Les visiteurs sont pour la plupart des personnes âgées, amies et voisines de mes parents, qui viennent pour voir et être vues, pour rendre hommage et méditer sur leur mort à venir, sur l'état de leur cœur, le cancer et toutes les maladies qui grouillent sous la surface de notre peau, dans notre foie, nos poumons, nos globules. L'un des leurs a disparu, et tandis qu'elles consolent ma mère, on sent bien sur leurs visages blafards et anxieux l'excitation morbide qu'elles éprouvent à l'idée qu'elles sont encore là, elles. Elles ont élevé leurs enfants, remboursé leurs prêts, et elles vont passer ces années dorées à s'enterrer les unes les autres, en comptant et recomptant tristement leurs effectifs de plus en plus restreints, tout en dégustant café et petits gâteaux dans des maisons semblables à celle-ci.