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Critiques de Joël Kotek (9)
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Mickey à Gurs : Les Carnets de dessin de Hors..

Parmi les femmes et les hommes prisonniers dans les camps français, il y a eu un grand nombre d’artistes qui ont pu dessiner ou photographier, nous laissant ainsi des témoignages directs sur leur vie d’internés.

A Argelès-sur-Mer, nous connaissons les oeuvres des Républicains espagnols Nicomedes Gómez, Josep Narro, Antonio Rodríguez, Gerardo Lizárraga, Josep Bartolí…

A Gurs, trois carnets de croquis réalisés par un jeune Allemand, Horst Rosenthal , « Mickey au Camp de Gurs », « La Journée d’un hébergé » et « Petit Guide à travers le Camp de Gurs » ont circulé et n’ont pas disparu, contrairement à leur auteur, mort en 1942.



Horst Rosenthal, juif socialiste né en 1915 à Breslau quitte l’Allemagne pour la France en 1933. Ressortissant allemand, il est interné en septembre 39 au camp de Marolles, puis passe de camp en camp . Il arrive à Gurs en octobre 1940, où il reste jusqu’en août 1942. Transféré au camp de Rivesaltes, il est ensuite envoyé à Drancy. Quelques jours plus tard, il quitte la France avec le convoi n°31 pour Auschwitz où il est tué dès son arrivée, sans doute à cause de la paralysie de sa main gauche.



L’ouvrage de Joël Kotek et Didier Pasamonik nous permet de lire les trois carnets de croquis dans leur intégralité.

Plus que jamais, l'humour semble être la politesse du désespoir. Derrière ces dessins qui dépeignent les difficiles conditions de vie des prisonniers, les affres de la faim, le manque d’hygiène, l’insupportable attente, la censure, le dessinateur, faux naïf et vrai subversif croque l’interné juif sous la forme d’une souris (et ce avant La Bête est morte! de Calvo et Maus de Spiegelman, « Publié sans autorisation de Walt Disney »), ou détourne les brochures touristiques en créant un Petit Guide de Gurs, ironique.



Les auteurs de l'ouvrage analysent les carnets, partent sur les traces de Horst Rosenthal et de sa famille, assassinée à Riga, s’intéressent à la ville de Breslau dont il était natif, et au camp de Gurs, aujourd’hui à l’abandon.

Mais ce que l’on gardera longtemps en mémoire ce sont les carnets de Rosenthal, ce petit Mickey qui tourne en rond dans le camp, et qui rêve d’ailleurs:

« Mais, décidément, l’air des Pyrénées ne me convenait plus du tout. Alors, comme je ne suis qu’un dessin animé, je m’effaçais d’un coup de gomme…

Et…hop…!! Les gendarmes peuvent toujours me chercher au pays de la L….é, de l’E….é et de la F……é. (Je parle de l’’Amérique!)

Dessin de Mickey joyeux qui rêve de buildings.



Les dessins de Horst Rosenthal sont désormais conservés au Mémorial de la Shoah (deux carnets déposés par un rabbin rescapé de Gurs) ainsi qu’aux Archives de l’Ecole polytechnique de Zürich (déposé par l’infirmière Elsbeth Kasser, Volontaire du Secours suisse, surnommée par les internés « l’Ange de Gurs »)



Laissons à Elsbeth Kasser le mot de la fin: « J’ai ici un dessin qui, aujourd’hui encore, me donne de la joie. C’est l’un des internés qui l’a fait: Horst Rosenthal -je ne sais pas où il vit aujourd’hui, ni même s’il a survécu. »
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La Shoah

"On sort meurtri de ce livre". Serge Klarsfeld.



Livre admirable. À tous points de vue.

Ouvrage écrit à plusieurs mains.

Des auteurs essentiels.

Et oui, je vous entends ceux qui se lassent peut-être de mes lectures sur la Shoah.

Moi, j'ai choisi de lire tous ces livres, témoignages terribles et bouleversants.

Je ne me cache pas la vérité.

