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Citations de John Boyne (442)


« Allez au bout de votre pensée », insistai-je en me penchant vers lui. Si j'avais été plus courageux, j'aurais pu lui prendre la main. « Vous voulez quoi ?
— Je veux devenir un écrivain reconnu, répondit-il et peut-être aurais-je dû percevoir l'intensité de la détermination dans sa voix, et m'en effrayer. C'est tout ce qui m'importe. Je ferai tout ce qu'il faudra pour réussir.
— Bien entendu, lui dis-je en reprenant ma place. Les jeunes hommes veulent toujours conquérir le monde. Suivre le mythe d'Alexandre le Grand.

Page 28, JC Lattès, 2020.
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A la seconde où il arriva sur la terrasse, Gore remarqua que le jeune homme avait beaucoup travaillé son apparence. Il donnait l'impression de sortir à peine du lit, Ses cheveux bruns étaient soigneusement coupés, tombant assez sur son front pour qu'il soit forcé de les repousser de temps en temps. Il portait une chemise blanche très chère, minutieusement froissée, et un short bleu marine qui lui arrivait juste en dessous du genou, dévoilant des mollets galbés à la pilosité agréable. Une paire d'espadrilles et le genre de lunettes de soleil que portait Marcello Mastroianni dans La Dolce Vita complétaient la panoplie tandis qu'une brise légère soufflait jusqu'au nez
de Gore un parfum agréable mêlant savon bon marché, shampoing, draps frais et sueur adolescente.

Pages 119-120, JC Lattès, 2020.
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Les semaines passent, on avance on s'arrête, on tire au fusil, on balance nos grenades, et rien ne semble jamais changer. Un jour on nous dit que notre ligne de front progresse bien et qu'il n'y en aura plus pour longtemps, mais le lendemain ont nous dit que l'avenir est sombre et qu'il faut se préparer au pire. Mon corps ne m'appartient plus : les poux ont accepté d'en partager la jouissance avec les rats et la vermine, qui me grignotent à l'envi. Je me console en pensant qu'après tout ce sont eux les maîtres des lieux, et moi l'envahisseur. Quand, au réveil, je découvre un de ces parasites en train de me mordiller le haut du corps, frétillant du nez et des moustaches avant de lancer l'assaut, je ne bondis plus en l'air en poussant des hurlements : je me contente de l'écarter du revers de la main, comme je le ferais d'une mouche importune dans le parc Saint-James. C'est la norme à présent et je lui accorde peu d'attention ; au lieu de ça je respecte ma routine, qui consiste à rester à mon poste ;
tenir la ligne de front ; monter à l'attaque quand vient mon tour de risquer ma vie ; manger quand je peux ; fermer les yeux et essayer de trouver le sommeil ; laisser passer les mois, en me disant qu'un jour, soit tout sera achevé, soit ce sera moi qui le serai.
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[Cyril, 7 ans, à Maude, sa mère adoptive, auteure de 6 romans]:
- Avez-vous beaucoup de lecteurs?
- Oh non. Dieu m'en préserve. Il y a quelque chose de terriblement vulgaire dans les livres qui ont du succès, tu ne trouves pas?
- Je ne sais pas. Je ne lis pas beaucoup, malheureusement.
- Moi non plus, répondit Maude. Je ne me rappelle pas le dernier roman que j'ai lu. Ils sont tous tellement ennuyeux, et les écrivains s'épanchent indéfiniment [...].
"Pourquoi ne voulez-vous pas que les gens lisent vos livres, Maude? me lançai-je, une question que je ne lui avais jamais posée.
- Pour la même raison que je n'entre pas chez des étrangers pour leur dire combien j'ai fait de selles depuis le petit déjeuner. Ca ne les regarde pas.
- Alors, pourquoi les publiez-vous?
- Il faut bien faire quelque chose, Cyril, non? dit-elle en haussant les épaules. Autrement, ça ne sert à rien de les écrire."
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« C'est ridicule, je sais, j'ai cinquante-huit ans après tout.
— Et lui ?
— Vingt-quatre.
— Est-ce qu'il est homo? C'est difficile à dire. Il est resté tellement énigmatique sur ce sujet pendant le dîner hier soir.
— Je crois que Maurice est ce qu'il a besoin d'être, quand il en a besoin. C'est un manipulateur, c'est certain, Et je ne l'aime pas beaucoup, Gore, pour être honnête, Parfois je crois même que je le déteste. Il est grossier et désagréable, totalement égocentrique et il me traite comme un chien, Mais je n'arrive pas à me libérer de son emprise. Quand nous sommes ensemble, je souffre, et quand nous sommes séparés, il occupe toutes mes pensées. Je me demande avec qui il est, ce qu'il fait, s'il lui arrive de penser à moi. Ce n'était pas comme ça quand nous nous sommes rencontrés, bien entendu. J'avais le dessus. Je suis... eh bien, je suis ce que je suis.

