Citations de Joëlle Dreidemy (22)
Pour ceux qui, comme Vladimir, auraient mal lu la liste et bêtement oublié de prendre une seconde paire de chaussures, je vous conseille d’occuper le reste de votre après-midi à vous confectionner vous-même des souliers ! En voilà, une super activité créative et manuelle, non ?
Euh… non. Mais bien sûr, personne ne le dit à haute voix. On passe donc deux heures, voire trois, à chercher de quoi s’envelopper les pieds.
Tout ce qui est papier, ça ne marche pas : c’est trempé et pâteux en deux secondes trente centièmes.
Tout ce qui est tissu, ça ne marche pas : c’est trempé et inconfortable en quatre secondes huit centièmes.
Tout ce qui est végétal, ça ne marche pas : c’est trempé et douloureux tout de suite.
J’opte, à contrecœur, pour les peaux de lapin généreusement offertes par Waltraud… et je dois dire que, une fois surmonté le dégoût pour la chose, c’est chaud et doux sous les orteils.
Il n’empêche que je trouve ma situation bien pitoyable. Traumatisé, frigorifié et condamné à enfiler deux mammifères… c’est ça, la joie dans les bois ?!
Au dîner, en signe de protestation, je refuse de manger mes petits sauveurs.
Le royaume des mers était gouverné par le roi Triton. Il avait sept filles. des sirènes toutes plus belles les unes que les... ah non, six, pardon. Parce que la septième avait une tête de thon. Elle était, comme toutes ses frangines, mi-fille mi-sardine. Seulement, elle, elle avait une tête de morue et des jambes poilues.
Il faut savoir que j'ai passé TOUS les mois d'août de mon existence chez mon oncle et ma tante, dont la principale activité consiste à se promener sur les plages du Débarquement avec un détecteur de métaux à la recherche de restes d'obus (et faut pas rêver : à part une carcasse de bicyclette et une demi-douzaine de canettes de bière rouillées, on n'a jamais rien trouvé).
Hélas, il me faut peu de temps pour réaliser que le père d’Eustache (mon meilleur ami) a raison quand il dit que l’industrie de la télévision est « un immense attrape-couillons, où tout est trafiqué pour faire de l’audience. » Parce que dans L’amour est dans le pré, l’herbe est toujours bien verte, les poules sont fières, les biquettes chaleureuses, et le fermier, bien peigné. Or, ici, l’herbe est de la même couleur que la boue. Et la boue est de la même couleur que la grange. Et la grange est de la même couleur qu’Yvon. Tout est marron.
Mais il a pire : des nuages noirs carrément inquiétants semblent nous foncer dessus.
Ah, il y a même encore pire que ce pire : les nuages sont en fait des milliards de mouches agglutinées. Yvon nous explique qu’elles adorent la bouse de vache et qu’ici, « c’est un peu comme un buffet à volonté pour elles ».
- En plus, y a la Maryse qu’a crevé dans la nuit, alors ça leur fait du rabe de bidoche.
D’abord je ne suis ni beau ni blond (je précise que je suis auburn, ce que cet imbécile de Sébastien définit comme « roux moche » ; cela dit, Sébastien a redoublé deux fois et garde en permanence un doigt dans sa narine. S’il trouvait autant de réponses dans une heure de cours que des crottes de nez, c’est sûr, il serait le premier de la classe).
Et là, Johnny-Kylyan m’explique discrètement qu’en fait, Omar ne parle jamais. Absolument jamais. Même quand il éternue ou rigole, aucun son ne sort de sa bouche. Apparemment, avant d’être chauffeur de car, Omar a eu une carrière d’espion pour les services secrets égyptiens, jusqu’au jour où il a été capturé par les Russes et traîné dans des geôles où il a été longuement torturé. Devant son refus de parler, on lui a coupé la langue. Ensuite, il a fui en s’arrachant le gros orteil dont il a taillé l’os en forme de clé pour crocheter sa serrure. Il a assommé quatre gardes avant de filer en stop jusqu’à la France où il a pris une nouvelle identité.
- Mais chut, hein, c’est un secret.
- Si c’est un secret, comment tu le sais ?
- Bah, il l’a raconté à mon frère.
- Comment puisqu’il a plus de langue ?
- Bah, en faisant des signes, quoi ! T’as jamais vu « La famille Bélier » ?!
- Cette année, on part chez mes grands-parents.
- Chouette !
- Je ne vois pas ce qu'il y a de chouette là-dedans : mes grands-parents, c'est exactement mes parents, mais en plus vieux.
Et vous avez trois voeux pour réaliser tout ce dont vous rêvez. Ou quelque chose d'approchant.
- "Ou quelque chose d'approchant" ?! Ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire que parfois, certains voeux ne sont plus disponibles pour des raisons de problèmes de stock.
Ce qui est bien la preuve, si on en avait encore besoin, que les films d'amour de M6 sont faits pour les mollusques.
A l'heure du dîner, on comprend tous que, si Waltraud n'aime pas cuisiner, la cuisine non plus n'aime pas Waltraud.
Tu crois que c'est en étant digne et noble qu'on réussit dans la vie ?
Bon, comme c'est la crise en France depuis cinquante ans, Maman a un "boulot alimentaire", pour compléter. Ça, ça veut dire "un métier qui sert plus à remplir le frigidaire qu'à s'épanouir en tant qu'individu". Bref : un truc qu'on fait par obligation. En l’occurrence, ma mère travaille à la cantine de mon école, où elle améliore le quotidien de tous en mettant du persil partout, comme sur les photos de pâté quatre étoiles pour chats précieux. (p. 12)
Il en faisait des tonnes, exprès pour l’embêter. Ça marchait trop bien. Elle a pincé la bouche et le nez et sûrement des fesses, comme si elle nageait sans tuba dans un océan de caca. C’était génial.
Ma mère [...] elle fait des poteries. [...] Rien de trop utilitaire vu que souvent, ses œuvres ne sont pas étanches. Mais c'est carrément beau - d'ailleurs, elle arrive à en vendre gratuitement à des associations comme Emmaüs !
Le seul à m’avoir pardonné, c’est mon chien. Il me comprend, lui. Pas comme les autres.
Les bizarreries, c'est souvent de famille.
- J'ai le droit de m'exprimer !
- Tout à fait. Et tu viens de le faire. Cependant, parce que je suis l'adulte, j'ai quant à moi le droit, et surtout le pouvoir, de ne pas tenir compte de ton avis.
- Mais en fait, tu es un génie très nul, non ?
Et ce n'est que lé début, pauvre petite chose ! Car à présent, je vais libérer toutes les huîtres du monde et commencer le Grand Remplacement ! On sera làààààà ! On sera dans les campagnes, dans les villes ! On sera sur les réseaux sociaux ! Et on anéantira la race humaine !
Sur toutes les photos de famille qui décoraient le salon de Mère-Grand, ma tête avait été remplacée par l'image découpée d'une pomme de terre. Sur laquelle quelqu'un avait dessiné au feutre des yeux et un sourire. (p. 88)