Comme le site, contrairement à la plupart des parcs archéologiques dans le monde, n'était ni clôturé ni surveillé, on pouvait s'y promener jour et nuit, venir le contempler sous la lune comme sous le soleil, errer au hasard dans le damier des rues, se faufiler dans le grand temple de Bêl et y adorer le maître du ciel, ou se glisser dans ce petit joyau d'architecture qu'était le temple de Baalshamîn, seigneur des nuages et des pluies, peut-être vénéré encore par les bergers qu'on voyait pousser leurs chèvres dans les ruines.
Palmyre
Dominique Fernandez, p. 86 - 87
En juin 2014, l'organisation État islamique (EI) s'empare de Mossoul et détruit vingt-cinq sépultures, trente-sept églises et monastères et plus de soixante-dix mosquées dans cette zone. En 2017 l'EI dynamite la magnifique mosquée Al-Nouri, érigée par Nûr al-Dîn en 1170. Paradoxalement, l'EI à ravagé l'essentiel du patrimoine islamique de la ville et, par là même, l'un des ensembles islamiques les plus importants du monde. Les vestiges pré-islamiques, auxquels l'EI s'est également attaqué, demeurent cependant bien présents. En 2014, en détruisant le tombeau de Nabi Younes, les djihadistes commettent un acte odieux contre un site multiculturel vénéré par tous. Ils veulent ainsi anéantir une identité partagée et une existence commune. Mais l'intolérance ne triomphe pas. Des ruines du tombeau émergent, tel le phénix renaissant de ses cendres, des sculptures assyriennes : déesses en rang sculptées dans le calcaire, portant des plantes sacrées et répandant alentour l'eau bénie jaillie du sol, et, à leurs côtés, des statues de lamassus, les taureaux ailés protecteurs de l'Assyrie. Ailleurs, l'EI a détruit des statues de lamassus, des antiquités assyriennes et plus largement mésopotamiennes, à filmé ses actions pleines de haine et diffusé les vidéos sur Internet. Mais ici, les lamassus sont réapparus dans toute leur force comme pour affirmer que l'on ne peut ni les vaincre ni les effacer de l'histoire. Nous nous relèverons. (p. 27)
Mossoul et Ninive, Zainab Bahrani.