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EAN : 9782246001805
250 pages
Grasset (01/05/1978)
4/5   19 notes
Résumé :
Voici le post-scriptum à l'oeuvre de Delteil, les Mémoires improvisés d'un coeur pur comme on n'en fait plus. Ce qu'il nous raconte, c'est sa vie, le temps où Paris fêtait {Sur le fleuve Amour}, s'abandonnait au surréalisme et à la frénésie du jazz. Et quand la fête finit, la vie continue... Delteil nous fait mille confidences, mille amitiés, toujours enthousiaste, ironique, attendri.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'avais entre 20 et 25 ans quand j'ai découvert Delteil grâce au recueil Les livres de ma vie de Henry Miller dont je dévorais les livres à cette époque. J'y reviens après la lecture des Affinités extrêmes de Kenneth White et je retrouve intacte ce bonheur, cette bouffée d'air frais, l'éternelle jeunesse de cet homme qui, comme il le dit lui-même caracole, ferraille "toutes syllabes au vent" avec "une imagination qui pisse au naturel". Lisez, relisez Delteil en particulier cette "Deltheillerie" et, en vous laissant emporter assaillir, par "un jaillissement de phrases, d'images, d'idées, une armée de mots en marche", vous vous sentirez redevenir pleinement vivant, dans un dérèglement de tous les sens. Vous en sortirez lavés, nus, les yeux écarquillés comme au premier matin du monde.
"J'avais mis en épigraphe à mes "Cinq sens" : Je suis sens, et rien de ce qui est sensation ne m'est étranger." N'ayant jamais lu Freud ni ses fameux refoulements et méprisant la morale puérile et honnête, je peignais toute la gamme, tout l'orchestre, nommant naïvement un lis un lis et un cul un cul."
Et, nous dit Henry Miller, après sa lecture : "Je ne pouvais pas m'arrêter de rire, je me suis couché en riant"
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Né en 1894, fils de paysans audois, Joseph Delteil est monté à Paris en 1920. Il s'y lie d'amitié avec Louis Aragon, les surréalistes, Robert et Sonia Delaunay… Devenu célèbre à même pas 30 ans grâce à ses ouvrages Choléra (1923) et Jeanne d'Arc (1925), il fuit Paris pour aller vivre dans le sud avec son épouse Caroline.

La Deltheillerie, c'est donc la maison située à quelques kilomètres de Montpellier où il s'est installé en 1937, mais aussi « toutes les Deltheillades, la Detheillasserie, l'ensemble des faits et gestes, façons et sans façons de vivre, us et coutumes, la conception du monde, les opinions, sentiments, goûts et dégoûts, moeurs et humeurs, manies, fatrasies et foutrasies, colères, passions, tics, tout le bric-à-brac Delteil, les parages, les palabres Delteil, la famille, la smalah, la dynastie Delteil, les accoutrements, les histoires, les légendes, les affaires Delteil, les choses Delteil » (p. 18). Bref, un récit autobiographique, sorte de mémoires de l'auteur construits comme un joyeux foutoir. le tout écrit avec un style truculent, anticonformiste, volontairement provocateur par moments, mais plein d'une ironie subtile.

Joseph Delteil modèle ainsi l'ouvrage à son image. Il ne cherche pas à être aimable. Il n'hésite pas à émailler son texte de mots rares (savez-vous ce qu'est la baresthésie ?) et d'expressions occitanes. Il nous offre ainsi un texte plein de verve, d'une actualité surprenante. C'est très agréable à lire si on accepte de se laisser emporter par la voix et le franc-parler indéniable de l'auteur. Mais cela ne plaira pas à tout le monde.

Lire La Deltheillerie, c'est donc une expérience surprenante, qui ne laisse pas indifférent. Pour moi, ce fut une très belle surprise. Et un excellent moyen de découvrir un écrivain à part, aujourd'hui trop oublié.
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Avec Deltheil « un sujet, un verbe un attribut »  et c'est parti pour le meilleur et pour malheureusement le pire
« Faraud de sa syntaxe » il aligne les syntagmes comme on enfile des perles et pourtant ces dernières ne sont que strass et pas toujours de la plus belle eau. Toujours faut-il que rien de classique il doit faire car Deltheil vit à une époque révolutionnaire de la littérature et donc de la nouveauté, de la nouveauté pourvu que cela ne ressemble en rien avec les anciens. Conchier l'ancien et devenir le Rastignac de la littérature avec que du neuf : c'est possible car avec Deltheil rien n'est impossible. Il ose tout ! Dirait Audiard… sans commentaires je n'en dirait pas plus
Donc alignement de mots qui n'ont rien ou peu en commun et qui ensemble ne veulent rien dire auxquels on rajoute la même chose laissant pantois le lecteur sur le sens de la syntaxe et le sens de la phrase, heureusement les phrases sont courtes « des phrases courtes Ma chérie » mon Deltheil. de cela se dégage pensent certains des effluves de poésies « Dieu est! » Certes l'écriture automatique a du bon car on n'est pas obligé de penser d'ailleurs Deltheil lui-même le reconnaît il n'a jamais eu le syndrome de la page blanche on s'en serait douté
Voilà pour le style d'écriture on aime ou pas Pour être tout a fait juste il y a parfois quelques réussites : normal me direz vous avec certaines probabilités, assez peu mais elles sont de bonnes factures et on apprécie. Chez l'homme contrairement au cochon tout n'est pas bon mais quand c'est bon, c'est bon. D'ailleurs Deltheil en parlera du cochon.

