Né en 1894, fils de paysans audois,
Joseph Delteil est monté à Paris en 1920. Il s'y lie d'amitié avec
Louis Aragon, les surréalistes, Robert et
Sonia Delaunay… Devenu célèbre à même pas 30 ans grâce à ses ouvrages
Choléra (1923) et
Jeanne d'Arc (1925), il fuit Paris pour aller vivre dans le sud avec son épouse Caroline.
La Deltheillerie, c'est donc la maison située à quelques kilomètres de Montpellier où il s'est installé en 1937, mais aussi « toutes les Deltheillades, la Detheillasserie, l'ensemble des faits et gestes, façons et sans façons de vivre, us et coutumes, la conception du monde, les opinions, sentiments, goûts et dégoûts, moeurs et humeurs, manies, fatrasies et foutrasies, colères, passions, tics, tout le bric-à-brac Delteil, les parages, les palabres Delteil, la famille, la smalah, la dynastie Delteil, les accoutrements, les histoires, les légendes, les affaires Delteil, les choses Delteil » (p. 18). Bref, un récit autobiographique, sorte de mémoires de l'auteur construits comme un joyeux foutoir. le tout écrit avec un style truculent, anticonformiste, volontairement provocateur par moments, mais plein d'une ironie subtile.
Joseph Delteil modèle ainsi l'ouvrage à son image. Il ne cherche pas à être aimable. Il n'hésite pas à émailler son texte de mots rares (savez-vous ce qu'est la baresthésie ?) et d'expressions occitanes. Il nous offre ainsi un texte plein de verve, d'une actualité surprenante. C'est très agréable à lire si on accepte de se laisser emporter par la voix et le franc-parler indéniable de l'auteur. Mais cela ne plaira pas à tout le monde.
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La Deltheillerie, c'est donc une expérience surprenante, qui ne laisse pas indifférent. Pour moi, ce fut une très belle surprise. Et un excellent moyen de découvrir un écrivain à part, aujourd'hui trop oublié.