On pourrait croire que le nom de Petit-Russien signifie simplement habitant de la Petite-Russie. Certes, les populations rurales sont petites-russiennes ; mais, dans les villes, on ne rencontre pas seulement des Petits-Russiens. Loin de là.
D'autre part, si vous prenez l'expression de Petit-Russien dans le sens ethnique, elle ne s'applique plus exclusivement aux habitants de la Petite-Russie, mais à une branche importante de la race slave dont l'extension géographique est considérable. En effet, n'existe-t-il pas des villages peuplés de Petits-Russiens qui forment comme des îlots au milieu d'éléments grands-russiens? La Volhynie et la Podolie ne sont-elles pas, en majeure partie, habitées par des Petits-Russiens? La colonisation et le peuplement de la Nouvelle-Russie ne sont-ils pas dus à un afflux de Petits-Russiens? Les cosaks du Kouban, eux-mêmes, ne sont-ils pas, pour le plus grand nombre, les descendants des Petits-Russiens que Catherine la Grande transporta de la Petite-Russie au nord du Caucase? Mais ce n'est pas tout : l'habitat des Slaves tirant leur origine de l'Ukraine est plus étendu encore, car ils débordent hors des frontières de l'Empire et se répandent dans la vieille Galicie, jusqu'aux Karpathes.
Le berceau de ces Slaves comprend les territoires des anciens Sévérianes et Polianes. C'est en pratiquant la colonisation qu'ils augmentèrent leurs possessions et développèrent leur prospérité et leur influence.
Les tendances de la peinture religieuse en Russie dans la première moitié de ce siècle, se trouvent exprimées et résumées dans leur plus haute, dans leur plus éloquente acception, par l’œuvre admirable du maître lvanoff. Cette œuvre apparaît, tout entière, condensée sur la toile gigantesque figurant L' Apparition du Christ. Ivanoff a consacré sa vie à la peinture de ce tableau. Ses différentes parties ont été scrupuleusement étudiées, de telle sorte que les divers projets pour chacun des personnages ont été poussés si loin, qu'ils ne sont pas des maquettes, mais bien de véritables tableaux. C’est admirable de voir un génie comme Ivanoff concentrer tous ses efforts, consacrer sa vie à la méditation, à la conception, à l’exécution d’un seul monument. Nous ne connaissons pas en Occident de ces tempéraments d'artistes qui. ayant formé un projet grandiose, passent leur vie dans l’enfantement d une seule production sur laquelle leur réputation doit être solidement établie, et qui, dans le recueillement, le travail et l’oubli, élèvent pierre par pierre l’édifice qui fera leur gloire.
L'existence des sculptures dans les grottes fut la cause de nombreuses discussions; les polémiques qui ont eu lieu contribuèrent à les entourer d'une plus vive lumière. Nous avons cru avantageux de ne faire aucune mention de ces discussions épuisées. Des savants d'une grande notoriété ont promptement fait justice des négations sans autorité qui s'étaient produites sous la plume d'archéologues qui n'avaient jamais pu faire la moindre étude de ces sculptures. M. le Dr Broca a tiré plusieurs déductions savantes de ces sculptures qui sont encore uniques, comme il le disait naguère. Les premières appréciations qui ont été formulées par le Dr Broca autorisaient l'espérance de le voir compléter son jugement. Sa mort sera pour la science une perte dont nous ressentons douloureusement le premier contre-coup.
Quoi qu'il en soit, les indices de l'existence de l'homme dans les terrains tertiaires ont attiré l'attention d'un grand nombre d'archéologues. La lutte est engagée et se continue, les uns militent pour démontrer les faits ; les autres combattent pour les atténuer et leur refuser toute valeur scientifique.
La solution de ce grand problème encore à l'étude pourra se faire attendre longtemps. Les annales de la science ont enregistré les phases progressives de la découverte de M. Boucher de Perthes; on sait tout ce que cet observateur convaincu dut soutenir de contradictions. Les silex tertiaires sont étudiés avec un soin persévérant. La dignité de la science est engagée, des faits d'une aussi haute portée s'imposent et ne souffrent pas l'oubli.