John Boyne

- Te présenter devant nous en uniforme, avait repris [Grand-mère Nathalie]. Comme si cela te rendait exceptionnel ! Sans te soucier de ce qu'il représente vraiment. De ce qu'il signifie.
- Nathalie, nous en avons déjà parlé, avait dit Grand-père, bien que chacun sût que Grand-mère trouvait toujours le moyen de dire ce qu'elle avait à dire et tant pis si c'était mal perçu.
- Tu en as parlé, Matthias, avait répondu Grand-mère. J'étais le mur contre lequel tu jetais tes paroles. Comme toujours.
- C'est une fête, Mère, avait dit Père en soupirant. et c'est Noël. Ne gâchons pas la soirée.
- Je me souviens du moment où la Grande Guerre a éclaté, avait dit fièrement Grand-père, en fixant le feu. Je me souviens de toi venant nous annoncer que tu t'étais engagé et de ma certitude qu'il t'arriverait quelque chose.
- Il lui est arrivé quelque chose, avait insisté Grand-mère. Il te suffit de le regarder pour en avoir la preuve.
- Et voilà ce que tu es devenu, avait continué Grand-père, sans tenir compte de l'intervention de Grand-mère. Je suis fier de te voir promu à un poste de cette responsabilité. Tu vas aider notre payer à retrouver sa fierté après l'immense tort qui lui a été fait. Des châtiments exemplaires...
- Ecoutez-vous ! avait crié Grand-mère. Je me demande lequel des deux est le plus stupide.
- Mais, Nathalie, avait dit Mère, pour essayer d'apaiser les esprits. Ralf n'est-il pas beau dans son nouvel uniforme ?
- Beau ? avait répété Grand-mère en se penchant en avant et en regardant sa bru comme si elle avait perdu la raison. Beau, dites-vous ? Pauvre bécasse ! Est-ce donc ce qui est important dans la vie ? Être beau ?