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3.9/5 (sur 42 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) : 1981
Biographie :

Joachim B. Schmidt est un journaliste et auteur suisse de langue allemande né en 1981 dans les Grisons. Fasciné par l'Islande depuis un voyage de jeunesse, il décide de s'établir à Reykjavik en 2007. Kalmann (Gallimard / La Noire, 2023), son quatrième roman, et le premier traduit en français, a reçu le Crime Cologne Award 2021.

Source : Gallimard & Polars Pourpres
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
EXTRAIT SAVOUREUX
(page 24 de ma tablette)


J'avais aussi découpé le deuxième œil et je l'avais présenté aux garçons, mais ils avaient failli tomber de dégoût. Gulli avait dit alors que je ne réussirais le test de courage que si je mangeais tout le poisson, à part la tête et les nageoires. Car ils avaient tous passé ce test, et si je voulais faire partie de leur bande je devais mettre mon courage à l'épreuve.
« Un jeu d'enfant », avais-je dit. Puis j'avais découpé le poisson en filets en retirant les parasites avec la pointe du couteau, comme on fait, comme grand-père me l'avait appris – et j'avais croqué dedans.
[...]
Sur le chemin du retour vers Raufarhöfn, le poisson cru avait commencé à se manifester dans mon ventre, qui gargouillait et glougloutait. Mais on n'entendait rien parce qu'on roulait sur une route empierrée pleine de trous. J'avais donc bien réussi à ne rien laisser paraître. Mais Gulli appuyait sur le champignon et fonçait sur la route accidentée comme si on avait eu la police aux trousses. Et tout à coup j'avais eu le vertige. Tout était devenu flou devant mes yeux, à la fin je ne voyais presque plus rien, ma tête devenait lourde et dodelinait, mon cou était du caoutchouc, et j'avais d'abord cru que Gulli avait eu un accident, peut-être qu'on était sortis de la route, car tout le monde dans la voiture s'était mis à crier à pleine gorge. Gulli était au volant, Steini à côté, Palli, Arnór, Kiddi et moi derrière, serrés comme des sardines en boîte, et c'est seulement en découvrant tout à coup la place libre autour de moi que je m'étais rendu compte que le poisson était remonté. C'était très bizarre, comme si je me regardais vomir. Je n'avais aucun contrôle sur moi. Je ne vomissais pas seulement le poisson, mais aussi le petit déjeuner et le déjeuner, enfin plutôt dans l'ordre inverse, d'abord le poisson, puis le déjeuner, et enfin les Cocoa Puffs, et je me tournais de tous les côtés, car je ne voulais pas vomir que devant, là où se trouvait Gulli, qui avait donné un brusque coup de volant et arrêté la voiture sur le bord de la route. J'avais trouvé ça gentil de sa part. Mais une fois que la voiture s'était arrêtée et que tout le monde s'était propulsé à l'extérieur, j'avais déjà fini.


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QUOTAS DE PECHE, C’EST BONBON !