Pourquoi ? Un beau secret de famille dont vous ne saurez rien bien sûr. Mais j'ai promis.

J'ai donc choisi ce livre.

C'est un bel objet déjà, mais le contenu est extraordinaire. Car il marie de façon intelligente le texte et une somme d'inconographies incroyables, des photos bien sûr, mais également des documents essentiels pendant la Shoah, lettres, notamment celles qui attestent de la volonté de la Solution Finale des juifs d'Europe, pour le dire plus simplement, le massacre de millions de déportés.

Et puis au détour d'une page, le fac similé du projet de statut des juifs, annoté par Pétain, en octobre 1940. Il durcira les demandes des nazis.

La honte.

Je m'intéresserai à un sujet essentiel, que je n'ai pas trouvé vraiment ailleurs, même si ma bibliographie sur le sujet est vaste, mais non-exhaustive. Je viens d'ailleurs de me procurer le dernier livre de Jacques Semelin, "Une énigme française".

Je veux parler de la passivité du monde face à cette monstruosité.

Des les années 1939, 1940, les gouvernants et les dirigeants ont fait preuve d'une coupable passivité et d''une inertie presque totale.

Le gouvernement britannique, pour ne citer que lui, était informé presque en temps réel des massacres et des mesures de "meurtres de masse de civils".

Heureusement, la résistance juive s'installe dès 1941 pour un sauvetage des juifs en passe d'être assassinés.

Là encore, j'ai appris appris quelque chose, on n'en parle que très peu dans les ouvrages sur la Shoah, mais je n'ai pas tout lu bien sûr.

Il ne s'agit pas que des Justes français, mais également une sorte de résistance juive, une vraie intention de sauver chevillée au corps.

Il s'agissait de trouver des faux papiers, de faire passer la frontière, de trouver une famille d'accueil ou bien de procurer de la nourriture.

Passivité du monde face à la résistance juive.

Même lors de la découverte des camps de mise à mort par les alliés, avec toute l'horreur de ce qu'ils voient, même à ce moment-là, ils doutent. La sidération peut-être, la distanciation sûrement.

Les hommes ont toujours douté de cette Solution Finale.

Je me souviens en terminale, on nous avait fait regarder "Nuit et Brouillard". Je me rappelle ma sidération, mon horreur et une sorte de mantra répété encore et encore tout le long du documentaire : "Ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai".

J'étais bien jeune, mais plus tard, lors de mes lectures sur le sujet, me revenait de temps en temps ce même mantra.

N'oublions pas enfin la Posface de Monsieur Klarsfeld, toujours aussi juste et clair, mais sans haine ni rancune, la colère a fait place à la sagesse.

Merci aux auteurs pour cet ouvrage qui livre tout ce que l'on doit savoir sur cette période si atroce.

Quel travail.



Ps : À faire lire aux négationnistes, juste pour les photos.

Mais bien sûr, pour eux, ce sont tous des documents truqués...

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La Shoah

Sans doute ce livre n'apporte-t-il rien de neuf ou si peu au lecteur attentif des ouvrages de Raul Hilberg, Saul Friedlander ou Christopher Browning; mais ce livre a le mérite de sa présentation, de son excellente iconographie, qui, peut-être, suffiront à le faire lire par des lecteurs peu avertis. Par ailleurs, par certains détails, il réveille encore l'intérêt de celui qui croit avoir tout lu sur la Shoah. Nous n'en aurons jamais fini avec la Shoah. Il ne faut surtout pas croire que nous puissions en avoir fini un jour, aujourd'hui moins que jamais.
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Mickey à Gurs : Les Carnets de dessin de Hors..

Le camp de Gurs est un camp concentrationnaire français situé près des Pyrénées. Il a ouvert ses grilles à l'arrivée des immigrants espagnols fuyant la guerre civile d'Espagne. Puis, lors de la Seconde Guerre mondiale, l’État français y a enfermé les personnes qu'il considéré comme "indésirables".



