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Citation de jmarcio


(p.101-103)
Le premier président Mongibeaux, sa toque sur la tête, commence la lecture des attendus.

Elle va durer vingt minutes. Vingt minutes interminables. Vingt minutes au cours desquelles la voix impassible, impitoyable cite une à une les fautes, les défaillances, les trahisons retenues par la Haute Cour.

Dès le premier instant, dès que le président Mongibeaux a désigné l'accusé par son seul nom, dès qu'il a dit : "Pétain" tout court, chacun, dans la salle, où le silence est soudé comme un bloc, chacun a compris à quelle sentence vont mener tous ces alinéas, tous ces paragraphes.

...

Il touchait son képi d'or et de gloire d'un mouvement nerveux. Il caressait impatiemment le bras de son fauteil. Il mettait un doigt entre ses lèvres frémissantes. Il portait en pavillon la main à son oreille. Parfois, il se tournait vers ses défenseurs qui, immobiles, rigides, le surplombaient de leurs robes noires et de leurs visages anxieux.

Le maréchal Pétain comprenait-il ? Entendait-il ?
"Peine de mort."
"Indignité nationale."
"Confiscation de tous les biens."

La voix du président Mongibeaux n'a pas changé de timbre.

Puis elle s'est tue.

Celui qui - de par la sentence - n'est plus le maréchal Pétain, regarde le tribunal, regarde ses avocats. Il ne se lève pas.

A-t-il compris ? A-t-il entendu ?

- Gardes, emmenez le condamné, dit le président.

Et l'accusé se lève. Mais il n'a plus ses mouvements assurés, les jambes hésitent. Il fait un pas vers la gauche. Un autre vers la droite. On dirait, pour un instant, qu'il est aveugle.

Et voilà qu'il s'en va, qu'il passe par la porte étroite, qu'il disparaît.

Il était 4h30; le 15 août 1945.
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