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Citation de giati


C'est an Angleterre, pendant la guerre, que j'ai appris à connaître les Anglais. Avant je n'avais rencontré que des Anglais-voyageurs (...)
Il semble que l'Anglais d'exportation constitue une espèce particulière, dont l'on comprend d'ailleurs parfaitement pourquoi elle est exportée. Chez eux, les Anglais sont sympathiques, généraux et charmants. Au début, il vaut mieux fréquenter des jeunes gens. Tant qu'ils sont enfants ou jeunes adultes, les Anglais parlent de façon intelligible, atteignant même parfois à la volubilité ; mais à l'approche de la trentaine ils commencent à réduire leur conversation à une série de grognements, symboles de la douleur ou du contentement suivant les cas. C'est là sans doute la raison pour laquelle la poésie anglaise est écrite par des hommes jeunes encore.
La caractéristique anglaise qui a semé la plus grande perplexité chez les autres peuples, et particulièrement chez les Français, est le traitement que ces gens infligent à la nourriture. Il s'est formé, à cet égard, deux écoles de pensée ; la première soutient qu'il s'agit d'une manifestation masochiste, d'une espèce d'autopunition, ou peut-être encore d'un sacrifice qu'ils font aux dieux qui ont la haute main sur leur climat. L'autre école affirme qu'une sauvagerie foncière trouve à se libérer par ce débouché somme toute assez innocent. (...)
J'ai moi-même hésité entre deux interprétations. Je suis à l'heure actuelle prêt à abandonner ma première thèse conçue pendant la guerre. Cette première spéculation procédait de l'examen attentif du chou de Bruxelles, légume innocent, plutôt joli, petit nain vert vif dont le cœur est fait de feuilles jaunes, en tous cas avant que les Anglais ne s'en soient mêlés. Si on le cueille frais pour ensuite le conduire par une lente cuisson à un état de tendresse fondante, si l'on arrose le bouillon avec sel et poivre et peut-être avec un peu de viaigre ou de citron, eh bien, ce légume est délicieux. Qu'en font les Anglais ? Ma foi, je n'en sais rien. Sans doute ils le battent, plus, ils le rouent de coups, ils le trempent dans de puissants corrosifs et le détruisent sauvagement jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un fatras grisâtre au goût et à l'allure de linge sale. Il n'est pas possible qu'il s'agisse d'un accident ; c'est tellement faciel de bien cuire les choux de Bruxelles, et la méthode anglaise demande tant de temps et d'efforts.
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