Page 140, JC Lattès, 2020.
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Partout où ils posaient les yeux, des gens, des grands, des petits, des vieux, des jeunes. Certains en groupes, parfaitement immobiles, les mains le long du corps, tentaient de garder la tête haute, tandis qu’un soldat paradait devant eux, ouvrant et fermant la bouche à toute vitesse comme s’il leur criait dessus. D’autres, enchaînés, un peu comme des bagnards, poussaient des brouettes d’un bout à l’autre du camp, surgissant d’un endroit que Gretel et Bruno ne pouvaient voir, pour aller plus loin, derrière un baraquement, où ils disparaissaient à nouveau
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- [...] Au fait, je m'appelle Bruno.
- Moi, c'est Shmuel, dit le garçon.
Bruno plissa le front, pas certain d'avoir bien entendu.
- Comment ? demanda-t-il.
- Shmuel, répondit le garçon, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et toi, c'est comment ?
- Bruno.
- Je n'ai jamais entendu ce nom-là, dit Shmuel.
- Et moi, je n'ai jamais entendu le tien, dit Bruno. Shmue. (il réfléchit.) Shmuel, répéta-t-il. J'aime bien le bruit que cela fait quand je dis Shmuel. On dirait le vent qui souffle.
- Bruno, dit Shmuel, en hochant joyeusement la tête. Oui, je crois que j'aime bien ton nom aussi. On dirait quelqu'un qui se frotte les bras pour se réchauffer.
- C'est la première fois que je rencontre un Shmuel.
- Il y a des dizaines de Shmuel de mon côté de la barrière, dit le garçon, des centaines probablement. J'aurais bien aimé avoir un nom à moi tout seul.
- Je n'ai jamais rencontré de Bruno, dit Bruno, à part moi, bien sûr. Je crois que je suis le seul.
- Tu as de la chance, remarqua Shmuel.
- Sans doute.
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[dialogue entre Cyril et Julian, 7 ans]:
- Tu veux dire que tes parents ne dorment pas ensemble?
- Oh non, dis-je. Les tiens, si?
- Bien sûr.
- Mais pourquoi? Vous n'avez pas assez de chambres?
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(Pavel, un détenu du camp de "Hoche-Vite", doit éplucher les légumes chaque soir chez Bruno. Cet après-midi-là, ce dernier a fabriqué une balançoire avec un pneu et est tombé. Pavel le soigne et désinfecte sa plaie.)