Pour l'ouvrage lui-même je vois deux partie distinctes .
l'une, horripilante voire parfois odieuse, d'un orgueil assez déplacé où Deltheil parle de lui-même « Deltheil par-ci Deltheil par là » où il rappelle avec effusion l'adoubement de tous les grands à son sujet : ah il en a épaté des gandins, titis parigots et l'intelligentsia avant-gardiste parigote lui le rustaud de Limoux : le mollet a gonflé !. Complexe d'infériorité, il a du en bouffer des remontrances et gausseries de ses brillantissimes amis, complexe assorti de quand même de pas mal de narcissisme et donc il nous remet le couvert sur ses grandiloquentes découvertes littéraires. Il est vrai que quand on vient de nulle par et qu'on fait quelque chose qui se démarque on peut en tirer gloriole mais il faudrait rester modeste chose que Deltheil ne fait pas
L'autre, très différente, où il parle des autres : de sa famille et ses proches, de ses quelques mentors qui lui ont laissé des traces indélébiles et des bonnes, de sa femme adorée, véritable adulation à la femme féministe avec un grand F . Cette partie là est très bonne il arrive quand même a s'exprimer en français compréhensible avec beaucoup de talent et de chaleur oh il se permet toujours quelques aphorismes ténébreux, quelques associations audacieuses, quelques éclats haut en couleurs, surréalistes mais bon...Dada c'est dada !
Derrière tout cet étalage de modernisme littéraire en ce début de XX siècle dont on se demande bien ce qu'il en reste on sent chez Deltheil une très grande humanité et un goût très sain pour les choses simples et sincères Si autrefois il y a longtemps j'avais apprécié ces écrits aujourd'hui ils me lassent et me fatiguent car mes petites neurones comme dirait Poirot, ont perdu en élasticité et c'est pour moi, devenue, une littérature farfelue mais c'est l'homme chaleureux, doux, rêveur et aimant qui cherche sa troisième voie que je retiens.