Ce livre est composé de plusieurs parties. D'abord, il y a les croquis de l'illustrateur Horst Rosenthal. Ses trois carnets témoignent de la vie dans le camp. Le premier est métaphorique et a pour personnage principal Mickey lui-même. Les deux autres représentent uniquement des humains. Mais les trois carnets ont pour point commun de dévoiler les conditions de vie dégradantes et difficiles du camp avec beaucoup d'ironie. C'est émouvant quand on sait ce qu'il en a réellement été. D'autant plus que ce jeune homme ne savait pas la finalité de tout ça et était encore plein de rêves et d'utopies...

Après les carnets, Joël Kotek et Didier Pasamonik présentent Horst Rosenthal, ses proches et sa ville de naissance, berceau de la culture judéo-allemande. C'est très intéressant. L'hommage qui est rendu a ce jeune homme est touchant.

Les dernières parties de l'ouvrage brossent l'histoire du camp et nous offre deux témoignages glaçants des déportations.



Ce sont des récits qui marquent. Combien de gens connaissent les camps de concentration français ? Combien d'entre nous savent qu'il y en avait déjà avant la guerre pour garder à l'oeil certaines personnes dites "étrangères" ?

Il y a eu beaucoup trop de morts pendant cette période. Et chaque mort est noyé dans la masse. Des familles entières ont disparu sans qu'on sache où ni quand. Je trouve ça beau de rendre leur individualité aux victimes. Et c'est surtout pour ça que ce livre est très touchant.
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L'affaire Lyssenko

Petit livre très intéressant sur comment un scientifique, plus politique que brillant, a bénéficié des années sombres du stalinisme pour imposer en URSS sa vérité scientifique en biologie, en niant au passage toutes les lois de la génétique.

En 1948, l’avènement de cette « nouvelle » biologie va susciter dans les médias occidentaux une polémique où les partis-pris idéologiques passeront devant la réalité scientifique. Tout bon communiste ne pouvait que suivre la ligne du parti, donc soutenir la biologie version Lyssenko.
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Dictionnaire de la Shoah

Disons le d’emblée, cet ouvrage est plutôt réussi : en plus de 600 pages (et pour moins de 30 euros), il représente en un unique volume une petite encyclopédie facilement maniable sur tout ce qui concerne la destruction systématique des Juifs européens.



Outre l’index, la précieuse bibliographie thématique, le lexique et la liste des abréviations, ce dictionnaire a l’originalité de présenter deux textes en incipit, des « Questions sur la Shoah » et une chronologie du « Processus ».



Seulement, à aucun moment dans ce dictionnaire, le terme même « Shoah » n’est discuté de façon critique. L’entrée « Shoah » décrit bien les sens du mot et les différents contextes dans lesquels le terme a été utilisé, avant de s’imposer en France, essentiellement suite au film éponyme de Claude Lanzmann. Henri Meschonnic, par exemple, a pourtant très clairement exposé (Le Monde, 20 février 2005) les raisons qui invitent à remettre en cause l’emploi dominant de ce terme hébreu signifiant « catastrophe soudaine », le plus souvent naturelle : c’est un terme d’une langue liturgique, inconnue de la plupart des victimes.



La connotation religieuse du terme suppose en outre, implicitement, la réduction du judaïsme à une religion. La « Shoah » – sacralisée en français par la majuscule –, repose sur une ontologisation de l’extermination des Juifs, insistant sur l’unicité de ce génocide, essentialisant par là-même le « peuple élu ».



Fort heureusement, il faut le reconnaître, ce dictionnaire comporte tout de même des entrées pour les « Arméniens » et « Tsiganes », même si on eût préféré pour ces derniers la dénomination « Roms et Sintis » et que l’article aurait pu mentionner qu’en France, par exemple, les Roms ont été internés jusqu’en mai 1946. D’autres catégories de victimes sont également mentionnées, comme les « homosexuels » ou les « témoins de Jéhovah », mais pas les communistes, qui n’ont d’ailleurs pas non plus l’honneur de figurer dans l’index (« Parti communiste » non plus, c'eût pourtant été l’occasion de discuter l’expression « parti des fusillés »).



