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Citation de nadejda


Je lis Bossuet : « On me loue, on me blâme, on me tient pour indifférent, on me méprise, on ne me connaît pas, on m'oublie ; tout cela ne me touche pas, je n'en suis pas moins ce que je suis. » Je tiens pour peu la louange populaire, et méprise les succès de vente. Mais je crois dur comme fer à la vertu de l'œuvre. Lorsque les dix à quinze hommes de poids qui comptent dans une génération sont d'accord pour vous sacrer écrivain, la cause est entendue, l'affaire est jugée, pour toujours.
J'ai fui. Ce que j'ai fui c'est ce côté officiel de la littérature, ce côté foire, bazar, bagarre, c'est le métier d'homme de lettres, ses pompes et ses œuvres, ses servitudes sociales, ses obligations mondaines et journalistiques, son Académie (n'en parlez jamais, pensez-y toujours). J'ai refusé de monter sur les planches, de me donner en spectacle, d'être un « personnage », de devenir « écrivain public ». Je suis invisible. Entre nous, j'ai ma théorie sur Rimbaud, une théorie toute paysanne : il est parti après le travail tout simplement — après fortune faite (fortune de poésie). « Ma journée est faite ! » Après La Saison en enfer, la saison au Harrar, rien de plus. Quant à moi, Rimbaud ne m'émeut jamais plus, et jusqu'aux larmes, que lorsque à Marseille il fait orgueilleusement, dérisoirement sonner dans sa ceinture les trente-sept mille francs-or qu'il a gagnés « là-bas ».
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