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Citation de Henri-l-oiseleur


Egalement particulières à l'idéal courtois, également stéréotypées et théoriques sont les idées que la véritable noblesse est celle de la vertu et qu'au fond, tous les hommes sont égaux. On a parfois exagéré la signification historique de ces deux conceptions. L'idée que la vraie noblesse est celle du coeur a été considérée comme un triomphe de la Renaissance : on a cité à ce propos la pensée exprimée par le Pogge dans son De Nobilitate. On aime à reconnaître le premier signe d'égalitarisme dans la phrase révolutionnaire de John Ball : "Quand Adam bêchait et qu'Eve filait, qui donc était gentilhomme ?" Et l'on croit que la noblesse devait trembler.

Ces deux concepts étaient depuis longtemps des lieux communs de la littérature courtoise, tout comme ils le furent dans les salons de l'ancien régime. L'idée de la noblesse du coeur était sortie de la poésie des troubadours et de l'exaltation de l'amour courtois. Elle restait une considération morale dépourvue d'aucun but social.
"Dont vient à nous souveraine noblesse ?
Du gentil cuer, paré de nobles mours.
... Nulz n'est vilains se du cuer ne lui muet." (Eustache Deschamps)

La notion d'égalité avait été empruntée par les Pères de l'Eglise à Cicéron et à Sénèque. Grégoire le Grand avait donné au Moyen Age finissant la phrase : "Omnes namque homines natura aequales sumus" (nous sommes tous, hommes, égaux par nature). Elle fut répétée sur tous les tons, mais sans aucun propos de diminuer l'inégalité existante. Car, pour l'homme du Moyen Age, cette idée visait, non point une impossible égalité future dans cette vie, mais la très proche égalité dans la mort. Chez Eustache Deschamps; nous la retrouvons en rapport direct avec la danse macabre, faite pour consoler de l'injustice de ce monde.

pp. 91-92
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