Concernant la « Shoah », on pouvait espérer que ce dictionnaire aborde ces questions politico-linguistiques, et l’on ne pouvait dès lors que se réjouir d’une entrée sur les « Langues parlées par les victimes ».



Las ! Malheureusement, si l’article apporte des informations intéressantes sur l’usage de la diglossie selon les lieux et les époques (cafés aryens, ghettos, camps…), ce n’est qu’incidemment que le yiddish est mentionné, par exemple dans l’extrait d’un témoignage d’Emanuel Ringelblum, chroniqueur du ghetto de Varsovie.



source : nonfiction.com


Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Le siècle des camps

Le 20ème siècle a vraiment été « Le siècle des camps » : complexes concentrationnaires, camps de concentration, de détention, d’internement, de transit, de rééducation, de travaux forcés jusqu’aux … centres d’extermination Nazis. Le camp a existé sous divers contextes politiques : les deux Guerres Mondiales, des Guerres Civiles, les Colonisations, des Dictatures, des régimes Totalitaires…



A travers cet ouvrage INCONTOURNABLE sur les camps, on constate tragiquement, que :

Qui dit conflits armés, dit camps. En effet, lors d’un conflit armé, sont enfermés et/ou exterminés, des ennemis extérieurs (militaires et/ou civils), voire même, UNIQUEMENT, des « ennemis » CIVILS de l’intérieur (Totalitarisme Communiste).



Les premiers camps PROVISOIRES de prisonniers datent au moins du 19ème siècle, comme par exemple, ceux de la guerre civile Américaine, dite de Sécession entre 1861 et 1865. Puis ce fut Cuba en 1895, lors de la guerre coloniale des Espagnols qui déportèrent et « reconcentrèrent » une partie du peuple Cubain dans des camps.



Le 20ème siècle, lui, connaît un développement exponentiel des CAMPS, en voici une liste non-exhaustive, permettant de rendre hommage à la MEMOIRE de toutes ces victimes :

– En 1900, les camps Britanniques en Afrique du Sud contre les Boers ;

– En 1904, les camps de travaux forcés et le génocide, par les Allemands, des Héréro (peuplade d’Afrique du Sud) ;

– Chaque pays belligérant lors de la Première Guerre Mondiale était « équipé » de ses propres camps de prisonniers ;

– En 1915, les camps lors du génocide Arménien par les Turcs ;

– En 1936, les camps Portugais sous Salazar à Tarrafal ;

– En 1936, les camps sous Franco en Espagne ;

– A partir de 1940, les camps sous le régime Fasciste de Mussolini ;

– Entre 1938 et 1944, les camps Français sous la Troisième République, puis les camps sous le gouvernement de Vichy. D’abord, donc en 1938 ce sont les camps pour réfugiés étrangers. Puis à partir de 1942, il s’agit désormais des camps pour les Juifs, les sordides camps de Pithiviers, de Beaune-la-Rolande et dramatiquement le camp de Drancy : « dernière étape avant les camps de la mort » Nazis.

– Comme pour la Première Guerre Mondiale, durant la Seconde Guerre Mondiale, chaque pays belligérant possédait ses camps : la France, Les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l’Australie, etc..

– En 1955 : les camps de regroupement et d’internement en Algérie par l’armée Française ;

– En 1973, au Chili, Pinochet et ses centres de détention, d’interrogatoires et de tortures ;

– En 1992, les camps de concentration de l’ex-Yougoslavie ;

– Et malheureusement, on peut continuer longtemps cette sinistre litanie sur les camps de concentration…



Mais c’est avec l' »Archipel du Goulag » Communiste et avec l' »Univers concentrationnaire » Nazi au 20ème siècle, sous ces deux grands régimes Totalitaires que les camps de concentration prennent des DIMENSIONS PHENOMENALES et deviennent : PERMANENTS. Ces camps sont d’une NECESSITE VITALE dans le cadre de la mise en place et du fonctionnement d’un régime TOTALITAIRE, comme le résume très bien Hannah Arendt en une phrase, citée par les auteurs du livre, page 727 :



« Aucun gouvernement totalitaire ne peut exister sans terreur et aucune forme de terreur ne peut être efficace sans camp de concentration ».