-Je ne comprends pas, dit Bruno, qui voulait avoir le fin mot de l'histoire. Si vous êtes docteur, comment se fait-il que vous serviez à table ? Pourquoi ne travaillez-vous pas dans un hôpital ?
Pavel hésita longuement avant de répondre et Bruno resta silencieux, sentant confusément que la politesse exigeait qu'il attendît que Pavel fût prêt à parler.
-Avant de venir ici, j'exerçais la médecine, finit-il par dire.
-Vous vous exerciez ? demanda Bruno, qui ne connaissait pas bien le sens du terme. Vous n'aviez donc pas un bon niveau ?
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Wilkes fronça les sourcils, la minuscule cervelle perdue dans le Grand Canyon qui lui servait de crâne moulina pour trouver une réponse. (p.274)
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Bruno réfléchit à la bonne formulation pour ne paraître ni grossier ni désobligeant.
- Qui sont ces gens dehors ? finit-il par dire.
Père pencha la tête de côté, un peu embarrassé par la question.
- Des soldats, Bruno. Des secrétaires. Du personnel. Tu en as déjà vu.
- Non, pas ceux-là, dit-il. Les gens que je vois de ma fenêtre, dans les baraques, au loin. Ils sont tous habillés pareil.
- Ah, ceux-là, dit Père, en hochant la tête, avec un léger sourire. Ces gens... ce ne sont pas des gens, Bruno.
Bruno fronça les sourcils.
- Ce ne sont pas des gens ? demanda-t-il, doutant de ce que Père voulait dire.
- Du moins, pas comme nous l'entendons, poursuivit Père. Mais, pour l'instant, tu ne devrais pas t'en occuper. Ils n'ont rien à voir avec toi. Et tu n'as absolument rien en commun avec eux.
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Il faut que je vous dise. Je suis une personne incroyablement créative. Je l'ai toujours été. L'inspiration me coule dans les veines. Et j'adore totalement la littérature. Je lis six ou sept livres par an, incroyable, non, ce qui est probablement la raison.
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Qui, au XXIe siècle, est prêt à passer du temps avec des lépreux ?
-Les avocats de Kevin Spacey ? suggéra-t-telle. Le cireur de chaussures du prince Andrew ? (p.126)
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Surtout, quel étonnement de voir celui qui se trouvait à ma gauche, dans le cadre. Il est assis sur un pneu accroché par une corde aux branches solides d’un arbre. Il est en train de se balancer, les jambes tendues. Ses mains sont serrées sur la corde. Son visage rayonne de joie.
Mon petit frère.
Depuis quatre-vingts ans, je n’ai pas osé prononcer ces deux syllabes à haute voix de peur d’être submergée par l’émotion et de m’écrouler en me rappelant les expériences terribles que nous avons vécues tous les deux.
Mais aujourd’hui, son nom est le dernier mot qui passe mes lèvres chaque soir quand je m’endors, quand je prie pour qu’avant l’aube, je sois emportée loin de ce monde, que je puisse me jeter dans ses bras, que nous soyons réunis pour toujours. Pour que je puisse lui dire à quel point je regrette.
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- "Où était la différence exactement ? se demandait Bruno. Et qui avait décrété que les uns porteraient un pyjama rayé et les autres un uniforme ?"
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J'avais toujours aimé le soleil, même si, en passant toute ma vie en Irlande, je n'avais qu'une relation théorique avec lui
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En m’exilant à l’autre bout du monde, j’avais fait tout ce qui était en mon pouvoir pour laisser le passé derrière moi, mais je savais désormais que c’était impossible. Je pouvais être en France, en Australie, en Angleterre, et même aller sur Mars, peu importe où, ces belles cicatrices dont Kurt avait parlé me ramèneraient toujours à l’Autre Endroit. Je ne parviendrais jamais à y échapper.
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—- Vous ne le direz à personne, n’est-ce pas ?
— Dire quoi ?
—- Ce que je viens de vous avouer. Que je ne suis pas normal
Elle se leva et rit. « Grands Dieux ! Ne soyez pas ridicule. Personne n’est normal. Personne, dans ce satané pays. »
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Il saisit mon visage entre ses mains et m'attire à lui.
Quand, dans mes moments d'oisiveté, je m'étais imaginé une telle scène, j'avais toujours supposé que les choses se passeraient dans l'autre sens : que ce serait moi qui irais vers lui, et qu'il se dégagerait de mon étreinte en me traitant de dégénéré ou de faux jeton. Mais là, je ne suis ni choqué, ni étonné de son initiative, et je n'éprouve rien qui ressemble à de la précipitation, contrairement à ce que j'avais envisagé - au cas où ce moment surviendrait jamais. Au lieu de cela, tout me paraît parfaitement naturel, tout ce qu'il me fait, tout ce qu'il consent à laisser se produire entre nous.
Et, pour la première fois, depuis ce funeste après-midi où mon père m'avait quasi battu à mort, j'ai l'impression de me sentir en paix avec moi-même.
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Le lieutenant Kotler hocha la tête, satisfait de la réponse. Puis il se retourna très lentement vers Shmuel, qui ne pleurait plus, mais fixait vaguement le sol, avec l'air de celui qui essaie de convaincre son âme de ne plus vivre dans son corps minuscule, mais de s'en échapper, de prendre la porte et de s'élever dans le ciel, en glissant à travers les nuages jusqu'à l'infini.
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