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Joseph Delteil est un écrivain aujourd'hui un peu oublié, à tort ! de langue maternelle occitane, originaire du Sud de la France, fils de parents illettrés nés entre l'Ariège et les Corbières, il a vécu l'aventure surréaliste dans le Paris des années 1920 jusqu'à ce qu'une maladie aigüe et la lassitude de la frénésie de la capitale le renvoient vers ses terres natales au début des années 1930. Il est loué par la critique pour ses premiers romans, Sur le fleuve Amour et surtout Jeanne d'Arc, récompensé par le Prix Fémina en 1925, alors que son auteur a à peine trente ans. Son installation puis sa vie quotidienne dans une grande maison rustique de l'Hérault dans laquelle il passera le restant de ses jours, jusqu'à sa mort en 1978, sont le prétexte de cet entrainant livre de mémoires crépusculaire et joyeux, La Deltheillerie. Alors qu'il vieillit, de façon décousue et spontanée, Joseph Delteil revient sur sa vie, ses racines, sa manière de voir le monde, d'appréhender l'existence au jour le jour. Son vif sens de l'amitié (il a été très proche d'Henry Miller), son idéal paléolithique, sa cuisine archaïque, son amour plein d'espièglerie pour sa femme Caroline (créatrice de la Revue Nègre), l'érotisme diffus et païen des relations entre les sexes, les partages entre les animaux et les humains, la simplicité naturelle sont autant de sujets qui résonnent avec certaines aspirations très contemporaines et que l'auteur évoque avec malice, dans une langue inventive, pantagruélique, marquée par les usages du patois. Un beau moment de lecture qui permettra de découvrir cet auteur original, proche et lointain, poète, et de réfléchir à un mode de vie qui rappelle celui de la sobriété heureuse développé par Pierre Rabhi.
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Joseph Delteil est, sans conteste, un écrivain de talent, adulé par les uns, décrié par les autres. Certains apprécient son franc parler, d'autres sont rebutés par sa gouaille. J'avoue être resté un peu en dehors du débat. J'ai trouvé que cet ouvrage "datait" un peu et le côté "entre-soi littéraire" m'a un peu lassé : je connais un tel, j'ai déjeuné avec une telle ; j'adore ses oeuvres de jeunesse ; Breton ceci, Breton cela... Disons que j'ai apprécié quelques belles trouvailles langagières ou idéologiques. Je ne me forge pas d'opinion simplement à partir de cet ouvrage de fin de carrière. J'attends autre chose et je lirai sans doute un de ces quatre un ouvrage de jeunesse comme "sur le fleuve Amour" dont il est tant question dans cette sorte d'autobiographie... D'ici là, réserve et modération sont de rigueur !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Oui je les ai vus ce soir-là, André Breton et Francis Picabia, face à face comme deux dix-cors en temps de rut, quel spectacle ! L'un et l'autre sachant qu'il s'agit du grand duel, le duel à mort devant les disciples et la postérité. L'un vêtu de chatoyants velours et de gais foulards de couleur, l'autre de sombre drap et de sévères reliefs ; l'un tout feu tout flamme, brillant, pétillant, tout illuminé de jeux de mains et de moulinets de canne (une petite canne d'écaille peinte au bleu de Prusse), l'autre immobile, massif, monolithique, debout avec cet air de coin, un peu chattemite, le torse posé de biais sur l'échiquier, le mégot aux lèvres ; l'un plein de malice, de panache et de furia francese, avec ses parades, ses manœuvres, ses crocs-en-jambe, l'autre en garde, sûr de sa force, avare de ses griffes mais tout en lui œil, pensée, posture ne sont que crocs et griffes ; l'un s'énervant à la fin, toujours causant, causant, toujours bondissant, bondissant, lâchant ses traits par giclées, ses coups de langue, ses coups de corne en pagaille, un peu à la diable après tout, avec soudain un long rire de gorge comme une étoile filante, se sentant vaguement pris au piège mais lequel ? le Breton de plus en plus immobile, le masque de plus en plus impassible, la cigarette à bout de doigts à la couture du pantalon, avec à peine de temps en temps une volute de fumée à l'œil comme à Delphes, toujours le pouce prêt comme aux gladiateurs l'empereur romain, laissant par intervalles tomber un simple mot mais mordant à souhait, venimeux à point, toujours mortel, laissant patiemment son adversaire s'essouffler, s'épuiser, se tarir... wait and see.
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Je lis Bossuet : « On me loue, on me blâme, on me tient pour indifférent, on me méprise, on ne me connaît pas, on m'oublie ; tout cela ne me touche pas, je n'en suis pas moins ce que je suis. » Je tiens pour peu la louange populaire, et méprise les succès de vente. Mais je crois dur comme fer à la vertu de l'œuvre. Lorsque les dix à quinze hommes de poids qui comptent dans une génération sont d'accord pour vous sacrer écrivain, la cause est entendue, l'affaire est jugée, pour toujours.
J'ai fui. Ce que j'ai fui c'est ce côté officiel de la littérature, ce côté foire, bazar, bagarre, c'est le métier d'homme de lettres, ses pompes et ses œuvres, ses servitudes sociales, ses obligations mondaines et journalistiques, son Académie (n'en parlez jamais, pensez-y toujours). J'ai refusé de monter sur les planches, de me donner en spectacle, d'être un « personnage », de devenir « écrivain public ». Je suis invisible. Entre nous, j'ai ma théorie sur Rimbaud, une théorie toute paysanne : il est parti après le travail tout simplement — après fortune faite (fortune de poésie). « Ma journée est faite ! » Après La Saison en enfer, la saison au Harrar, rien de plus. Quant à moi, Rimbaud ne m'émeut jamais plus, et jusqu'aux larmes, que lorsque à Marseille il fait orgueilleusement, dérisoirement sonner dans sa ceinture les trente-sept mille francs-or qu'il a gagnés « là-bas ».
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J’ai fui. Ce que j’ai fui c’est ce côté officiel de la littérature, ce côté foire, bazar, bagarre, c’est le métier d’homme de lettres, ses pompes et ses œuvres, ses servitudes sociales, ses obligations mondaines et journalistiques, son Académie (n’en parlez jamais, pensez-y toujours). J’ai refusé de monter sur les planches, de me donner en spectacle, d’être un “personnageˮ, de devenir “écrivain publicˮ. Je suis invisible. (p. 12-13)
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J’étais un terrible lecteur, j’étais fou de livres, ces livres neufs, frais, alors d’un jaune d’apparat, ces livres cocagnes, fruités, qui me rappelaient le cèpe et la truffe de mon pays. J’étais amoureux de ces Morand, Montherlant, Mac Orlan. J’avais inscrit dans mon calendrier le « jour Claudel », le « jour Valéry » : la date où pour la première fois j’avais lu Valéry et Claudel. L’amour des livres et la faim des femmes : voilà mes deux appétits. (p. 93)
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Mémoires ? C’est un bien gros mot, bon pour les pontifes et les généraux. Plutôt les Mémoires de ma famille, de ma lignée, de mes ancêtres paléolithiques - qui suis-je qu’eux ! Ceci n’est pas un livre, plutôt un P.-S. à mes livres, la signature, le « portrait du donateur » comme aux tableaux du XVe siècle. Mon livre essentiel toutefois, peut-être… (p. 55)
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Vidéo de Joseph Delteil
Extrait du livre audio "Sur le fleuve amour" de Joseph Delteil lu par Richard Bohringer. Parution CD et numérique le 19 janvier 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/sur-le-fleuve-amour-9791035404048/
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