Désormais, avec cette simple phrase tout est dit. Dans le « monde » Totalitaire, les camps de concentration n’ont plus uniquement comme fonction de « parquer » les ennemis, mais ils font partis INTEGRANTES du système Totalitaire. Les camps de concentration Totalitaires deviennent GIGANTESQUES : Il sont des MILLIONS de prisonniers et des MILLIONS à y mourir. De plus, dans le principe du régime Totalitaire, les camps ont une vocation de répression totale, car créés pour y enfermer des ennemis afin de les TRANSFORMER, de les REEDUQUER, pour les rendre conformes à l’IDEOLOGIE obligatoire.

Dans ce système, il faut transformer la nature humaine pour former ainsi : le « peuple nouveau ». Ou bien, les EXTERMINER purement et simplement comme cela est le cas, aussi bien chez les Communistes que chez les Nazis.

En effet, des MILLIONS d’innocents sont morts dans les camps de concentration de : faim, de froid, de maladie, d’épuisement, exécutés, etc..



En résumé, dans le régime Totalitaire, le camp de concentration devient le moyen de TERREUR par excellence, une gigantesque entreprise de déshumanisation : la vie humaine NE VAUT PLUS RIEN.



Dans l’immonde régime Nazi, on trouve deux grands types de camps :

D’abord une foultitude de camps de concentration dans lesquels les « ennemis » innocents sont déshumanisés. Notamment, le camp de Dachau ouvert en mars 1933 par Himmler et Goering, à peine deux mois après l’accession de Hitler à la chancellerie.

Ensuite, à partir de 1941, sont créés les CENTRES D’EXTERMINATION ou centres de mise à mort immédiate utilisés pour l’extermination des Juifs d’Europe (la Shoah). Dans ces centres d’extermination (équipés de chambres à gaz et de fours crématoires) les déportés, dès leur arrivée, y sont immédiatement exterminés. Il s’agit des quatre centres d’extermination de : BELZEC, CHELMNO, SOBIBOR, TREBLINKA…, plus, les deux camps mixtes de concentration et d’extermination de : AUSCHWITZ-BIRKENAU et MAJDANEK.



En ce qui concerne les camps de concentration Communistes, ils servent, eux, à y enfermer les « ennemis de classe » INTERIEURS et CIVILS en masse, qui ne sont coupables DE RIEN, mais considérés par le Parti Unique Totalitaire Bolchevique (Communiste) comme potentiellement : NUISIBLES.

Les auteurs décrivent fort bien cet objectif IDEOLOGIQUE à travers l’utilisation des camps de concentration, pages 13 et 14 :



« Domaine de l’arbitraire, le camp vise les masses, l’individu collectif. Sa fonction est de concentrer (d’où son nom), dans des quantités importantes, non pas tant des individus que des membres de catégories « nationales », « raciales » ou « sociales » perçues comme suspectes ou nuisibles, par définition. En août 1918, Lénine réclame la mise en quarantaine des « douteux dans un camp de concentration hors de la ville » : les « douteux », pas les coupables, comme a raison de le souligner Soljenitsyne. Le 5 septembre 1918, la mesure est officiellement adoptée par un décret des commissaires du peuple (sovnarkom) visant à « garantir la République soviétique contre ses ennemis de classe, en isolant ces derniers dans des camps de concentration ».



