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Citations de John Paul Dourley (110)


C'est dans cette sphère même -les réflexions sur les sources psychiques de la religiosité humaine- que le travail jungien se révèle capital pour la survie de l'humanité. Jung demande en effet à cette humanité d'admettre qu'elle est religieuse jusqu'au plus profond du coeur. Mais il accompagne cette demande d'un avertissement : si la nature humaine n'accepte pas cette part d'elle-même, combien discordante et meurtrière, la logique de la transcendance s'exprimera en définitive sous la forme d'une solution finale -celle-là même qu'exige toute révélation ultime.
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Afin que l'humanité s'oriente vers la résolution des contradictions absolues dans l'existence personnelle et collective, Jung invite l'individu piégé par ces opposés à participer à la souffrance que dépeint l'image d'un Christ mourant dans l'agonie du suspens entre oui et non.
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Pour que les valeurs propres à la "bonne nouvelle" jungienne soient saisies dans toute leur ampleur, il convient d'affronter directement les cavaliers de la mort. Jung nous les désigne. Voici la foi, l'espérance et la charité drapées dans des certitudes politiques et religieuses, chevauchant vers une mort glorieuse au nom de leurs différentes révélations. Si ces ennemis de l'humanité sont désarçonnés sur le plan intérieur, la complétude personnelle et l'ample compassion si capitales dans la psychologie jungienne peuvent alors refaire surface. Mais leur désarçonnement n'est pas chose facile, notamment lorsqu'on se souvient qu'ils chevauchent à bride abattue et sans opposition dans le monde intérieur, d'où ils peuvent déchaîner leurs forces mortifères.
Jung aurait pu difficilement cerner notre dilemme avec une plus grande précision. La balle est à présent dans notre camp.
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Les ressources interprétatives de Jung peuvent éclairer l'expérience mystique en montrant que celle-ci s'enracine, tout en les exprimant, dans les plus profonds mouvements de la psyché. Ce faisant, Jung rend un grand service au monde contemporain. Car cette expérience potentiellement si précieuse, il la rend crédible sur le plan psychologique et par là accessible aux dépossédés de la religion et aux désenchantés de l'institution . (...)
Cette universalisation et cette "privatisation" de l'expérience mystique, littéralement ôtée de toute médiation ecclésiale, pourrait en outre étendre leur pouvoir bienfaisant à ceux qui ne supportent plus la moindre affiliation religieuse.
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Une conception de la foi fondée sur la "conscience mandalique", soit l'idée d'un centre créatif dans la psyché capable de donner naissance à tous les contraires sis sur la circonférence de la conscience humaine, constituerait à l'évidence une bien moindre menace pour la survie de l'humanité qu'une foi identifiant un seul et unique point sur la circonférence à l'absolu et à la totalité des possibilités propres au cercle -ce que fait effectivement le monothéisme. Celui qui expérimente la foi mandalique n'a aucune difficulté pour reconnaître la présence immédiate de l'absolu (Dieu, le Soi ou tout autre nom) en chaque vie humaine. Porté par son expérience personnelle, le détenteur d'une telle foi peut alors apprécier la forme donnée à cette présence universelle par la tradition dans laquelle il est né, et chercher les compléments nécessaires dans d'autres traditions sans avoir l'impression de trahir la sienne. (....)
Une telle foi, au vrai, permettrait de saisir les points de vue religieux différents, voire conflictuels, comme des expressions relatives quoique précieuses de la propension humaine à créer du divin. Dans la mesure où les autres religions ne constituent plus une menace pour la nôtre, il n'est plus besoin, en principe, d'exterminer ou de convertir leurs adeptes.
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A la lumière de l'expérience du XXe siècle, la dimension politique de la psychologie jungienne se révèle précisément d'une grande valeur car elle permet d'identifier le fondement archétypique des convictions, ce qui constitue le premier pas pour le transcender ou le transformer en un relativisme plus humain et plus salvateur. Ainsi la psychologie jungienne offre-t-elle une défense contre la toxicomanie politique- et les pertes en vies humaines qu'exige toute dépendance effrénée.
