqu'il le faut. La résolution de l'intrigue est cependant assez évidente et ce dès le début du livre, aucun dénouement n'est vraiment surprenant.
En conclusion,
A Forgery of Roses est donc un cas assez particulier : j'ai beaucoup apprécié ma lecture, notamment parce que le livre se lit particulièrement vite et que les personnages ont été très intéressants et agréables dans leur maturité et la manière dont les thèmes sont traités et abordés. C'est un livre qui se laisse lire, mais attention à ne pas regarder de trop près l'univers qui est assez incohérent. Néanmoins, je pense qu'il est pour tout le monde parce que c'est une lecture assez reposante qui ne s'embarrasse pas de détails inutiles, et dont la plume sait convenir à tous.