Egalement, page 31 :



« De camp de détention pour ennemis de l’extérieur (civils ou militaires) à camp d’enfermement pour ennemis intérieurs, le pas sera très rapidement franchi par les bolcheviks. C’est Trotski, en effet, qui, le 8 août 1918 ordonne la création, à Mourom, et à Arzamas, de deux camps pour « les agitateurs louches, les officiers contre-révolutionnaires, les saboteurs, les parasites, les spéculateurs qui y seront internés jusqu’à la fin de la guerre civile ». Non sans raison, Soljenitsyne souligne que, pour la première fois, « le mot (camp) est appliqué aux citoyens du pays lui-même ». Le transfert de sens est compréhensible : l’ennemi est désormais intérieur. C’est le contre-révolutionnaire, suspect par essence, qu’il convient d’interner préventivement.

Le système concentrationnaire soviétique vient à point nommé : les prisons et autres bastilles tsaristes n’auraient pas suffi à contenir la grande masse de suspects qui jaillissent de partout. Sa fonction, une fois de plus, n’est pas de châtier pour des délits jugés, mais de mettre hors d’état de nuire, à titre préventif, des individus « subjectivement coupables ».



Les auteurs présentent de manière détaillée, les camps de concentration de l’ensemble des pays qui ont subi la répression Totalitaire Communiste, tels que, en : U.R.S.S. (Goulag), Pologne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Chine (Laogai), Vietnam, Cambodge, Laos, Cuba, Corée du Nord, etc..



Mais si le bagne existait, effectivement, déjà sous le régime Tsariste en Russie, comme le décrivent : Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov dans leurs ouvrages, les conditions : d’arrestations, de jugement, de vie et surtout le NOMBRE de prisonniers, étaient sans commune mesure avec les innommables camps de concentration du régime Totalitaire Communiste.



De nos jours, il existe parfois des débats, voire des polémiques afin de savoir lequel des deux Totalitarismes : Communiste ou Nazi, a été le plus monstrueux.

Pour ma part, ce débat n’a pas de sens et peut-être indécent pour la Mémoire de ces MILLIONS de victimes. En cela, je trouve que Jacques Rossi Le manuel du Goulag qui a passé 19 ANNEES de sa vie au Goulag Soviétique, résume très bien ce point de vue :



« A ce propos, je considère comme inutile de chercher à savoir lequel des totalitarismes, dans notre siècle, fut le plus barbare, dès lors que tous deux ont imposé la pensée unique et laissé des montagnes de cadavres ».



Pour conclure, de manière générale, RIEN, absolument rien, ne peut justifier toutes ces horreurs.

Un crime est un crime, et une victime est une victime !

Pourtant, AUJOURD’HUI dans de nombreux pays du monde : on enferme et on exécute toujours arbitrairement et sommairement.

Et demain… Demain, l’Homme recommencera, il trouvera perpétuellement de « bonnes raisons » pour : opprimer, réprimer, enfermer, et… exterminer son prochain.



Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème, de :

– Nicolas Werth Le Goulag (CD audio) ;

– Mémento Goulag : Mémoire et jugement du communisme ;

– Anne Applebaum Goulag : Une histoire ;

– Raymond Duguet Un bagne en Russie : Solovki ;

– Francine-Dominique Liechtenhan Le laboratoire du Goulag : 1918-1939.
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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L'affaire Lyssenko

Fascinant phénomène que cette intrusion de l’idéologie pure et dure dans les sciences exactes . Lyssenko est promu génie par Staline et son « mitchourinisme » devient parole d’évangile pour les sujets du tyran . Ce qui est encore plus fascinant c’est l’adhésion à ces théories farfelues de scientifiques hors espace dictatorial par esprit de parti . a méditer car les errements de ce type peuvent se reproduire.
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L'affaire Lyssenko

Le personnage de Lyssenko est fascinant, car il nous indique le chemin de la folie, et les ravages de la propagande sur l'intelligence. Or, n'importe quelle folie, lorsqu'elle est stupide, est porteuse d'un potentiel de destruction massif.

Lyssenko: où quand on sépare une science prolétarienne valide d'une science capitaliste erronée. Dénonçant les lois de la génétique comme incorrectes, il parvient presque à lui tout seul à ruiner l'agriculture soviétique.

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