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Ce n'est qu'au XIXe siècle, avec le romantisme et l'idéalisme allemands, que la pensée d'Eckhart connut un certain renouveau auquel fait sans doute écho la phrase de Jung citée plus haut. Franz le fit connaître à Hegel qui le mentionne dans ses Leçons sur la philosophie de la religion. Avec la publication au XIXe siècle de ses travaux en langue allemande, un nouveau débat eut lieu quant à l'orthodoxie. Certains, nombreux, notèrent l'indéniable panthéisme qui anime sa pensée et l'accent excessif qu'il mettait sur la compréhension symbolique des vérités religieuses. D'autres, notamment les néothomistes, encouragés par le recouvrement de ses manuscrits latins, s'attachèrent à le dépeindre comme un orthodoxe et un aristotélicien. Les recherches actuelles rejetteraient sans doute la première de ces définitions et questionneraient à tout le moins la seconde. aujourd'hui, on étudie tout particulièrement les connexions de sa pensée avec la mystique d'Heidegger et la tradition zen.
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A la lumière de la compréhension jungienne du psychisme, toute prétention à la possession exhaustive d'une vérité salvatrice entrave le développement personnel, et constitue une, sinon la menace majeure pour la survie de l'humanité.
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En fait, sa psychologie suggère avec la plus grande force, que le Soi, en présidant à ce dialogue, cherche une conscience parfaitement autonome, vitale et équilibrée en raison de sa coopération avec des dieux en quête d'incarnation.
Une telle perception de la psyché montre le caractère inéluctable de la religion et, en relativisant ses manifestations, contribue à faire d'elle une énergie plus intégrante. En effet, quel que soit le degré d'emprise d'une foi religieuse ou politique, la psychologie jungienne offre à ses victimes l'espoir libérateur d'un abandon de la foi en identifiant la base archétypique de son emprise, ce qui permet de l'affaiblir. De cette manière, elle relativise toute croyance en la considérant uniquement comme l'expression de telle énergie ou de telle valeur et en la confrontant à d'autres contre-valeurs de même importance. Saisie dans cette perspective, la foi est susceptible d'être transcendée par le pouvoir qui lui a donné naissance. Pour nous résumer, adhérer sans restrictions à une religion perçue comme épuisant toutes les possibilités religieuses de l'humanité constitue un affront à la maturité aussi grave que de passer une vie entière sous la tyrannie contraignante d'un seul et même rêve.
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Comment rééquilibrer le christianisme? un choix intéressant et porteur serait ici la réappropriation et l'assimiliation des mouvements spirituels que celui-ci, dans l'intérêt de sa propre survie, a été forcé de déclarer hérétiques. Inspirée par ce projet, la pensée jungienne met au défi l'orthodoxie chrétienne d'oeuvrer au recouvrement des vérités qu'elle a jadis été obligée de rejeter. voilà ce que le christianisme doit accomplir, selon Jung, s'il entend retrouver une conception de l'humanité et de la spiritualité humaine plus appropriée au processus psychologique de la complétude.
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Pour Jung, la religion n'est autre que l'expérience d'une relation continue et vivifiante avec l'inconscient. Et les religions institutionnelles n'existent qu'en tant que médiations de cette expérience. Lorsqu'elles font leur travail avec succès, Jung préfère, pour ainsi dire, ne pas réveiller le chat qui dort. C'est seulement lorsqu'elles échouent, fût-ce en partie, à fournir une médiation satisfaisante qu'une relation directe et consciente avec l'inconscient devient nécessaire; et cette demande est alors effectuée par la psyché elle-même dans l'intérêt de la santé spirituelle.
