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Citation de segrob


La peur et la haine ont mis dans ses yeux profondément enfoncés dans son visage jaune une flamme inquiète. On peut simuler l'imbécillité une fois mais pas deux. Les trains se trouvaient côte à côte. Forell a lu la pancarte et a changé de train. Assis dans le dernier coin du wagon avec son chien serré contre lui, il a attendu qu'une équipe de contrôle monte en cours de route. Feindre une innocente stupidité n'était plus pensable. C'était quitte ou double. Il n'eut pas conscience, durant ces quelques jours de voyage, de l'altération dans laquelle il était tombé. Devant son mutisme buté, les autres voyageurs gardaient une distance prudente. Et il n'y eut pas de contrôle. Si un inspecteur lui avait demandé son propousk, Forell se serait jeté sur lui et lui aurait enfoncé son long couteau dans le cou, jusqu'aux vertèbres cervicales. Il ne sait plus ce qu'il fait ni ce qu'il dit et cela tient à ce que des jours durant il a joué l'imbecillité. Non, cela tient à la carte du secteur dans le poste de garde du MVD de la gare d'Oulan-Oude. Non, c'est la crainte. Ce sont ses nerfs rongés par l'angoisse. C'est sa vigueur déjà réduite en poussière, l'épouvante de voir sa mémoire le quitter, l'hystérie dont il est saisi à l'idée qu'un détail aille le faire trébucher au moment où il est si près de la frontière. C'est l'animalité en lui qui fait que soudain toutes les épreuves subies au nom de la liberté se transforment en une haine incoercible.
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