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Citation de Yatova


QUOTAS DE PECHE, C’EST BONBON !


Grand-père me l'avait expliqué quand il était encore lui-même. Il s'énervait à propos de la spéculation sur les quotas, sans doute parce que c'était un coco, et le jour où je lui avais demandé de m'expliquer tout ça, il avait réfléchi un moment et m'avait donné un très bon exemple : — Dans le magasin il y a des bonbons, d'accord ?
J'avais hoché la tête. J'adorais les bonbons. C'est pour ça que je devais aller tous les ans chez le dentiste et qu'on me faisait des trous. Et ça, je n'aimais pas du tout.
— Alors Kalli, imagine que tout le monde ait le droit de se servir en bonbons. Gratis. Qu'est-ce qui se passerait, à ton avis ?
— J'en remplirais un sac pour l'emporter à la maison, avais-je dit les yeux brillants.
— Exactement. Et tous tes amis ?
— Eux aussi ! avais-je répondu, alors que je n'avais pas vraiment d'amis.
Grand-père avait été content.
— Exactement. Et ensuite ?
Je n'avais pas mis longtemps à comprendre qu'il n'y aurait bientôt plus de bonbons du tout.
— Exactement. Les bonbons seraient bientôt épuisés. C'est exactement ce qui s'est passé avec les poissons dans la mer. Tous les pêcheurs ont pris autant de poissons qu'ils pouvaient, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Alors l'État a fixé un quota de pêche, ça veut dire que chacun ne pouvait plus pêcher qu'une certaine quantité de poissons, un peu comme si chaque enfant ne pouvait plus prendre que trois bonbons.
— Par jour ?
— Heu, disons par semaine.
— Gratis ?
— Oui, gratis.
— OK, avais-je dit, trouvant ça juste.
— Oui, en principe c'est correct, avait continué grand-père. Pas bête du tout. Sauf que chacun a le droit de vendre ses quotas s'il le souhaite. Supposons que tu préfères les chips aux bonbons, alors tu vas vendre ton quota au fils de Heiðar…
— Gulli !
— … Gulli, qui adore les bonbons, et il te donne dix mille couronnes. Avec ça, il peut prendre six bonbons dans le magasin, pour toujours.
— Dix mille couronnes ?
— C'est beaucoup, n'est-ce pas ? Avec ça tu peux acheter énormément de chips, ou un nouveau vélo.
— Un nouveau vélo ?
— Oui, ce que tu veux. Mais Gulli a un plan. Il rachète tous les quotas jusqu'à ce que plus personne à part lui ne puisse prendre de bonbons. Il possède désormais tous les quotas. Et ceux qui veulent des bonbons doivent les lui acheter, hors de prix.
— Heureusement, chacun a dix mille couronnes.
— Hem, avait fait grand-père. Mais maintenant il se passe quelque chose de très grave. Gulli part s'installer à Reykjavík. Et il emporte tous les quotas de bonbons avec lui. Puisqu'ils lui appartiennent. Mais les bonbons restent quand même à Raufarhöfn, sauf que plus personne ne peut se servir. Et vous vous retrouvez comme des idiots, sans pouvoir acheter de bonbons à Raufarhöfn. Vous n'avez plus que des vélos neufs, qu'on ne peut pas utiliser en hiver !
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