L’étude de l’écriture japonaise est passionnante. Chaque promenade dans les rues devient une compétition dans laquelle on espère chaque jour reconnaître plus d’idéographes que le jour précédent. Il fut un temps où j’étais si absorbé par ce jeu que je courais constamment le risque de me faire écraser par le taxi ou le tramway qui fondait sur moi. Il n’est pas difficile d’apprendre les cent premiers idéographes. Après cela, vient une phase pendant laquelle on oublie les symboles appris à peu près à la même cadence qu’on en apprend de nouveaux. On m’assure que, passé cette étape, les progrès sont comparativement plus rapides ; malheureusement, je ne suis jamais parvenu à aller plus loin. Mais si je me suis interrompu, ce n’est pas entièrement par découragement : j’avais remarqué que me concentrer sur des caractères mal imprimés affectait ma vue ; même avec des verres, les idéographes commençaient bientôt à vaciller sur le papier.
Pendant les quatre années de mon séjour au Japon, je ne puis me remémorer un seul moment où j'aie eu le moindre soupçon d'avoir été surveillé, et pourtant les rapports de police me révélèrent par la suite que j'avais été l'objet d'une surveillance perpétuelle.