Grand-père me l'avait expliqué quand il était encore lui-même. Il s'énervait à propos de la spéculation sur les quotas, sans doute parce que c'était un coco, et le jour où je lui avais demandé de m'expliquer tout ça, il avait réfléchi un moment et m'avait donné un très bon exemple : — Dans le magasin il y a des bonbons, d'accord ?
J'avais hoché la tête. J'adorais les bonbons. C'est pour ça que je devais aller tous les ans chez le dentiste et qu'on me faisait des trous. Et ça, je n'aimais pas du tout.
— Alors Kalli, imagine que tout le monde ait le droit de se servir en bonbons. Gratis. Qu'est-ce qui se passerait, à ton avis ?
— J'en remplirais un sac pour l'emporter à la maison, avais-je dit les yeux brillants.
— Exactement. Et tous tes amis ?
— Eux aussi ! avais-je répondu, alors que je n'avais pas vraiment d'amis.
Grand-père avait été content.
— Exactement. Et ensuite ?
Je n'avais pas mis longtemps à comprendre qu'il n'y aurait bientôt plus de bonbons du tout.
— Exactement. Les bonbons seraient bientôt épuisés. C'est exactement ce qui s'est passé avec les poissons dans la mer. Tous les pêcheurs ont pris autant de poissons qu'ils pouvaient, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Alors l'État a fixé un quota de pêche, ça veut dire que chacun ne pouvait plus pêcher qu'une certaine quantité de poissons, un peu comme si chaque enfant ne pouvait plus prendre que trois bonbons.
— Par jour ?
— Heu, disons par semaine.
— Gratis ?
— Oui, gratis.
— OK, avais-je dit, trouvant ça juste.
— Oui, en principe c'est correct, avait continué grand-père. Pas bête du tout. Sauf que chacun a le droit de vendre ses quotas s'il le souhaite. Supposons que tu préfères les chips aux bonbons, alors tu vas vendre ton quota au fils de Heiðar…
— Gulli !
— … Gulli, qui adore les bonbons, et il te donne dix mille couronnes. Avec ça, il peut prendre six bonbons dans le magasin, pour toujours.
— Dix mille couronnes ?
— C'est beaucoup, n'est-ce pas ? Avec ça tu peux acheter énormément de chips, ou un nouveau vélo.
— Un nouveau vélo ?
— Oui, ce que tu veux. Mais Gulli a un plan. Il rachète tous les quotas jusqu'à ce que plus personne à part lui ne puisse prendre de bonbons. Il possède désormais tous les quotas. Et ceux qui veulent des bonbons doivent les lui acheter, hors de prix.
— Heureusement, chacun a dix mille couronnes.
— Hem, avait fait grand-père. Mais maintenant il se passe quelque chose de très grave. Gulli part s'installer à Reykjavík. Et il emporte tous les quotas de bonbons avec lui. Puisqu'ils lui appartiennent. Mais les bonbons restent quand même à Raufarhöfn, sauf que plus personne ne peut se servir. Et vous vous retrouvez comme des idiots, sans pouvoir acheter de bonbons à Raufarhöfn. Vous n'avez plus que des vélos neufs, qu'on ne peut pas utiliser en hiver !
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Autrefois, Raufarhöfn a connu le boom du hareng. Les gens venaient même de Reykjavik parce qu'il y avait beaucoup de travail pour les hommes et les femmes. […] Mais ça c'était autrefois. […] Les pêcheurs ont pêché tous les harengs qu'ils trouvaient sur les côtes d'Islande, et quand il n'y a plus eu aucun hareng près des côtes, on a essayé de détecter les bancs de poissons par avion, très loin au large. Les bateaux sortaient une journée entière pour parvenir jusqu'aux bancs de harengs, et quand ceux-là ont aussi été épuisés, les pêcheurs sont partis et les gens sont retournés à Reykjavik pour faire autre chose. Et le calme s'est installé à Raufarhöfn. […] Puis on s'est rendu compte qu'on pouvait aussi attraper et manger d'autres poissons, pas seulement des harengs, mais aussi des lompes, des aiglefins, des colins, des lingues, des loups et des maquereaux. Il y a avait donc encore une véritable industrie à Raufarhöfn, jusqu'au jour où les politiciens ont introduit un système de quotas et où on a retiré presque tout son quota à Raufarhöfn. Désormais les entrepôts étaient inemployés et une maison sur trois était vide.
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Mais ensuite il y a eu cette histoire avec Róbert McKenzie, qui était chez nous le roi des quotas, et ça a été le début de la fin, et personne n'aime ça quand quelque chose est fini. On préfère penser à avant, quand c'était le début et que la fin était encore loin.
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Il était comme un mentor. Un mentor, c'est un professeur, mais qui ne fait pas passer d'examens.
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Une mer a toujours l'air de n'avoir été touchée par personne, à part le vent. N'est-ce pas bizarre que seul l'air puisse laisser des traces sur la mer?
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C'était la première fois que j'entendais dire que Róbert McKenzie était porté disparu. Et je n'aurais pas dû être surpris par cette nouveauté, puisque j'avais trouvé la veille une énorme mare de sang, tout à côté de l'Arctic Henge, et c'était lui qui l'avait fait installer. […]
Une fois mon travail terminé, je suis rentré tout de suite à la maison, car j'avais l'impression de cacher quelque chose, d'avoir fait une bêtise, et que dès que j'en parlerais aux gens je serais véritablement impliqué dans la disparition de Róbert. Mais en fait c'était déjà trop tard, Hafdis était au courant pour la mare de sang […]
Quand on est la personne qui trouve un cadavre ou ses restes, ne serait-ce qu'une mare de sang, on est impliqué dans l'affaire. On fait simplement partie de l'histoire […]
Et c'est ce que je voulais éviter en ne disant rien du tout. Mais lorsqu'une femme de la police m'a appelé sur mon téléphone mobile en me demandant de venir à l'école parce qu'elle voulait s'entretenir avec moi, ça m'a rendu nerveux, je me sentais coupable, alors que je n'avais absolument rien fait ni tué personne. Malgré tout, je me préparais à une vraie engueulade.
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Une fois, j'avais proposé à Nói de me rendre visite à Raufarhöfn pendant l'été, comme ça j'aurais pu l'emmener à la pêche, mais il avait refusé parce qu'il trouvait la pêche ennuyeuse. Pourtant ça lui aurait sûrement plu, puisqu'il m'avait révélé un jour son rêve de vivre dans une cabane quelque part au Canada ou en Alaska, de vivre exclusivement de la nature, loin de sa mère. Mais avec une connexion Internet, des armes à feu modernes et beaucoup de whisky.
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Une fois de retour dans la chambre, j'ai sorti ma petite boîte en plastique contenant le requin fermenté. J'avais toujours un canif sur moi. Il avait un bon tranchant. J'ai découpé le requin en petits morceaux pendant que grand-père me regardait avec impatience. Quand j'ai eu fini, il s'est servi et a grogné de contentement.
- C'est bon à pleurer, a-t-il soupiré.
J'étais tellement fier.
On a frappé à la porte et une soignante est entrée dans la chambre, mais elle s'est brusquement arrêtée comme si elle s'était heurtée à un mur invisible, a dit "Non merci!", a tourné les talons et est ressortie précipitamment. Avant de claquer la porte derrière elle, elle s'est écriée : "Ouvrez la fenêtre pour l'amour du ciel!"
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[...] C'était l'homme le plus riche de Raufarhöfn, il possédait le dernier quota de pêche pour le capelan et le cabillaud.
[...] Il pouvait fermer Raufarhöfn d'un simple claquement de doigts, s'il voulait. C'était le roi de Raufarhöfn. C'était en tout cas ce que disait grand-père quand il s'énervait encore contre Róbert. Et non seulement Róbert faisait la loi, mais il avait aussi l'argent. Et quand il voulait quelque chose, il le payait.
[...] Si on perd le quota pour Raufarhöfn, les derniers emplois vont disparaître, et il y aura trop peu d'enfants ici, l'école va fermer.
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