D'où l'importance que Jung attache à la restauration de ce qu'il appelle la vie symbolique. Il souhaite du reste que les Eglises elles-mêmes reconnaissent la vie symbolique comme une expression de l'inconscient. Selon lui, le recouvrement du sens symbolique, et la sensibilité à l'inconscient qu'implique un tel processus, permettraient aux dites Eglises d'expérimenter à nouveau la vitalité de leurs symboles et de renforcer ainsi leur capacité à transmettre une partie de cette vitalité dans la culture environnante.
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Quelle que soit l'expérience qui ait conduit Eckhart à cette distinction entre la Déité et la Trinité, il a, dans une perspective jungienne, recouvré ou découvert au XIVe siècle la signification profonde de la Grande Déesse ou Grande Mère. Cette connexion entre la conception eckhartienne de la Déité et celle , jungienne, de la Grande Mère ou Déesse n'est pas une hypothèse saugrenue. Pour Jung comme pour Eckhart, cette dimension de la psyché désigne une source génératrice sans différenciation en elle-même et de laquelle dérive toute différenciation, au-dehors comme au-dedans de la vie divine. selon le paradigme d'Eckhart et de Jung, elle doit donc être pensée comme donnant naissance ou nourrissant la Trinité elle-même.
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Un autre trait inquiétant que ces croyances politiques partagent avec leurs ancêtres religieux n'est autre que l'apocalyptisme. (...)
Loin d'être confiné au fondamentalisme biblique, cet apocalyptisme imprègne tous les pouvoirs politiques du XXe siècle. Ainsi dans les années 80, évoquer "l'empire du mal" et désigner son adversaire politique comme "Satan" étaient choses courantes chez les gouvernements de ce monde. Lors de la préparation du quasi-génocide dans le Golfe, l'adversaire ne fut-il pas présenté dans les médias et dans les assemblées législatives occidentales comme le "mal absolu"?
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Adoptant cette attitude d'émerveillement, les croyants et les chercheurs pourraient tenter de repérer la direction principale que ces révélations sont susceptibles -collectivement et séquentiellement- de révéler dans l'histoire actuelle de l'Esprit. Pour Jung, il ne s'agit plus d'orienter l'individu vers les révélations en série de dieux transcendants escortés par leurs porte-parole terrestres, mais vers l'intériorité humaine en tant que source toujours active. A propos de cette conscience naissante, il écrit: "Tout ce qui porte un caractère divin ou démoniaque doit retourner à l'âme, à l'intérieur de l'homme inconnu, d'où cela est apparemment issu."
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Sous des formes différentes, Jung soutient que la vérité contenue dans le mythe chrétien demeure le plus souvent étrangère à la vie de la psyché. Ce mythe est en effet présenté comme issus d'une source transcendant l'existence, plutôt que des mouvements les plus profonds de la vie psychique -lesquels lui ont précisément donné naissance. (...)
Le déracinement du mythe chrétien hors de ses origines dans la psyché humaine transforme celui-ci en une idéologie hostile à l'humanité, alors qu'il devrait au contraire l'éclairer et le revigorer. La dynamique de cette transformation se fonde sur deux préjugés : d'une part, le mythe provient d'un Dieu transcendant; d'autre part, l'acceptation intellectuelle de celui-ci, en dépit de ce que Jung appelle sa "sacro-sainte intelligibilité", conditionne peu ou prou le salut humain. Ainsi les pasteurs et leurs ouailles voient-ils, non parfois sans quelque panique, leur nature humaine violée par l'acceptation forcée d'une réalité étrangère à celle-ci.
