Citations de Jessica Sorensen (135)
— À la vie, déclare Seth.
— À la vie, murmurons-nous tous les trois.
Nos verres s’entrechoquent, scellant une promesse que nous ne tiendrons pas. J’aimerais que ces quelques jours soient emplis de rire et de soleil mais, au fond de moi, je sens qu’un orage approche.
— Je n’aime pas son attitude, Callie. Je le trouve insolent.
— Je ne t’ai jamais demandé de l’aimer, maman. C’est mon meilleur ami. Pas le tien.
— Ne me dis pas que tu étais en train d’écrire à Kayden ! Combien de fois faut-il que je te le dise, Callie ? Je t’interdis de rester en contact avec lui. Pas après ce qu’il a fait subir à Caleb.
Seth me regarde d’un air ahuri. Je hausse les épaules et me retiens de pleurer.
— Ce n’était pas Kayden, maman.
— Et Callie est assez grande pour parler à qui elle veut. Votre fille sait ce qu’elle fait, elle.
C’est officiel : ma mère et Seth ne s’entendront jamais.
j’ai besoin de lui pour vivre comme j’ai besoin d’air pour respirer.
J’ai eu de la chance. Du moins, c’est ce que tout le monde me dit. J’ai la chance de ne pas avoir touché de veine en me tailladant les poignets. J’ai la chance d’avoir survécu. "Chance. Chance. Chance". Ce mot est répété à l’infini, comme pour me rappeler que ma vie est précieuse. Je ne crois pas en la chance. Survivre n’est pas une chance.
Tout à coup, je réalise que je ne suis pas toute seule. J’ai trois personnes qui m’aiment et me soutiennent. Un jour, je les prendrai tous dans mes bras pour les remercier.
Je croyais avoir sauvé Kayden des mains de son père, ce soir-là. Mais j'ai eu tort. Je n'ai fait que lui offrir un sursis avant que la tempête suivante le détruise pour de bon.
Je grave des lignes dans mon bras jusqu'à ce que je baigne dans mon propre sang et que le monde disparaisse autour de moi.
J'ai envie de tout laisser derrière moi. Les manèges, son regard, son désir, les sensations de sa peau contre la mienne... Je ressens tout, et il faut que je le fasse sortir.
Elle fixe ses pieds, l’air timide et innocent. Cette fille aurait besoin qu’on la dorlote et la console des milliers de fois pour effacer la tristesse qu’elle porte sur ses épaules.
Daisy me bloque le passage, le sourire aux lèvres et un gobelet à la main.
— Je savais que tu viendrais !
— Dégage, Daisy.
Vexée, elle pose une main sur mon torse pour m’empêcher d’avancer.
— Qu’est-ce qui t’arrive, bébé ?
— Il a réalisé à quel point tu étais conne, lance Luke en lui soufflant la fumée à la figure.
Je me demande souvent ce qui pousse les gens à prendre une décision plutôt qu’une autre. Est-ce dû à notre éducation ou à notre propre volonté ? Sommes-nous les maîtres de notre destin ou de simples pantins ?
N°3 : Faire ce qu’on veut,
pas ce qu’on pense qu’on devrait faire
J’ai besoin de ton aide, dis-je à Luke lorsqu’il ouvre la portière.
— Qu’est-ce qui se passe ? Tu es bizarre, ce soir.
— J’aimerais que tu me couvres.
Il porte une cigarette à sa bouche.
— Ne me dis pas que tu as l’intention de casser la gueule à quelqu’un…
— Si.
— Et tu veux que je te défende si ça tourne mal ?
Il allume sa cigarette.
— Non. Je veux que tu m’empêches de le tuer.
Avant de rencontrer Callie, je mourais à petit feu. J’avais un trou à la place du cœur. Elle m’a sauvé la vie, mais elle m’a aussi sauvé de moi-même.
— C’est pour ça qu’il fallait que je t’en parle, Callie. Les émotions et moi, ça fait deux. Il m’arrive souvent de me replier sur moi-même et de faire des conneries. Il… il faut que tu restes loin de moi.
Je m’attends à ce qu’elle m’obéisse et s’en aille mais, au lieu de cela, elle se rapproche de moi et enroule ses bras autour de mon cou. Elle pose la tête sur mon épaule. Son odeur et sa chaleur me calment, et je glisse une main en bas de son dos.
Apaisé, je ferme les yeux et la serre contre moi, bien décidé à ne plus jamais la lâcher.
Kayden passe son bras sur mes épaules.
— « Un seul et unique hasard nous unit et, pendant quelques instants, nos cœurs battent à l’unisson ». Dis donc… je suis impressionné. C’est super-beau.
Je lui tends la bombe et, quand il la saisit, ses doigts effleurent les miens.
— J’ai écrit ça il y a longtemps, dis-je à voix basse pour que seul Kayden m’entende. Juste après l’incident avec ton père.
Il m’est arrivé d’avoir envie d’en parler à quelqu’un, mais la peur et la honte m’en ont empêché. Et puis je me suis renfermé sur moi-même et la douleur est devenue normale. Elle fait partie de moi. Je la supporte. Je la connais. Elle m’est familière.
C’est le bonheur, la joie et les rires qui ne le sont pas.
— Callie… Il faut que je t’avoue quelque chose.
Une petite voix me hurle de me taire, mais c’est plus fort que moi.
— Je… je n’ai jamais ressenti ça de ma vie.
— C’est-à-dire ?
— Toi et moi… Je… je n’ai jamais aimé être en couple. Avec toi, c’est différent.
Elle se rassoit à côté de moi.
Je lui ai fait peur. Je savais que j’aurais mieux fait de me taire.
— Je pense qu’on ferait mieux de parler d’autre chose, Kayden.
— Comme quoi ?
— Je ne sais pas… Quelque chose que tu ne regretteras pas demain matin ? Quelque chose qui te fait plaisir ?
— C’est toi qui me fais plaisir, Callie. Tu es la seule et unique personne qui sache me rendre heureux. Le soir où tu m’as sauvé la vie, quelque chose a changé en moi. Ce soir-là, Callie… tu m’as donné envie de vivre.
J’aurais aimé qu’elle arrête de prendre des photos. Ce jour resterait gravé dans ma mémoire à jamais. Pas besoin de l’immortaliser davantage.
— Fais un vœu, ma puce.
Faire un vœu ?
J’ai regardé le gâteau recouvert de glaçage rose avec « Joyeux anniversaire Callie » tracé dessus. Un ballon flottait au-dessus de la table, montant, descendant, montant, descendant.
— Allez, Callie. Fais un vœu.
Faire un vœu ?
Faire un vœu ?
Le ballon a éclaté.
Les vœux, cela n’existe pas.