La même lassitude étreint les deux groupes, le même dégout du massacre, le même anéantissement physique et moral. Brusquement, d'un accord tacite qu'ils ont lu dans tous les yeux, avec une inquiétude d'abord qui devient une paix lumineuse, ils s'asseyent et défont leurs sacs ; et ces gens qui se sont tués, qui demain enfonceront, les yeux fous, leur baïonnette rouillées de sang, dans les corps tièdes de vie, mangent, assis côte à côte et partagent en frères leur nourriture.
Les ennemis, lundi 16 novembre p. 39-40