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Il est encore un autre trait salvateur dans la conscience mandalique. Selon Jung, le mandala ne décrit pas seulement Dieu comme un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part (selon l'allégorie de Bonaventure), mais il définit aussi le centre comme un point-milieu entre les opposés. Une telle image met l'accent sur la nature binaire de la réalité. Si la réalité est faite de contraires, en effet, tout investissement existentiel ou énergétique dans l'un ou l'autre de ces opposés conduite à l'unilatéralité, ce qui, en termes psychologiques, équivaut toujours à la névrose. Toute révélation spécifique, pourrait-on dire, doit même chercher son contraire pour parvenir à la complétude. Dans ce contexte, une révélation authentiquement ultime verrait la conscience centrée se lier empathiquement à toutes les révélations contradictoires qui ont à la fois racheté et ensanglanté l'histoire, sans s'identifier toutefois à aucune d'entre elles. En d'autres termes, toute adhésion à quelque religion que ce soit exige d'être transcendée par une conscience religieuse plus féconde et englobante.
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Le modèle jungien alternatif, qui pourrait être nommé "foi mandalique", se fonde sur l'expérience des énergies psychiques en tant qu'elles s'expriment symboliquement sous la forme du mandala (mot sanscrit signifiant "cercle"), que Jung considère comme une "expression psychologique de la totalité du Soi". Il perçoit le mandala comme une image foncièrement religieuse, marquant la présence de Dieu ou du Soi au centre de chaque être humain, comme le fondement de la possibilité, et de la nécessité aussi bien, de l'expérience religieuse humaine. Cette présence est telle , toutefois, que le moi ne peut jamais entièrement épuiser sa richesse et sa vérité, pas plus qu'il ne saurait lutter contre l'impulsion irrésistible de s'en approcher et d'assimiler consciemment sa signification. Aussi le mandala , tel que Jung l'interprète, constitue-t-il une image radicale de l'immanence divine, laquelle fait naître un sentiment de transcendance dans la psyché individuelle, jusqu' à conduire le moi vers l'unité avec son centre.
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La survie de l'humanité ne saurait dépendre aujourd'hui -si tant est qu'elle ne l'ait jamais pu- de cette forme de compétition. Le potentiel holocaustique d'une foi aussi aveugle et aussi absolue apparaît à présent dans toute son évidence. Comme Jung nous en a opportunément avertis, les énergies qui favorisent explicitement le génocide religieux ne peuvent être éliminées par une critique rationnelle de la religion (comme celle que les Lumières ont proposée à l'Occident). Au contraire, les énergies créatrices-de-religion dans la psyché se trouvent alors canalisées en déclarations de foi politiques - et elles continuent leur progression sanglante à travers l'histoire, comme en témoignent, en un âge d'athésime revendiqué, les nombreux holocaustes du XXe siècle.
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La critique jungienne va ici au-delà du christianisme pour englober tous les monothéismes majeurs. L'esprit de la pensée jungienne, fondée sur une vision des énergies de la psyché s'orientant naturellement vers la totalité, postule en effet l'exigence suivante: toute religion prétendant détenir quelque monopole sur une ultime révélation exhaustive se doit d'ouvrir à présent un espace au doute salvateur et à la relativisation réhumanisante d'une telle prétention. Selon Jung, en outre, les monothéismes accepteraient plus aisément ce processus d'humilité en reconnaissant, si tant est que la chose soit un jour possible, leurs origines communes dans l'inconscient collectif de l'humanité.
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Au coeur du malaise jungien réside la conviction que le christianisme contemporain ne sert plus les harmonies et unités émergentes vers lesquelles progresse l'évolution personnelle et historique. Bien qu'il reconnaisse sa contribution au développement de la civilisation occidentale, il doit constater que ce christianisme -là s'oppose aux plus profondes énergies de la psyché, lesquelles "veulent" faire progresser l'individu et l'histoire par des modèles d'intégration personnelle, de sympathie et de relations élargies. En ce sens, le christianisme empêche, plutôt qu'il ne favorise, le développement psychologique et historique de l'humanité -si du moins nous acceptons l'affirmation qui sous-tend la psychologie jungienne, à savoir que l'obtention de la complétude constitue l'objectif et la valeur ultimes de la psyché créatrice de l'histoire.
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